Nous rejoindre

Economie

Ministre d’Etat, ministre du Budget, Aimé BOJI, retour sur un riche parcours

Reconduit au poste de ministre d’État en charge du Budget, Aimé Boji Sangara – 55 ans – force l’admiration au sein de l’exécutif national mais aussi dans son Sud-Kivu natal. Pour en arriver là, celui qui portait déjà la politique dans son ADN s’est davantage frayé un chemin au point de figurer, à ce jour, parmi les leaders de sa province. Portrait !

Published

on

Fils de Dieudonné Boji, ancien gouverneur de plusieurs provinces de la République démocratique du Congo sous la 2ème République, dont celle du Sud-Kivu, il est par ailleurs petit-fils de Hubert Sangara, chef coutumier, l’un des participants à la Table ronde de Bruxelles et premier Congolais nommé dans un conseil d’administration d’une grande entreprise publique sous l’ère coloniale, à savoir : la compagnie aérienne Sabena. Manifestement, son intérêt pour la politique et le management public en général a un soubassement familial. 

Né le 8 janvier 1968 à Katana/ Kabare, dans la province du Sud-Kivu, Aimé Boji débute ses études primaires successivement à Goma au Nord-Kivu, à Katana, au Sud-Kivu, en passant par l’internat de Kinzambi chez les frères Maristes, dans le Kwilu, avant de les parachever au célèbre Collège jésuite Alfajiri de Bukavu où après son cursus secondaire, il obtient en 1987, son diplôme d’État en section scientifique, option math-physique.

Un parcours académique réussi Poursuivant ses études au niveau supérieur, en 1988, il s’inscrit en Relations Internationales à l’Université de Lubumbashi (UNILU). Deux ans après, il est contraint de les interrompre suite aux émeutes entre forces de l’ordre et étudiants, intervenues sur le campus universitaire, dans les années 90. Soupçonné d’être l’un des instigateurs des manifestations des étudiants, Aimé Boji est forcé à l’exil en Zambie avec certains de ses camarades car, tous recherchés et pour – chassés par les services de sécurité.

De la Zambie, il s’envole, quelques mois plus tard, pour l’Oxford-Brookes University, en Grande Bretagne, où il décroche un diplôme de bachelier en économie, administration des affaires et management en 1994. Son séjour estudiantin britannique s’accompagne d’une série de spécialisations, entre autres, en migrations forcées, à l’International de – velopment center, à Queen Elizabeth House, Université d’Oxford et d’un master en économie de développement au Centre de développement économique de l’Université d’East Anglia en 1996.

Une brillante carrière professionnelle en Grande Bretagne

 Comme l’énonce si justement la citation qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années, Aimé Boji en est un témoignage éloquent. En 1990, alors qu’il est encore étudiant en deuxième graduat à l’Université de Lubumbashi, il est élu échevin au home des étudiants. D’où, son indexation dans les activités qui ont conduits aux émeutes entre étudiants et forces de l’ordre. En 1992, le voilà désigné à la suite d’une élection, président de l’Africa Associaty, une asbl regroupant tous les étudiants d’origine africaine de Zambie. De même, au commencement de sa formation en master à l’Université East Anglia, il est une fois de plus élu président des étudiants africains. En 1996, lorsque Laurent Dé – siré Kabila lance sa rébellion contre le régime Mobutu, il occupe le poste de vice-président de l’AFDL, section Grande Bretagne.

De 1997 à 2000, il est nommé coordonnateur des projets au Africa Center à Londres, ensuite directeur des relations publiques dans une grande organisation internationale, la ‘‘Royal Commonwealth Society’ fonctions qu’il exercera jusqu’en décembre 2005 lorsqu’il démissionne pour rentrer dans son pays natal. En 2002, après la création du PPRD – Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie de l’ex-président Joseph Kabila -, il devient secrétaire général de cette formation politique, section Grande Bretagne. C’est à ce titre qu’il organise un séminaire d’été du PPRD rassemblant différentes délégations provenant de plusieurs pays d’implantation de la diaspora congolaise. Cet événement connait la participation du secrétaire général de l’époque, Vital Kamerhe et des hauts cadres du parti. 

Ce parcours lui a permis de se doter d’un agenda très riche en contacts dans plusieurs pays membres du Commonwealth, anciennes colonies du Royaume Uni, où il participe à plusieurs sommets des chefs d’Etat et réunions des ministres. Patriote, il profite de ses entrées dans les milieux britanniques et du Commonwealth pour appuyer les actions et efforts de l’ambassade de la République démocratique du Congo à Londres, en vue de les sensibiliser sur les conflits et l’insécurité en RDC. Ainsi, en 2002, une année après l’instauration du Gouvernement de Transition, Aimé Boji et l’ambassadeur de la RDC à Londres de l’époque, vont conduire une grande délégation des parlementaires britanniques à Kinshasa pour une évaluation du processus de transition politique dans la perspective des élections prévues alors pour 2004.

Une riche trajectoire politique …

Après son expérience britannique, Aimé Boji retourne en République démocratique du Congo. Son retour s’avère éminemment politique, puisque l’homme prendra part, en 2006, aux côtés de Vital Kamerhe, au congrès du PPRD. Avec Vital Kamerhe, alors secrétaire général de ce parti, il va sillonner l’intégralité du territoire national. Aux élections de 2006, il gagne à la députation nationale au Sud-Kivu dans la circonscription de Walungu sur la liste du PPRD, où il se positionne en tant que meilleur élu avec 25.000 voix.

 Création et filiation à l’UNC

Au cours de son premier mandat à l’Assemblée nationale,  Aimé Boji participe comme membre de la Commission Environnement et Ressources naturelles, sous-commission Mines. En mars 2009, lorsque le président de l’Assemblée nationale de ce temps, Vital Kamerhe démissionne du perchoir, Aimé Boji le suit également. Ils vont ensemble créer en 2010, l’Union pour la nation congolaise (UNC). Au sein de l’UNC, il est nommé secrétaire permanant de la direction politique nationale (DPN), puis secrétaire général adjoint et enfin, secrétaire général a.i à la suite de la nomination du SG de l’époque, Mayo Mambeke comme vice-Premier Ministre dans le premier gouvernement de l’ère Tshisekedi. C’est sous la bannière de cette formation politique dirigée par Vital Kamerhe qu’il sera réélu à Walungu en 2011, avec 38.300 voix. Ce qui le classe parmi les dix députés les mieux élus de la République lors de la législature de 2011-2016. 

Sous cette législature, il intègre la grande Commission Economique et Financière (ECOFIN). Avec l’UNC, son parti, il prend part activement au dialogue politique national de la Cité de l’Union Africaine tenu en 2017. De ce dialogue est né l’accord dont un gouvernement d’Union nationale en est issu. Gouvernement au sein duquel Aimé Boji est nommé ministre du Commerce Extérieur, le 19 décembre 2016, fonction qu’il occupera jusqu’en mai 2017. En novembre 2018, alors SGA, il fait partie de trois cadres de l’UNC qui ont accompagné Vital Kamerhe dans les négociations qui avaient débouchées sur l’accord de Nairobi. De cet accord est né le regroupement politique ‘’Cap pour le Changement ’’ (CACH), dynamique qui a conduit à la victoire du Président Félix Antoine Tshisekedi à l’élection présidentielle de 2018. 

Au lendemain de la prestation de serment du Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, ce polyglotte doté d’une expérience politique, diplomatique, et de surcroit, technocrate avéré, se retrouve dans l’entourage du Chef de l’Etat qu’il accompagne dans plusieurs missions à l’international en qualité de conseiller. Dans l’entre-temps, il est élevé aux fonctions de secrétaire général a.i de l’UNC. A ce titre, il dirige ce parti avec abnégation pendant la période de l’arrestation de son président national, Vital Kamerhe.

A cet effet, on lui reconnait le mérite d’avoir maintenu l’unité et la cohésion au sein du parti, durant cette traversée délicate au cours de laquelle il a pu organiser des grandes manifestations pacifiques sur l’ensemble du territoire national, sans le moindre incident, en vue de la libération de Vital Kamerhe. Longtemps incompris par un groupe de membres de son parti qui lui reproche un fort penchant pour le Président Félix Antoine Tshisekedi, son alignement est malgré tout resté constant vis-à-vis de ce dernier, qui pour lui, est le seul garant des intérêts politiques de l’UNC au sein de l’Union Sacrée de la Nation. Par la suite à l’avènement du premier gouvernement de l’Union Sacrée de la Nation du 12 novembre 2021, dirigé par le Premier Ministre, Sama Lukonde, il est élevé au rang de ministre d’Etat, ministre du Budget.

Adoubé par la jeunesse Sud-Kivutienne !

Mu par le besoin de toujours servir, l’homme a multiplié des actions sociales et impulsé des projets communautaires d’envergure en faveur des populations sud-kivutiennes. A son actif, ponts, puits d’eau potable, centres de santé, éclairage public, microcentrale électrique, écoles… ont été construits. Ses descentes dans son Sud-Kivu natal constituent désormais des événements à cause de l’immensité des foules qui l’accompagnent. Récemment, plusieurs sondages l’ont placé en tête de peloton parmi les leaders politiques du Sud-Kivu et sa popularité surtout parmi la jeunesse avide d’un changement du leadership provincial ne cesse de croitre. 

Communément appelé ABS, Aimé Boji Sangara fait désormais partie des étoiles politiques montantes dans l’Est du pays. Plutôt discret, travailleur assidu et obsédé par l’ambition de crédibiliser le budget de l’Etat, il impulse, depuis sa nomination, une méthodologie de travail et des innovations qui modernisent et renforcent la gestion de cet important instrument des finances publiques en RDC.

Economie

En RDC, l’embellie économique contraste avec une famine aiguë

Published

on

Malgré des chiffres économiques encourageants, la situation de la famine en République démocratique du Congo (RDC) devient de plus en plus préoccupante. Selon les dernières données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 25,6 millions de Congolais, soit environ 22 % de la population, sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë. Une situation aggravée en 2025 par la crise sécuritaire dans l’Est du pays.

Sur le papier, le pays vit une période de prospérité économique sans précédent depuis plusieurs années. Le budget national continue d’augmenter depuis 6 ans, passant de 4 milliards à 18 milliards de dollars. En 2024, les réserves de change internationales de la RDC étaient estimées à 6 milliards de dollars américains, en hausse par rapport aux 1,7 milliard enregistrés en 2021 au début du programme entre le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI). Cependant, cette embellie économique contraste avec la situation de famine que traverse le pays.

Une situation explosive depuis 2024

Selon une analyse du Cadre de classification intégrée sur la sécurité alimentaire (IPC) publiée en octobre 2024 par la FAO, environ un quart de la population continue d’être confrontée à une faim aiguë. Ces chiffres ont augmenté en 2025, selon le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (PAM). L’intensification des conflits armés dans l’Est du pays a provoqué des déplacements massifs de populations, exacerbant ainsi l’insécurité alimentaire à des niveaux critiques depuis le début de l’année 2025, note le PAM. Cette insécurité alimentaire est évaluée aux phases 3 et 4 de l’IPC.

Selon Radio Okapi qui cite un rapport consulté le 24 mai 2025, plus de 90 % des ménages des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont touchés par cette crise alimentaire. Cette situation s’explique notamment par la hausse des prix des denrées locales, conséquence directe de l’insécurité qui entrave les routes commerciales et limite l’accès aux marchés. « Nous nous réveillerons le matin sans savoir quoi manger et quoi faire d’autre. Mon mari ne sait plus aller au travail avec la situation d’occupation de la ville de Goma. Nous peinons pour trouver à manger », témoigne Gloria Mbuyi contactée par Heshima Magazine. Elle explique que sa famille avait été mutée à Goma par l’entreprise de son mari, mais qui n’est plus opérationnelle pour l’instant suite à la paralysie économique observée dans la ville volcanique, après la fermeture des institutions bancaires.

La malnutrition aiguë touche particulièrement les enfants de moins de 5 ans, avec environ 4,5 millions d’enfants affectés, dont 25 % souffrent d’un retard de croissance. Face à cette situation, des initiatives humanitaires sont en cours. Par exemple, la campagne « ASSEZ » lancée par World Vision vise à fournir une aide alimentaire d’urgence, soutenir l’agriculture durable et offrir des soins de santé et un soutien nutritionnel aux populations vulnérables dans plusieurs zones touchées en RDC.

Sur le plan alimentaire, la production dans le grand nord du Nord-Kivu, un important centre agricole, a été gravement perturbée suite à l’insécurité créée ou aggravée par les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23). Cette situation de famine est d’autant plus explosive que certaines ONG qui travaillent dans l’humanitaire ont vu leurs budgets être supprimés suite au démantèlement de l’agence américaine USAID décidé par l’administration Trump. USAID était à la pointe dans le secteur de l’aide humanitaire et du développement en RDC, notamment via des projets multisectoriels et en partenariat avec des ONG locales et internationales. Cette agence était la plus grande donatrice bilatérale dans le secteur de la santé en RDC, fournissant des traitements contre plusieurs maladies et améliorant l’accès à l’eau potable.

Une embellie économique difficile à palper

Si le gouvernement vante les efforts économiques entrepris ces dernières années, cela reste difficile à palper par les Congolais de toutes les zones du pays. À Kinshasa comme dans les provinces, la situation socio-économique est quasi similaire. L’embellie économique du pays – marquée par une croissance économique soutenue ces dernières années tournant autour de 6 à 7 % du PIB – n’est que très partiellement profitable au citoyen lambda. Cette croissance, en grande partie créée grâce à l’exportation de cuivre et de cobalt, influence très peu le quotidien des Congolais, y compris ceux qui sont dans des zones stables. « Il y a plusieurs facteurs qui jouent face à ce tableau, notamment le mauvais choix dans les investissements de ces fonds et l’absence de projets structurants qui peuvent réellement impacter les vies des communautés », estime Jacques Okito, un économiste. Selon lui, face à la crise humanitaire actuelle, les fonds du gouvernement seuls ne sauraient couvrir les besoins immenses de plus en plus croissants créés par cette crise multiforme.

Pour l’instant, une part significative du budget est allouée aux investissements, visant à financer des projets d’infrastructures et de développement à travers le pays. Une bonne part du budget est destinée aux rémunérations des fonctionnaires et des agents de l’État, représentant une part importante des dépenses de fonctionnement. Le fonctionnement des institutions politiques prend également une part importante du budget.

Un besoin humanitaire chiffré à 2,54 milliards de dollars

Après la chute des villes de Goma et Bukavu dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, le gouvernement congolais et la communauté humanitaire ont lancé un Plan de réponse aux besoins humanitaires 2025, afin de mobiliser 2,54 milliards de dollars. « La situation de la sécurité alimentaire reste critique pour des millions de personnes en RDC », note Rein Paulsen, directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO.

Une fois mobilisée, cette enveloppe pourrait fournir une aide vitale à 11 millions de personnes – dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des niveaux les plus élevés au monde – parmi les 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies mais aussi la famine. Mais la situation ne concerne pas que les Kivu, les provinces voisines qui accueillent des déplacés internes ressentent aussi le coup. C’est le cas notamment du Maniema et Tanganyika.

« Tous les signaux d’alerte sont au rouge. Mais même face à ces défis énormes, l’action humanitaire démontre chaque jour son efficacité pour sauver des vies. Notre seule mission est de porter assistance aux populations les plus vulnérables, où qu’elles se trouvent. Nous devons nous adapter pour continuer à fournir cette aide vitale, sans jamais compromettre les principes fondamentaux qui guident l’action humanitaire : neutralité, impartialité, indépendance et humanité », avait déclaré Bruno Lemarquis, coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC.

Malgré ces efforts, la situation reste critique et nécessite une mobilisation internationale accrue pour répondre aux besoins humanitaires urgents et soutenir la résilience des communautés affectées, estime l’ONU. En dépit des sacrifices consentis pour renverser la tendance sur le plan humanitaire, les projections pour 2025 laissent encore entrevoir des perspectives similaires à celles de 2024, à moins qu’une aide efficace ne soit apportée aux victimes.

Heshima

Continue Reading

Economie

« Compact de résilience » en RDC : Une initiative ambitieuse face aux défis socio-économiques

Published

on

Sous la houlette de la Première ministre Judith Suminwa, la République démocratique du Congo (RDC) amorce une nouvelle phase de son développement avec le lancement du Compact de Résilience, un programme multisectoriel d’envergure. Cette initiative, héritière du Programme de développement local des 145 territoires, répond aux urgences économiques, sociales, sécuritaires et de mobilité urbaine dans le pays, tout en affirmant une volonté claire de rapprocher l’action publique des besoins concrets de la population.

Le plan, coordonné par le vice-premier ministre Daniel Mukoko, ambitionne de transformer les équilibres macroéconomiques récents en améliorations tangibles du quotidien. Il embrasse des domaines variés tels que la mobilité urbaine, l’assainissement, la relance agricole et l’ouverture des territoires ruraux. L’idée centrale est d’éviter une dispersion inefficace des ressources en favorisant une logique de convergence entre les initiatives nationales et les partenaires techniques, à l’image de la coopération renouvelée avec les Nations unies. « Nous allons donc produire [cette semaine] ce compact de résilience qui va permettre d’allier la bonne santé économique avec l’amélioration progressive des conditions de vie de nos concitoyens », a déclaré Daniel Mukoko.

Développement rural, agriculture et inclusion territoriale

À Kinshasa, les chantiers visent à désengorger la capitale et à améliorer les conditions sanitaires, tandis qu’en zones rurales, l’enjeu est d’assurer un meilleur accès des producteurs aux marchés. L’accent mis sur l’agriculture stratégique, conforme au Plan national stratégique de développement, reflète une volonté de renforcer l’autosuffisance alimentaire et de réduire la dépendance aux importations, tout en stimulant la résilience économique des territoires marginalisés.

Des modèles internationaux comme sources d’inspiration

Le « Compact de résilience » s’inscrit dans une dynamique globale où plusieurs pays ont déjà testé des approches similaires. Le Maroc a misé sur le développement humain par une gouvernance locale participative ; le Brésil a su intégrer les transferts sociaux à des objectifs éducatifs et sanitaires durables, et l’Éthiopie a combiné filets sociaux et travaux publics dans une logique d’autonomisation. Des projets soutenus par la Banque mondiale en Afrique de l’Est, ou encore au Bangladesh et au Mexique, montrent que ces politiques, lorsqu’elles sont cohérentes et bien ancrées localement, peuvent produire des effets transformateurs.

Une synergie croissante avec les partenaires internationaux

En RDC, cette volonté de résilience s’accompagne d’une mobilisation accrue des bailleurs de fonds. Des initiatives majeures comme le Programme d’accès aux services d’eau et d’assainissement ou le Projet de développement multisectoriel à Kinshasa, financés par la Banque mondiale, viennent compléter le Compact. Cette convergence est perçue comme une occasion stratégique d’accélérer l’impact des investissements, pourvu que la coordination soit effective et la transparence garantie.

Une mise en œuvre sous haute tension sécuritaire et institutionnelle

Malgré son ambition, le programme se heurte à une réalité instable. À l’Est, les violences alimentées par le M23 et d’autres groupes armés compromettent l’accès à de larges portions du territoire. L’économie, bien que croissante, reste vulnérable aux chocs et à une forte dépendance aux matières premières, tandis que l’accès aux services de base demeure très limité pour une majorité de Congolais. La corruption, l’inefficacité administrative et les lenteurs dans la mobilisation budgétaire sont autant de freins à la réalisation des objectifs fixés.

Espoirs et doutes au sein de la population

Dans les quartiers populaires de Kinshasa comme dans les provinces isolées, les Congolais accueillent le programme avec un mélange d’espoir et de prudence. Si certains saluent les premières rénovations d’écoles ou les débuts d’infrastructures rurales, beaucoup expriment leur méfiance face à l’absence de résultats durables par le passé. Le besoin de soutien à l’entrepreneuriat local, notamment via le microcrédit et des politiques agricoles mieux structurées, est régulièrement mis en avant par les populations.

Refonder le contrat social congolais

Au-delà de ses aspects techniques, le Compact de résilience vise à rétablir un lien de confiance entre l’État et les citoyens. Restaurer la dignité, renforcer le sentiment d’appartenance et offrir des perspectives concrètes constituent les conditions d’un développement durable. Dans un pays fracturé par les conflits, miné par l’injustice et riche en potentialités, cette ambition représente un pari audacieux mais nécessaire. En plaçant l’humain au cœur de la reconstruction nationale, la RDC pourrait enfin ouvrir une nouvelle page de son histoire sociale et politique.

Heshima Magazine

Continue Reading

Economie

L’économie congolaise déjà impactée par la guerre

Published

on

La République démocratique du Congo (RDC) est touchée par une guerre d’agression menée par le Rwanda sur son territoire en appui aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Cette situation a déjà une incidence sur l’économie du pays, qui repose essentiellement sur l’exportation des minerais.

La guerre, qui a repris dans l’Est du pays, dissuade les investissements étrangers et la création de nouvelles entreprises. Même si la RDC dispose de ressources naturelles abondantes, l’instabilité dans les zones minières et le manque de sécurité empêchent les investissements à long terme. Les multinationales et les entreprises locales hésitent à investir dans un environnement où les risques liés à la guerre et à la violence sont trop élevés. Le regain de violence armée depuis plus de 3 ans fait perdre énormément de recettes au pays.

Depuis juin 2022, Kinshasa perd ses recettes douanières du poste frontalier de Bunagana, au Nord-Kivu. Cette première cité occupée par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) pouvait réaliser jusqu’à 750 000 dollars de recettes mensuelles. Avec la progression des rebelles dans les deux Kivu, le pays a perdu des revenus qui sont désormais contrôlés par les insurgés. Bunagana est le troisième poste frontalier le plus important du Nord-Kivu après celui de la grande barrière à Goma et celui de Kasindi.

Depuis la prise totale de deux capitales des Kivu, des produits vivriers tels que des pommes de terre, du fromage, du lait frais ou de la viande de bœuf ne sont plus expédiés vers Kinshasa ou dans d’autres villes du pays. Toutes les chaînes d’approvisionnement sont bloquées, affirme Lesly Said, gérante du supermarché du Kivu au complexe Utexafrica, à Kinshasa. « Même avant que Goma ne soit prise, nous avions déjà été impactés par la prise de Minova. Le coût avait augmenté et nous avons eu beaucoup de plaintes de clients, mais nous n’avions pas de choix », a-t-elle déclaré.

Depuis la chute de la ville de Goma, les banques restent toujours fermées. La circulation du dollar américain dans la région devient de plus en plus difficile. Si une telle situation perdure, cela présente le risque d’un basculement de l’économie vers le franc rwandais. Le marché monétaire congolais étant asphyxié par l’absence prolongée des banques et des microfinances, la ville rwandaise voisine, Gisenyi, risque de devenir un débouché pour échapper à cette asphyxie économique de Goma. Cela risque d’être perçu comme une balkanisation économique.

Effort de guerre

Des entreprises publiques fournissent des efforts supplémentaires pour contribuer à l’effort de guerre lancé par le président de la République, Félix Tshisekedi. Pour répondre à cet appel à la solidarité, l’Office de gestion du fret multimodal (OGFREM) a apporté une contribution à hauteur d’un million de dollars. Cette cagnotte a été annoncée au Vice-Premier ministre, ministre des Transports et Voies de communication, Jean-Pierre Bemba, par l’équipe dirigeante de cette entreprise. D’autres entreprises publiques, qui avaient déjà du mal à fonctionner, pourraient fournir des efforts supplémentaires en cette période de guerre.

Cette situation sécuritaire grave a aussi perturbé les prévisions budgétaires projetées pour cette année (18 milliards de dollars). Des coupes budgétaires ont été opérées dans les enveloppes prévues pour certaines institutions comme la Présidence, la Primature, le Gouvernement et le Parlement. La mécanisation des nouveaux agents et fonctionnaires de l’État a été gelée pour une période de 12 mois. Autre effet ressenti, c’est l’inflation. Elle a été particulièrement forte ces dernières années, ce qui a réduit le pouvoir d’achat des Congolais. Les prix des produits de base, en particulier ceux importés, ont augmenté, aggravant ainsi la pauvreté et la précarité pour une grande partie de la population. La tentative du gouvernement de rabaisser les prix des biens de consommation courante s’est révélée vaine.

Chute des prix du cobalt

Pillée dans les Kivu par le Rwanda et les rebelles du M23-AFC, plombée dans l’espace Katanga par la chute de l’une des prix d’une des matières premières les plus en vogue, le cobalt, la RDC essaie tant bien que mal de tenir son économie. Mais les prix mondiaux du cobalt ont sensiblement chuté. Depuis mai 2022, le prix du cobalt a perdu les trois-quarts de sa valeur, passant de 82.000 à près de 22.000 dollars la tonne. Une chute vertigineuse qui s’explique aussi par une surproduction mondiale de ce produit. La Chine, une plus grande consommatrice de ce minerai, s’est émancipée de ce métal blanc. Pékin a commencé à produire des cellules de batteries pour véhicules électriques sans utiliser le cobalt, ce qui occasionne une telle chute des prix. Or, la RDC représente environ 70% de la production mondiale de cobalt, dont les deux tiers sont raffinés en Chine.

Pourtant, la redevance minière des substances minérales stratégiques, notamment le cobalt, reste la plus élevée en RDC. « On aura une situation de baisse des recettes et cela peut affecter les efforts que le gouvernement mène pour restaurer la paix dans l’est du pays », analyse Jean-Pierre Okenda, directeur exécutif de l’ONG « La sentinelle des ressources naturelles ».

Difficile canalisation des recettes du coltan

La RDC est l’un des plus grands producteurs mondiaux de coltan, un minerai essentiel qui est principalement composé de tantalite et de niobium. Le coltan est utilisé dans la fabrication de composants électroniques, tels que les condensateurs pour téléphones mobiles, ordinateurs, voitures électriques et autres appareils high-tech. Ce minerai est principalement extrait dans les régions orientales de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, ainsi qu’en Ituri. Ces zones sont souvent marquées par des conflits armés et des tensions politiques, et l’exploitation minière y est souvent artisanale. Cela signifie que de nombreux mineurs locaux utilisent des méthodes manuelles et rudimentaires pour extraire le coltan, ce qui peut rendre l’activité extrêmement dangereuse. Au-delà de cet aspect, le pillage de ces minerais par des pays voisins fait perdre des recettes énormes à la RDC.

Résurgence du M23 et boom économique au Rwanda

Depuis la résurgence du M23, fin 2021, dans les Kivu, le Rwanda a fait des bonds importants dans l’exportation des minerais, notamment le coltan. En 2023, Kigali a enregistré une augmentation spectaculaire de 43 % de ses exportations, qui sont passées de 772 millions de dollars en 2022 à plus de 1,1 milliard. En 2010, ces revenus dépassaient à peine les 70 millions de dollars par an. Une manne minière bénéficiée par un pays qui n’a pas grand-chose sous son sol. Ce qui met souvent Kinshasa en colère, estimant que les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) que Kigali cherche souvent au Congo sont essentiellement des minerais.

Heshima

Continue Reading

NOUS SOMMES AUSSI SUR FACEBOOK

Trending

You cannot copy content of this page

WeCreativez WhatsApp Support
Notre rédaction est là pour répondre à toutes vos préoccupations. N'hésitez pas !
👋Bonjour, comment puis-je vous aider ?