La récente avancée des rebelles du M23 dans le Sud-Kivu, marquée par l’occupation de Bukavu, pourrait galvaniser ces insurgés. Bafouant les appels au cessez-le-feu lancés par les dirigeants régionaux et la communauté internationale, ces rebelles, soutenus par l’armée rwandaise, prêteront-ils attention à l’initiative de dialogue interne portée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) ?
Le week-end dernier, alors que les évêques et révérends de la CENCO-ECC étaient en Europe pour poursuivre les consultations avec les différentes forces politiques du pays, au Sud-Kivu, les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), alliés de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) de l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa, s’emparaient, le 14 février, de l’aéroport de Kavumu, situé à des dizaines de kilomètres de la ville de Bukavu. Le dimanche 16 février, ils ont occupé la ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu.
Pendant ce temps, en Belgique, des évêques de la CENCO et des pasteurs de l’ECC ont rencontré, le 15 février, une délégation du Front Commun pour le Congo (FCC) de l’ancien président de la République, Joseph Kabila. La délégation de la CENCO-ECC a écouté les avis de ce regroupement politique, représenté par Raymond Tshibanda, Néhémie Mwilanya et José Makila, tous d’anciens dignitaires du régime de Joseph Kabila. Toujours en Europe, les évêques ont échangé avec le leader d’Ensemble pour la République, Moïse Katumbi. D’autres opposants ont également été consultés, tels que Franck Diongo.
Les prêtres seront-ils écoutés ?
Après les étapes de Kinshasa, Goma et Kigali, ces prélats ont quasiment rencontré toutes les parties. Il reste peut-être d’autres chefs d’État de la région, tels que l’Ougandais Yoweri Museveni, le Burundais Evariste Ndayishimiye ou encore le Kenyan William Ruto. À ce stade du conflit, le processus de Luanda est au point mort, de même que celui de Nairobi. Même les conclusions du sommet régional conjoint EAC-SADC n’ont pas été respectées par les rebelles. Ce sommet appelait notamment à un cessez-le-feu immédiat sur les lignes de front. Seuls les évêques de la CENCO-ECC continuent de tenter d’agir. Mais leur voix sera-t-elle écoutée par des rebelles qui, visiblement, ont d’autres motivations après les gains territoriaux enregistrés ces derniers jours ? Pour que la démarche de la CENCO ne tombe pas à l’eau, des puissances régionales derrière la rébellion du M23 devraient également adhérer à cette initiative pour un pacte social en faveur de la paix dans la région des Grands Lacs.
Sassou disposé à la médiation
Le président Sassou Nguesso a vanté ses bonnes relations avec Félix Tshisekedi et Paul Kagame, ce qui lui confère un rôle de médiateur, alors que l’Angola souhaite passer la main à un autre médiateur dans cette crise. Il a également estimé qu’une rencontre entre les présidents rwandais, Paul Kagame, et congolais, Félix Tshisekedi, pourrait aplanir les tensions entre leurs deux pays, redoutant le risque d’une guerre régionale.
Le Gouvernement reste derrière Tshisekedi
Face à la menace sécuritaire qui continue de peser sur le pays, le gouvernement affirme son soutien au président de la République, Félix Tshisekedi. La Première ministre, Judith Suminwa, a réaffirmé, lors du dernier Conseil des ministres, l’engagement du Gouvernement à rester fermement aux côtés du Président pour relever les défis actuels. Après la chute de Bukavu, l’exécutif congolais se trouve dans une position délicate face à cette agression. Les sanctions attendues de la communauté internationale contre Kigali se font toujours attendre.
Un couloir humanitaire ouvert à Goma
Entre-temps, l’OMS a annoncé avoir négocié un couloir humanitaire pour la population de Goma afin d’acheminer le matériel via Nairobi et Kigali. Le ministère de la Santé a confirmé cette information. Ce couloir humanitaire permettra d’acheminer de l’aide essentielle aux populations dans le besoin. N’ayant plus d’accès direct à Goma, le gouvernement passera par les organisations humanitaires pour renforcer la prise en charge des blessés dans cette ville, notamment en envoyant des kits de traumatologie et des médicaments.
Heshima