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Vers une trêve entre Kinshasa et l’AFC/M23, Joseph Kabila de plus en plus isolé 

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À l’issue de ces discussions, les deux parties ont convenu, dans un communiqué conjoint diffusé notamment à la RTNC, de travailler à la conclusion d’une trêve en vue de l’instauration d’un cessez-le-feu effectif. Une avancée qui ouvre désormais un long chemin pour le dialogue de fond. Une entente qui pourrait isoler l’ancien président de la République Joseph Kabila, dont le parti a été suspendu pour « complicité » avec les rebelles.

Les délégations de Kinshasa et de l’AFC/M23 ont décidé d’une trêve devant conduire à l’instauration d’un cessez-le-feu effectif dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dont une bonne partie est occupée par les rebelles. Les deux parties ont, d’un commun accord, réaffirmé leur attachement à une cessation immédiate des hostilités. Kinshasa et les rebelles ont aussi décidé de rejeter catégoriquement tout discours de haine et d’intimidation, recommandant aux communautés locales de respecter ces engagements. Les deux parties se sont engagées à observer ces dispositions afin d’aller vers un dialogue qui portera sur les causes profondes de la crise en cours ainsi que sur les modalités concrètes de sortie de conflit dans les territoires de l’Est du pays. Kinshasa et l’AFC/M23 appellent le peuple congolais, les chefs religieux et les médias à soutenir et à relayer ce message d’espoir et de paix.

Un retournement de situation, alors que deux jours plus tôt, les négociations semblaient être dans l’impasse. Car la délégation des rebelles avait quitté Doha mardi. Mais d’autres sources révèlent que ce communiqué conjoint avait été préparé depuis le 17 avril, mais il attendait le feu vert de Félix Tshisekedi. Le chef de l’État congolais n’avait pas encore donné son feu vert pour la publication conjointe de ce document.

Les deux parties sont sous pression américaine

Les deux parties présentes à Doha sont sous pression de Washington, qui veut voir un accord de paix entre les belligérants. L’annonce de cette trêve et d’un engagement pour un dialogue de fond intervient au lendemain d’une rencontre entre le ministre d’État qatari Mohammed Al-Khulaifi, en charge du dossier, et Massad Boulos, le nouveau conseiller principal pour l’Afrique à la Maison Blanche. Lors d’un point de presse le 17 avril 2025, M. Boulos n’avait pas hésité à appeler Kigali à cesser tout soutien au M23 et de retirer ses troupes de la RDC. Une pression continue qui aurait beaucoup pesé sur le premier communiqué conjoint divulgué par Kinshasa et l’AFC/M23. Washington, qui réfléchit sur un accord minier avec la RDC, a tout intérêt de voir un retour rapide et pérenne de la paix dans cette partie du pays. « Le M23 avait même décidé de retirer toute sa délégation de Doha pour retourner dans l’est de la RDC. Et ce changement radical, rapide, de leurs positions peut s’expliquer par le fait que le représentant spécial des États-Unis pour l’Afrique était à Doha », explique à Deutsche Welle le politologue congolais Christian Moleka. Selon ce dernier, la pression américaine a contribué pour beaucoup dans ce retournement de situation.

Le sort incertain de Joseph Kabila

L’entente entre le gouvernement et les rebelles de l’AFC/M23 pourrait mettre l’ancien président de la République, Joseph Kabila, dans une très mauvaise posture. Après son voyage éclair à Goma, fief des rebelles du M23, le gouvernement congolais a pris des mesures sévères contre l’ancien chef de l’État.

Kinshasa durcit le ton contre Joseph Kabila et ses proches. Après l’annonce de la suspension des activités de son parti, le PPRD, sur toute l’étendue du territoire, sa formation politique a été déguerpie de son siège de Kinshasa. « La justice a restitué ce jour [mercredi 23 avril] à Madame Serana sa parcelle située sur l’avenue Pumbu n°22-24, Quartier des Cliniques, dans la commune de la Gombe à Kinshasa », peut-on lire dans le communiqué du ministère de la Justice et Garde des Sceaux. Cette propriété, poursuit la note, a été spoliée depuis 23 ans par Madame Gloria Mteyu, « sœur de l’ancien Président de la République, Joseph Kabila, qui a illégalement abrité le siège du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) ».

Aux yeux de plusieurs observateurs, Joseph Kabila risque de devenir l’ennemi public numéro un, laissant le M23 devenir désormais un interlocuteur du gouvernement. « Joseph Kabila risque de passer d’un acteur d’alternance démocratique à un paria de la République », estime un analyste qui pense que l’ancien chef de l’État a franchi la ligne rouge en soutenant les thèses d’une rébellion qu’il avait lui-même combattue. La procédure pour enclencher des poursuites judiciaires contre Kabila serait en cours. Le sort de Joseph Kabila dans cette crise reste incertain. Si l’ex-Raïs est réellement en intelligence avec le M23 et l’AFC, cela ne tardera pas à être davantage dévoilé. L’AFC/M23 serait contraint de plaider aussi sa cause à Doha pour une paix globale.

Heshima 

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International

Conflits RDC-Rwanda : le dessous des cartes d’une désescalade rapide

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Après la signature le 23 avril 2025, au Qatar, d’un communiqué conjoint entre Kinshasa et le Mouvement du 23 mars affilié à l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23), la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda vont signer à Washington, ce vendredi 25 avril, une déclaration de principes bilatérales. Une signature qui couronne un processus de désescalade accéléré sous l’impulsion des États-Unis depuis plus d’un mois.

Ce matin, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a fait une annonce surprise : Kinshasa et Kigali vont signer une déclaration de principes sur la paix. Les responsables de la diplomatie de ces deux pays sont déjà présents aux États-Unis. La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, représente la RDC et son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, pour le Rwanda. Ce document vise à renforcer la coopération et la stabilité dans l’Est de la RDC, en proie aux conflits armés depuis plus de trois décennies.

Mais quel pourrait être le secret d’une telle accélération de ce processus de paix qui a pourtant plusieurs fois capoté entre Nairobi et Luanda ? Dans les coulisses de ce début de dénouement il y a le Qatar et les États-Unis. Doha a joué un rôle clé depuis le tête-à-tête réussi entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame. Après cette rencontre inattendue, les choses avaient commencé à s’accélérer. Un mois plus tard, Kinshasa et l’AFC/M23 ont dit, dans leur communiqué conjoint, vouloir « œuvrer à la conclusion d’une trêve ». Les deux parties ont également travaillé « en faveur d’une cessation immédiate des hostilités ».

Le Qatar s’impose depuis peu comme un médiateur de premier plan dans cette crise. Ce pays du Golfe s’est déjà montré performant dans ce domaine de médiation. Depuis le début de la guerre à Gaza, le Qatar joue un rôle majeur sur plusieurs fronts pour essayer avec les États-Unis et l’Égypte de mettre un terme à un conflit ayant causé plus de 40 000 morts. Doha entend également jouer un rôle décisif dans la résolution du conflit entre la RDC et le Rwanda.

Washington à la manœuvre

Derrière le Qatar, les États-Unis jouent le rôle de gendarme pour promouvoir la paix dans l’Est de la RDC. Un pays pour lequel il compte investir des milliards de dollars dans les minerais rares enfouis sous le sol congolais. Pour faire de la place à l’investissement, Washington a commencé par préparer le terrain à la paix. L’accord de paix qui sera signé entre Kinshasa et Kigali pourrait aussi prendre en compte une dimension économique. Selon les sources de l’agence Reuters, cette déclaration de principes concernera également le développement économique entre le Rwanda et la RDC. Ce qui sous-entend que dans le futur accord minier entre les États-Unis et la RDC, il pourrait y avoir une collaboration économique avec Kigali alors que les deux pays s’efforcent de mettre fin aux violences après une avancée des rebelles de l’AFC/M23 appuyés par le Rwanda.

Kinshasa reconnaît avoir consenti à des compromis

Pour le gouvernement congolais, la déclaration conjointe annonçant une volonté de trêve entre Kinshasa et l’AFC/M23 est une des conséquences des engagements souscrits par les deux Chefs d’État à Doha. « Le dialogue dont il est question ici, c’est le dialogue entre les signataires de la déclaration conjointe à savoir les experts du gouvernement et les délégués du M23. Nous avons fait un pas vers la paix. Le premier, celui du cessez-le-feu, a donné les résultats », a déclaré le ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya. Ce dernier a avoué qu’un tel processus a nécessité des compromis. « Il faut considérer que la déclaration conjointe est une étape vers la paix. Considérons-nous tous que nous sommes dans un processus qui est sensible parce qu’on ne peut pas faire de paix sans compromis et là nous sommes engagés dans cette dynamique », a-t-il avoué. Avec la pression américaine derrière les acteurs clés dans cette crise, ce processus de paix prend désormais les allures d’un marathon diplomatique. Le porte-parole du gouvernement affirme que le médiateur va fixer d’autres rounds de discussion, probablement pour aborder les questions de fond et essayer de résoudre une bonne fois cette lancinante crise.

Heshima

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Pacte de paix CENCO-ECC : progrès ou impasse ?

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Le foisonnement des initiatives de médiation semble faire oublier la démarche des Églises catholique et protestante dans la recherche des solutions aux conflits armés en République démocratique du Congo (RDC). La célébration pascale, le 20 avril 2025, a servi de tribune au cardinal Fridolin Ambongo et au représentant légal de l’Église du Christ au Congo (ECC), André Bokundoa, pour appeler les Congolais à adhérer à l’idée d’un « Pacte pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». Malgré la tournée effectuée par ces prélats et révérends, l’initiative reste toujours timide.

À ce jour, où en est-on avec la démarche du dialogue menée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) ? Malgré la tournée régionale et internationale effectuée par la délégation de ces deux confessions religieuses, certaines sources proches de ces structures évoquent une impasse politique doublée d’un flou persistant sur le format à adopter. « Les yeux de la CENCO-ECC sont aussi rivés sur les négociations de Doha au Qatar », explique une source. L’idée, c’est d’attendre un cessez-le-feu officiel pour finalement trouver un format de discussions.

Dans l’opinion publique, à Kinshasa comme en province, cette initiative souffre d’une certaine réticence des Congolais liée notamment à l’attitude ambigüe de la CENCO face aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), un groupe allié à l’Alliance Fleuve Congo (AFC) coordonnée par l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa.

Un autre élément ayant fragilisé la démarche de ces évêques et pasteurs, c’est la déclaration du Monseigneur Fulgence Muteba sur le financement de leur démarche par certains pays de la région dont le Rwanda. Une affirmation qui avait suscité un tollé il y a plus d’une semaine, nécessitant le recadrage du secrétaire général de la CENCO, Monseigneur Donatien Nshole. Ce dernier avait précisé que les fonds évoqués par Mgr Muteba étaient liés au remboursement des billets d’avion après que les protocoles des deux pays, à savoir le Rwanda et le Kenya, avaient réaménagé l’agenda de leur voyage. « Kigali a remboursé notre billet. Par ailleurs, l’hospitalité des États fait partie de ce que Mgr Fulgence Muteba a fait mention », a rectifié Donatien Nshole.

Ambongo encourage l’adhésion des Congolais

Lors de la célébration pascale, le 20 avril 2025, les deux Églises engagées dans la démarche de la paix en ont profité pour inviter les Congolais à adhérer à l’idée de ce « Pacte pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». Malgré les réticences observées, le cardinal Ambongo a affiché son optimisme, dans son message du 19 avril, en appelant à l’adhésion de tous à ce projet de paix. « C’est dans cette optique que j’encourage et j’exhorte une fois de plus les uns et les autres à accueillir avec confiance et ferveur l’initiative du Pacte social pour la paix et le bien-vivre, proposé par la CENCO et l’ECC. On y trouve les germes d’un avenir radieux et harmonieux pour tous », a-t-il déclaré. De son côté, André Bokundoa de l’ECC, a lancé le même appel aux Congolais.

Ce Pacte va-t-il toujours avoir lieu ?

Prises de vitesse par les négociations de Qatar, les deux Églises font preuve de patience dans l’attente de l’aboutissement de ce projet de dialogue. Mais il y a le risque de voir que si les politiques trouvent la paix à Doha et que la République retrouve sa pleine souveraineté, les hommes politiques seraient de moins en moins enclins à s’asseoir pour discuter de la paix qu’ils auraient eux-mêmes déjà négociée au Qatar. L’intérêt d’un tel pacte pourrait baisser aux yeux des hommes politiques, sauf en cas d’un nouveau désaccord.

Autre point faible : la multiplication des médiations rend la démarche plus confuse. Elle ne facilite pas la tâche à la CENCO-ECC dont l’agenda ne semble fixé nulle part. Mais les évêques et les révérends sont patients : leur pacte est à inscrire dans la durée. Ils visent à mettre sur pied un document qui garantirait la paix et le vivre-ensemble à l’horizon du centenaire de la RDC, en 2060. Les deux Églises travaillent ensemble pour encourager toutes les parties à s’engager en faveur de la paix, du dialogue et de la réconciliation. Ce pacte vise également à renforcer la cohésion entre les différentes communautés et à prévenir les conflits en favorisant le respect mutuel, la tolérance et la solidarité. C’est une démarche qui montre l’engagement des acteurs religieux dans la construction d’une société plus pacifique et harmonieuse. Reste à savoir si leur voix pourra porter jusqu’aux sphères du pouvoir, notamment face à des figures comme Paul Kagame, dont la realpolitik éclipse souvent les appels à la paix.

Heshima

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M23 : le règne sanglant des gouverneurs rebelles au Kivu

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Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le Mouvement du 23 Mars (M23), fer de lance de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), a franchi un nouveau cap dans son entreprise de déstabilisation en désignant des gouverneurs parallèles pour le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Après avoir pris le contrôle de la ville de Goma le 27 janvier 2025 et Bukavu le 16 février, le groupe rebelle, accusé par l’ONU et les Etats-Unis d’être soutenu par le Rwanda, a nommé deux gouverneurs pour ces territoires occupés. Ces désignations, orchestrées par Corneille Nangaa, chef de l’AFC, ne sont rien d’autre qu’une tentative de légitimer une occupation violente, défiant le gouvernement central et exacerbant une crise humanitaire déjà catastrophique.

Joseph Bahati, un pion militaire dans un jeu ethnique dangereux

Joseph Bahati Musanga, alias Erasto, nommé gouverneur du Nord-Kivu le 5 février 2025, est un colonel autoproclamé du M23 et membre de la communauté tutsi. Sa désignation, loin d’être un gage de compétence, sert à renforcer la rhétorique ethniciste du M23, qui se pose en défenseur des Tutsis tout en alimentant les tensions avec d’autres communautés, notamment les Hutus. Avant cette nomination, Bahati était directeur financier au sein du M23. Certaines sources affirment qu’il a été récompensé par le M23 à cause de son rôle d’argentier mais aussi pour avoir échappé miraculeusement lors d’une frappe de drone des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Il a été invisible depuis de longs mois, laissant libre cours aux rumeurs sur sa mort. Il va finir par réapparaitre quelques jours avant la prise de la ville de Goma.

Loin de stabiliser la région, Bahati s’est attiré les foudres de la communauté internationale. L’Union européenne l’a sanctionné pour son rôle dans le conflit armé, l’insécurité et les violations des droits humains, incluant des menaces directes contre des activistes à Goma. Des rapports de Human Rights Watch documentent ces intimidations, comme un appel menaçant qu’il aurait passé à un défenseur des droits humains le 27 janvier 2025. Sa prétendue gouvernance, assistée par des vice-gouverneurs comme Willy Manzi Ngarambe et Shadrak Amani Bahati, n’est qu’une façade pour maintenir l’emprise du M23, avec des mesures comme l’extension des heures d’ouverture de la frontière rwandaise, qui favorisent les intérêts rwandais au détriment de la souveraineté congolaise.

À Goma, la population vit dans un climat de peur permanente. Selon RFI, les habitants dénoncent des extorsions quotidiennes par les forces du M23, qui imposent des taxes illégales sur les commerçants et les citoyens, rendant la vie intenable dans une ville déjà asphyxiée économiquement. La brutalité du M23 est également documentée par Radio Okapi, qui rapporte des exécutions sommaires et des enlèvements, poussant la population à appeler à une intervention internationale urgente. Par ailleurs, Jeune Afrique souligne une crise de liquidité sans précédent à Goma, où l’absence de cash paralyse les transactions quotidiennes, exacerbant la misère des habitants sous le joug du M23.

Une nomination au service d’une occupation au Nord-Kivu

La désignation de Joseph Bahati, annoncée dans la précipitation après la chute de Goma, est un affront au gouvernement central, qui a nommé le général-major Evariste Somo Kakule comme gouverneur légitime basé à Beni, siège provisoire des institutions de la province. Cette dualité de pouvoir illustre l’anarchie imposée par le M23, qui cherche à se draper d’une légitimité administrative tout en semant la terreur. Les promesses de réouverture des ports ou de relance économique sont des leurres, masquant une réalité où les civils vivent sous la menace constante de violences, comme en témoignent les exécutions et viols rapportés par Amnesty International. Selon un rapport d’Amnesty, le M23 est responsable de 69 % des violations des droits humains dans les zones qu’il contrôle, incluant des massacres, des viols collectifs et des recrutements forcés d’enfants soldats.

Au Nord-Kivu, le M23/AFC a procédé à la nomination d’un délégué aux mines et d’un administrateur financier, signalant une volonté claire de contrôler les circuits économiques locaux, notamment dans des zones riches en coltan, or et cassitérite comme Walikale. Ces affectations, largement dénoncées par les acteurs humanitaires et économiques, révèlent une stratégie de prédation plus qu’un projet de gouvernance. Elles s’ajoutent à la réactivation de certains axes transfrontaliers avec le Rwanda, comme celui de Petite Barrière, facilitant un commerce illicite au détriment des intérêts de l’État congolais. Selon Actualité.cd, d’autres groupes armés comme les Nyatura (12 %) et les Mai-Mai Mazembe (7%) contribuent également aux violences, mais le M23 reste le principal acteur de cette spirale observée depuis 4 ans.

Dans un effort pour consolider son emprise économique, Corneille Nangaa a annoncé en mars 2025 la création d’une « Nouvelle Banque du Kivu » pour pallier le manque de liquidité dans les zones sous contrôle du M23, une initiative dénoncée comme illégale par les autorités congolaises. Selon Africa Infos, cette banque vise à centraliser les ressources pillées, mais Steve Mbikayi, homme politique congolais, a affirmé que les sanctions internationales contre Nangaa rendraient ce projet inopérant. Plus récemment, le 7 avril 2025, Nangaa a lancé la CADECO (Caisse générale d’épargne du Congo), une structure parallèle pour soi-disant relancer l’économie locale, mais Radio Okapi rapporte que la direction générale de la CADECO officielle a dénoncé cette initiative comme une fraude, accusant le M23 de vouloir légitimer son pillage des ressources.

L’opportunisme au service d’une cause illégale au Sud-Kivu

Emmanuel Birato Rwihimba, alias Manu Birato, nommé lui aussi gouverneur du Sud-Kivu le 28 février 2025, incarne l’opportunisme au cœur de cette entreprise rebelle. Homme d’affaires originaire de Bukavu, il a navigué entre les sphères politiques congolaises, passant du PPRD de Joseph Kabila, de l’UNC de Vital Kamerhe, à l’Union sacrée de la nation sous Félix Tshisekedi, avant de rejoindre l’AFC/M23 après un exil en Belgique. Son parcours, marqué par des allégeances changeantes et une rupture avec Vital Kamerhe en 2019, révèle un homme prêt à saisir toute opportunité, même au prix de la trahison et de sang. Sa nomination n’est pas le fruit d’un mérite, mais d’un calcul pour rallier des élites locales à une cause illégitime.

Une gouvernance sous le joug de la violence

À Bukavu, Birato est assisté par Dunia Masumbuko Bwenge et Juvénal Gishinge Gasinzira, chargés respectivement des affaires politiques et économiques. Mais cette administration autoproclamée opère dans un climat de peur. Selon le journal Le Monde, les rebelles du M23 imposent leur autorité par la terreur, avec des arrestations arbitraires et des exécutions publiques qui sèment la panique parmi la population. Des rapports de l’ONU font état de viols collectifs et d’exécutions sommaires dans le Sud-Kivu sous contrôle du M23, des atrocités qui contredisent les promesses de sécurité de Birato. MSN rapporte que Bukavu est en état d’alerte permanente, avec un exode massif des habitants fuyant la menace rebelle, tandis que le gouverneur légitime du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi, a alerté sur un « carnage quotidien » dans sa province, dénonçant l’incapacité des forces de l’ordre à protéger les civils.

Depuis mars 2025, l’administration parallèle mise en place par Emmanuel Birato à Bukavu s’est dotée d’une structure plus complète : deux vice-gouverneurs, un maire et plusieurs responsables sectoriels ont été désignés sans aucun mandat légal. Cette expansion institutionnelle autoproclamée vise à imposer une normalisation forcée de l’occupation. Mais loin d’apaiser la situation, ces décisions ont renforcé un climat de répression. Selon l’UNICEF, les violences sexuelles ont atteint une ampleur inédite dans les zones contrôlées par le M23/AFC, où le viol est utilisé comme une arme de guerre. Ce recours systématique à la terreur démystifie le discours sécuritaire de Birato.

La suspension des activités minières formelles, signalée par l’ITSCI, paralyse l’économie locale, tandis que les ressources continuent d’être pillées pour financer les opérations rebelles. Loin d’être un sauveur, Birato est un rouage d’une machine de prédation, où les richesses du Sud-Kivu sont détournées au profit du M23 et de ses alliés dont le Rwanda.

Une stratégie illégale et destructrice

Les nominations de Bahati et Birato sont une provocation directe contre Kinshasa, qui maintient des gouverneurs légitimes dans ces provinces. En instaurant des administrations parallèles, le M23/AFC cherche à se poser en État de fait, une manœuvre dénoncée par un envoyé de l’ONU comme une menace d’expansion vers d’autres provinces. Cette stratégie s’appuie sur la force brute : depuis janvier 2025, le M23 a causé des milliers de morts et déplacé environ un million de personnes, dont 400 000 enfants, déplore l’ONU. Loin de stabiliser, ces gouverneurs autoproclamés aggravent une crise humanitaire déjà qualifiée de « pire au monde » par les Nations Unies. Un rapport récent de l’ONU, publié en avril 2025, souligne que plus de 7 millions de personnes sont déplacées dans l’est de la RDC, avec des besoins humanitaires criants, notamment en matière de nourriture et d’abris, qui restent largement insatisfaits.

Un jeu régional aux conséquences dévastatrices

Le soutien du Rwanda corroboré par des rapports de l’ONU et des sanctions contre des officiers rwandais, place ces nominations dans un contexte régional explosif. Le M23 contrôle désormais près de 20 % du territoire congolais, coupant des routes stratégiques comme celle reliant le Nord-Kivu au Sud-Kivu. Les combats persistants, notamment à Walikale et dans le Sud-Kivu, malgré des appels au cessez-le-feu par l’EAC et la SADC, montrent que ces gouverneurs ne sont que des marionnettes dans un conflit plus large, où les minerais du Kivu financent l’escalade militaire. La BBC rapporte que des affrontements récents dans la région de Masisi, en mars 2025, ont fait des dizaines de morts, illustrant la volatilité persistante de la situation.

Un avenir sombre pour le Kivu

Les sanctions de l’UE et des États-Unis contre des figures du M23, dont Bahati, et les pourparlers avortés à Doha et Luanda illustrent l’impuissance internationale face à cette crise. Le retrait des forces de la SADC, après des pertes face au M23, et l’échec des médiations régionales laissent les civils congolais à la merci des rebelles. Un post du député Steve Mbikayi sur X, datant d’octobre 2024, affirmait déjà que « le M23 est un outil de Kigali pour contrôler les richesses du Kivu », une analyse qui résonne avec les événements actuels, bien que cette information reste à vérifier.

Dans un récent rapport, le Conseil de sécurité des Nations Unies a fermement condamné ces prises de pouvoir illégales et les actes de violence commis par le M23/AFC, tout en pointant la responsabilité du Rwanda dans la poursuite des hostilités. Ces condamnations internationales, bien que nombreuses, peinent encore à enrayer la dynamique expansionniste du groupe rebelle, qui continue d’imposer sa loi par la force, en sapant les fondements mêmes de la souveraineté congolaise.

Les nominations de Joseph Bahati Musanga et Emmanuel Birato Rwihimba ne sont pas des actes de gouvernance, mais des outils d’une occupation illégale. Loin de mériter la moindre considération, ces figures symbolisent l’arrogance d’un mouvement qui prospère sur la souffrance des Congolais. Avec des villes comme Goma et Bukavu à l’arrêt, des marchés paralysés et des millions de déplacés, le M23/AFC ne construit pas un avenir, mais un chaos. La communauté internationale et le gouvernement congolais doivent redoubler d’efforts pour restaurer la souveraineté nationale et mettre fin à cette mascarade, avant que le Kivu ne s’enfonce davantage dans l’abîme.

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