Discours sur l’état de la Nation Les aveux de Félix Tshisekedi !
Le discours sur l’état de la Nation prononcé le 13 décembre 2021 par Félix Antoine Tshisekedi était très attendu dans l’opinion. Si les uns l’ont qualifié de discours de vérité, les autres ont émis le vœu de voir Fatshi convaincre. Dans ce speech qui a duré 1H15’, Fatshi a évoqué les efforts qu’il consent, mais a aussi reconnu que la population congolaise continue à peiner. Analyse.
Devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès, le président Tshisekedi a brossé un tableau presque complet de la situation du pays. Discours dit de vérité au peuple ou discours bilan, il était très attendu pour apporter des réponses et des éclaircissements aux nombreuses préoccupations de la population sur les différentes questions vitales qui touchent à la marche et à la survie de la nation : social de la population, Covid-19, lutte contre la corruption, économie et finances publiques, diplomatie, CENI, état de siège, renouement avec le FMI, sécurité et politique…
Seulement, de tous ces points, c’est autour de quelques questions à caractère social que les cogitations de la population ont focussé : justice, RAM, desserte en eau et en électricité, panier de la ménagère… Sinon, tout comme les autres d i s c o u r s pronon – cés dans le même cadre, en dehors des questions sécuritaires, le speech de Fatshi du 13 décembre n’a pas répondu aux préoccupations des Congolais Par exemple, la question qui intéresse actuellement toutes les couches sociales est celle relative au Registre des appareils mobiles (RAM). Le chef de l’Etat n’en a absolument rien dit. Point n’est besoin de rappeler que cela fait partie des sujets qui font polémique au quotidien et qui, plus que toute autre chose, constitue un tracas pour tout le monde, surtout pour le Congolais lambda dont le pouvoir d’achat est sérieusement effrité. Autant dire que, le fait que le Président de la République ait fait abstraction de cette question, laisse libre cours aux commentaires dans l’opinion. Dans un tweet, un journaliste a affirmé que les recettes collectées dans le cadre du RAM sont logées dans le compte de l’ARPTC dont le président est le seul ordonnateur des dépenses. Il affirme que c’est ce qui se dit du côté du ministère de PT-NTIC.
Le discours sur l’état de la Nation étant une évaluation générale de la situation du pays, notamment de la vie prosaïque de la population, ne pas parler du RAM, taxe dont les traces ne figurent nulle part dans la loi des finances, ne peut qu’être vu d’un mauvais œil. Surtout que moins d’une semaine avant le discours, les deux chambres du Parlement ont demandé la suppression de ladite taxe que certains députés nationaux, à l’instar de Claudel Lubaya, considèrent comme une escroquerie.
Toutefois, si c’est par omission que le Président de la République n’a pas parlé de cela, d’aucuns espèrent qu’il va se rattraper dans le discours qu’il va prononcer à l’occasion de la Saint Sylvestre, pour ordonner carrément sa suppression.
Dans le domaine de la Justice, la population est aussi restée sur sa soif parce que c’est la énième fois que le chef de l’Etat pointe du doigt ce secteur, mais rien ne change.
C’est bien de réaffirmer sa détermination à poursuivre les réformes courageuses dans ce secteur, mais démettre ceux qui paralysent l’appareil judiciaire est mieux. La réaction de Devos Kitoko, secrétaire général de l’Ecidé et membre de la plateforme Lamuka, n’a pas tardé. Sur son compte Twitter, il a écrit : « Il a gracié les voleurs mais s’en prend à la justice. Il a qualifié des hommes sérieux ceux qui sont accusés de détournement mais condamne les juges. Il déplore le manque de coordination des projets par l’exécutif dont il est lui-même chef. C’est honteux et irresponsable ».
Persistance des problèmes d’énergie
Concernant la desserte en eau et en électricité, le président Tshisekedi a implicitement reconnu que la population continue à endurer le calvaire. Il a fustigé le retard des travaux des usines de Lemba imbu, raison pour laquelle il a lancé l’appel à tous les intervenants pour qu’ils travaillent vite afin d’apporter une solution aux problèmes qui se posent et de livrer les ouvrages pour améliorer les conditions de vie de la population. « …dans les secteurs de l’eau et de l’électricité et de la santé, pour ne citer que ceux-là, la plupart des projets en cours souffrent d’un manque de coordination et d’une faiblesse de pilotage », a-t-il affirmé. Ces propos ont comme amené de l’eau au moulin des autres politiques dont Noël Tshiani qui a twitté : « La plupart des projets en cours du gouvernement souffrent d’un manque de coordination et d’une faiblesse de pilotage. Ainsi sonna le glas. Le vin est tiré. Il faut maintenant le boire».
Par ailleurs, si en parlant de l’état de siège le chef de l’Etat a expliqué brièvement que le but visé reste celui de mobiliser tous les moyens multiformes dont dispose la république pour définitivement vaincre le mal qui anéantit tous les efforts de développement, certains estiment qu’il n’en a pas du tout parlé. Pourtant, après l’adresse du Président de la République, il n’y a pas eu beaucoup de commentaires sur l’option de la traque des ADF par les FARDC et l’armée ougandaise, car les raisons d’efficacité évoquées par le chef de l’Etat sont suffisantes. Il en est de même des assurances qu’il a données : « Je veillerai à limiter au temps strictement nécessaire à ces opérations, la présence de l’armée ougandaise sur notre sol ». Néanmoins, Fatshi a fustigé la campagne de dénigrement et de démobilisation menée par une infime minorité de Congolais qui jouent à chaque coup le rôle d’étouffoirs comme pour confirmer que l’insécurité qui règne dans la partie Est de la RDC les confortait dans leurs entreprises.
Le panier de la ménagère
Abordant la question des conditions de vie de la population, le Président de la République a reconnu que les Congolais continuent à souffrir. Après avoir annoncé le 13 décembre 2019, dans le même cadre, que l’an 2020 serait l’année de l’action, durant laquelle tout devait être mis en œuvre pour rendre irréversible la lancée vers le progrès et l’émergence, le président de la République avait reconnu fin 2020, soit une année après, l’endurance et la résilience du peuple congolais face à des situations de crises multiformes, qu’il a parfois subies en tant que victime de l’injustice sociale et du déficit de gouvernance. Aujourd’hui encore, la population croupit dans la souffrance. « Je suis conscient que la situation sociale de nos compatriotes n’est pas reluisante. Beaucoup de ménages peinent à nouer les deux bouts et n’ont pas accès aux services sociaux de base tels que l’eau, l’électricité, les soins de santé, les transports », a-t-il reconnu.
Appréciation de quelques caciques
Certains politiques se sont plutôt attardés sur l’aspect forme du discours. Dans son tweet, l’ancien député national Zacharie Bababaswe a écrit ce qui suit : « Le président Tshilombo place la barre très haut en utilisant pour la première fois en Afrique par un chef de l’Etat (sic) du Presidential ‘’teleprompter’’ outil par excellence de grands orateurs modernes et actuels. FCC K.O ».
Certains hauts cadres du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), dont Aubin Minaku, Emmanuel Ramazani Shadary et Ferdinand Kambere, sont convoqués ce lundi 10 mars 2025, à l’auditorat militaire de Kinshasa/Gombe pour « éclairer la justice » au sujet des propos tenus récemment par le vice-président de cette formation politique. Cette convocation laisse transparaître un duel désormais livré à distance entre le président Félix Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila, accusé de collusion avec la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) alliée au Mouvement du 23 mars (M23).
Au total 13 cadres de la famille politique de Joseph Kabila doivent se présenter devant l’avocat général militaire, au motif « d’éclairer la justice ». Mais les caciques du PPRD expliquent que seuls trois cadres sont officiellement saisis. Il s’agit du secrétaire permanent du parti, Emmanuel Ramazani Shadary, du vice-président Aubin Minaku et du secrétaire permanent adjoint, Ferdinand Kambere. « Les autres n’ont pas été officiellement notifiés », explique Kambere.
Parmi les griefs reprochés contre le camp Kabila, il y a les dernières sorties médiatiques à la fois de leur mentor et d’eux-mêmes. Les propos d’Aubin Minaku sur la fin de la « clandestinité » du parti, et ceux de Ramazani Shadary estimant que « l’on ne savait pas ce que le chef [faisait] chaque jour pour que l’on revienne au pouvoir », avaient fini par tiquer le régime de Félix Tshisekedi. Le camp Kabila, qui avait boycotté la voie démocratique en refusant de participer au dernier scrutin, que ferait-il exactement pour revenir au pouvoir ? C’est toute la dynamique que la justice militaire tente de démêler, alors que Joseph Kabila est cité par Félix Tshisekedi comme commanditaire de la rébellion de l’AFC. Depuis plusieurs mois, le chef de l’État répète qu’il y a bien un lien entre la famille politique de Kabila et l’AFC/M23 de Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Pour alimenter un tel soupçon, il y a aussi ces nombreux ralliements de cadres du parti de Joseph Kabila à l’AFC de Nangaa. C’est le cas des cadres de la ligue des jeunes comme Adam Chalwe, Henri Maggie ou encore Yannick Tshisola, tous du PPRD de Joseph Kabila.
Un duel à distance
Désormais, Félix Tshisekedi et Joseph Kabila se livrent un duel à distance. Vivant à cheval entre la Namibie et l’Afrique du Sud, l’ancien président de la République a rompu son silence en publiant une tribune au vitriol dans un journal sud-africain. Il s’en est pris à l’armée sud-africaine qui, selon lui, défend « un tyran ». L’ex-Raïs n’a pas non plus condamné l’agression rwandaise via les rebelles du M23/AFC. Au contraire, il les a défendus en affirmant que ce mouvement n’est pas un groupe « anarchiste ». Du point de vue de Kinshasa, Kabila voudrait revenir au pouvoir par une insurrection. N’ayant pas la possibilité de mettre la main sur lui, Kinshasa exerce une pression sur les lieutenants de Joseph Kabila restés au pays.
Il y a une semaine, Emmanuel Ramazani Shadary était invité au ministère de l’Intérieur et sécurité pour expliquer la récente communication du parti de Joseph Kabila, au lendemain de la sortie médiatique de ce dernier, en Namibie. Lors d’une réunion à Kinshasa, le vice-président du PPRD, Aubin Minaku, avait affirmé que le temps des actions clandestines étaient terminées. « Le chef a dit, il faut être prêt à tout, quand le chef dit qu’il faut être prêt à tout chacun de nous, un PPRD pur-sang comprend, quand le chef dit : fini le moment du silence, des actions clandestines, maintenant c’est le moment des actions ouvertes. Je m’assume, ça dit tout », avait-il déclaré devant d’autres membres du PPRD.
En tournée de mobilisation des Congolais dans le grand Bandundu, le vice-Premier ministre, ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba a ouvertement accusé Joseph Kabila de soutenir le M23 et la milice Mobondo pour déstabiliser Kinshasa à partir de Maluku. Le Front Commun pour le Congo (FCC) qualifie ces accusations d’infondées. « Cette campagne ignoble a été lancée par le Chef de l’État lui-même et a trouvé, depuis, un amplificateur zélé en la personne de M. Jean-Pierre Bemba Gombo. Celui-ci semble plus doué pour le rôle de chantre de la haine et de propagandiste du ‘Roi Soleil’ et de son régime que pour les nobles responsabilités de ministre des Transports ou de la Défense nationale », a écrit Raymond Tshibanda, responsable provisoire du FCC.
Réputé pour son silence, l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC) ne fait plus mystère de ses intentions. Lors d’une interview accordée à la presse namibienne dont les extraits ont été diffusés, le 4 mars 2025, Joseph Kabila dit posséder encore « un peu d’énergie » pour continuer à servir la RDC et la région. Servir le pays à quel niveau de responsabilité, telle est la question qui dévoile le rêve d’un retour de l’ex-Raïs à la tête du pays.
Nairobi, encore et toujours…
La capitale kényane a de nouveau servi de cadre à Joseph Kabila et ses proches pour restructurer officiellement son parti, le PPRD, et réfléchir sur la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut dans l’Est de la RDC. Le contenu de cette réunion tenue le 19 février n’a pas été divulgué. Mais le 4 mars, Joseph Kabila s’est livré à la presse namibienne. L’ancien chef de l’État congolais, qui séjourne dans ce pays d’Afrique australe depuis les funérailles du père de l’indépendance namibienne, récemment décédé, a évoqué la crise sécuritaire en RDC. Il souhaite le départ de toutes les armées étrangères présentes au pays. Joseph Kabila considère ce départ comme un premier pas vers la solution, avant de permettre aux Congolais de se parler entre eux, rappelant son expérience de 2001 qui avait conduit au dialogue inter-congolais.
« En 2001, nous croyons que toutes les troupes étrangères [devraient] quitter le Congo afin que la paix puisse être atteinte. Et afin de donner aux Congolais la possibilité de discuter de cette chose qu’on appelle la paix. C’est ainsi que la plupart de ces troupes sont parties. Les Congolais ont été laissés pour résoudre leurs propres problèmes. Mais bien sûr, avec le soutien et l’accompagnement des partenaires du Congo, de la région et au-delà, y compris les Nations Unies. Mais est-ce que la même thérapie pourra accomplir le même miracle aujourd’hui ? Maintenant, nous devons nous asseoir et examiner cela, y réfléchir. », a déclaré Joseph Kabila.
S’asseoir et discuter oui. Mais pour quelle issue ? C’est la grande question qui peut tarauder encore les esprits des Congolais. Sur ce point, Joseph Kabila semble se voir toujours à la tête du pays. « Notre intention est d’être très disponible pour servir notre pays, de servir notre peuple, de continuer à servir notre peuple, et servir la région aussi, l’Afrique parce que la RDC est un pays africain et la Namibie aussi est un pays africain […] Nous avons toujours un peu d’énergie pour continuer à servir notre pays », a-t-il indiqué.
Kabila rêve de revenir à la tête du pays
Joseph Kabila parle de servir le pays, mais sous quelle position ? Un médiateur des conflits régionaux ? Difficile de répondre par l’affirmative quand on sait que l’ex-Raïs nourrit les ambitions de revenir à la tête du pays. Lors de son dernier sommet de la SADC, en tant que chef de l’État de la RDC, Joseph Kabila avait refusé de dire au revoir à ses homologues. « Comme je n’aime pas les adieux, je préfère vous dire à bientôt », avait-il dit à ses pairs réunis en août 2018 à Windhoek, en Namibie. Cette petite phrase avait fait couler beaucoup d’encre en RDC. Comme quoi le président sortant avait l’intention de revenir au pouvoir. Et le dernier développement de l’actualité politico-sécuritaire au pays démontre bien ces intentions.
Félix Tshisekedi a plus d’une fois accusé son prédécesseur d’être derrière l’autre appendice du M23, l’Alliance Fleuve Congo (AFC), dirigée par l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, réputé proche de Joseph Kabila. Lors d’une interview accordée à certains médias congolais depuis Bruxelles, Félix Tshisekedi avait accusé, en août 2024, son prédécesseur d’être derrière l’alliance entre Corneille Nangaa et le M23. Et Félix Tshisekedi l’a encore répété récemment avec conviction. La dernière tribune de Joseph Kabila, où il s’en prend à la force sud-africaine pour être intervenue aux côtés des Congolais, a démontré les intentions derrière la rébellion de Corneille Nangaa. Joseph Kabila n’a pas non plus condamné le Rwanda pour son rôle dans l’agression contre la RDC, aux côtés des rebelles du M23. Ce qui démontre que l’intention de marcher sur Kinshasa, dévoilée par l’ancien président de la CENI, pourrait également être partagée par l’ancien président.
Le conseiller spécial en matière de sécurité du chef de l’État, Désiré-Cashmir Eberande Kolongele, a été chargé de consulter la classe politique, la société civile et d’autres forces vives de la République démocratique du Congo (RDC) pour obtenir un large consensus autour de la formation d’un gouvernement d’Union nationale. En menant une telle démarche sans attendre les pourparlers de la CENCO-ECC ou le processus régional, le président Félix Tshisekedi n’a-t-il pas mis la charrue avant les bœufs ? Jusqu’où pourrait-il aller avec la décrispation politique ? Réussira-t-il à dégager un large consensus ?
Le samedi 1er mars, l’ancien candidat à la présidence de la République, Seth Kikuni Masudi, et l’ancien député provincial Mike Mukebayi ont quitté la prison centrale de Makala, à Kinshasa. Cette mesure a également concerné une influenceuse pro-pouvoir, Denise Mukendi. Ces prisonniers ont quitté leurs cellules suite à une décision de liberté conditionnelle prise par le ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba. D’autres sources expliquent que cette décision, prise sur instruction du président de la République Félix Tshisekedi, a pour but de décrisper l’environnement sociopolitique congolais dans ce contexte marqué par la guerre d’agression rwandaise à travers la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23/AFC) dans l’Est de la RDC.
Le vendredi 28 février, en marge du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a rapporté dans le compte rendu que Félix Tshisekedi avait chargé son nouveau conseiller spécial, Désiré-Cashmir Eberande, de mener des consultations auprès de la classe politique, de la société civile et d’autres forces vives du pays pour aboutir à un large consensus en vue de former un nouveau gouvernement d’union nationale.
Tshisekedi va-t-il réussir un large consensus ?
Affaibli par la guerre d’agression rwandaise menée avec la complicité de certains Congolais dont Joseph Kabila et l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa, Félix Tshisekedi réussira-t-il à rallier des opposants à la cause nationale ? Certains opposants ont une vision personnaliste de la crise actuelle. Ils perçoivent dans la démarche de Tshisekedi une volonté de chercher à renforcer son pouvoir, souhaitant voir Kigali faire chuter son régime. Par contre, une autre catégorie d’opposants voit la crise actuelle au-delà de la personne de Tshisekedi. C’est le cas de Martin Fayulu qui pense que la nation est véritablement en danger de balkanisation, appelant Corneille Nangaa à abandonner les armes et Joseph Kabila à « se souvenir de ce que le Congo lui a donné ».
De son côté, l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito a accepté « sans condition » la main tendue par Félix Tshisekedi. Réputé pour ses propositions radicales contre le Rwanda, notamment la construction d’un mur entre la RDC et ce pays agresseur, Adolphe Muzito pense qu’il faut d’abord se ranger derrière Félix Tshisekedi pour faire face à l’ennemi commun. « La RDC est attaquée, nous devons soutenir Félix Tshisekedi », a-t-il indiqué.
Ne faudra-t-il pas attendre le dialogue CENCO-ECC ?
Pendant que le chef de l’Etat ouvre ces consultations via son conseiller spécial, des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et des révérends de l’Église du Christ au Congo (ECC) mènent aussi des consultations pour un dialogue aboutissant sur un pacte social pour la paix en RDC et dans la région des Grands Lacs. Moise Katumbi s’est montré favorable à la démarche des évêques. Joseph Kabila, de son côté, n’a pas encore officiellement réagi. Son camp a promis de répondre à la CENCO-ECC par écrit. Corneille Nangaa, pour sa part, se montre ouvert au dialogue tout en nourrissant le désir de faire tomber Kinshasa militairement. Face à un tel tableau, les consultations lancées par Félix Tshisekedi à travers son conseiller risquent de ne pas dégager un large consensus autour de cette agression militaire.
Le risque d’une amnistie
Pour résoudre la crise de manière générale, il y a risque de retomber sur l’amnistie pour blanchir les seigneurs de guerre. Le responsable de la presse présidentielle, Eric Nyindu, a affirmé que le camp de Joseph Kabila ne participerait pas au projet du gouvernement d’union nationale en raison de son soutien à l’Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa. Cela démontre qu’il sera difficile de dégager un consensus sans amnistier certains rebelles avérés, tels que Corneille Nangaa. L’opinion nationale percevrait cela comme une insulte à la mémoire de plus de 3000 victimes tuées en janvier dernier à Goma par l’AFC/M23, sans compter d’autres milliers tombés suite à cette agression rwandaise masquée par cette rébellion.