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Majorité parlementaire: La Remontada de Félix TSHISEKEDI

En un temps, deux mouvements, le président Félix Tshisekedi a renversé la situation, en prenant le contrôle des deux chambres du Parlement au détriment de son prédécesseur, Joseph Kabila. Retour sur la déferlante vague de l’Union sacrée de la nation.

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A vec plus de deux tiers de députés nationaux et sénateurs, le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila contrôlait quasiment toutes les institutions au terme des élections générales du 30 décembre 2018, à l’exception de l’Institution Président de la République. Son candidat, le dauphin Emmanuel Ramazani Shadary, n’ayant terminé que troisième à la présidentielle, la plus haute institution du pays revenait à Félix Tshisekedi Tshilombo, donné vainqueur par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et confirmé par la Cour constitutionnelle. Mais avec une large majorité au Parlement et dans les assemblées provinciales, la famille de Joseph Kabila avait les raisons de très vite se consoler de la déculottée subie à la présidentielle.

 Dans le cadre d’un accord conclu avec le Cap pour le changement (CACH) de Félix Tshisekedi, le FCC se taille logiquement la part du lion : le premier ministre est nommé dans ses rangs avec un gouvernement dominé par ses délégués. Les bureaux à l’Assemblée nationale et au Sénat sont dominés et dirigés par ses membres. Tous les gouverneurs de province ou presque sont du FCC. Les mandataires publics également. La citadelle FCC était imprenable, jusqu’à ce 6 décembre 2020 quand Félix Tshisekedi décide de renverser la situation. Il a annoncé avec fracas, après ses consultations politiques de trois semaines, la fin de la coalition FCC-CACH. Pour la première fois, le chef de l’Etat reconnaît que le gouvernement de ladite coalition « n’a pas permis de mettre en œuvre le programme pour lequel vous m’avez porté à la magistrature suprême ».

Le bureau Mabunda tombe

Dans la foulée, il a annoncé la désignation d’un informateur qui aura la charge d’identifier une nouvelle majorité dans le cadre de l’Union sacrée qu’il entend comme « une nouvelle conception de la gouvernance basée sur les résultats dans l’intérêt supérieur de la Nation ». « Il s’agit d’adhérer aux principes, valeurs et cadre programmatique dont je viens de fixer ici les grandes lignes », avait-il souligné. 

Dès lors, les choses iront vite, alors très vite, prenant de court la redoutable machine politique de Joseph Kabila. Quatre jours après, c’est Jeanine Mabunda et tout son bureau qui seront destitués à l’Assemblée nationale par la majorité des députés après un vote de déchéance. Un premier indice du renversement de la majorité à l’Assemblée nationale se dessine. Le 28 janvier, le rapport présenté par l’informateur Modeste Bahati au chef de l’Etat indique que 391 députés nationaux ont fait allégeance à l’Union sacrée de la nation. Parmi eux, beaucoup viennent du FCC, à l’instar de Lambert Mende, Jean-Pierre Lihau, Alphonse Ngoyi Kasanji. D’autres des regroupements pro-Moïse Katumbi et pro-Jean-Pierre Bemba rejoignent le navire. « Nous avons une majorité écrasante. Il n’y aura pas beaucoup de peine pour que le gouvernement de l’Union Sacrée puisse recevoir l’investiture de l’Assemblée nationale », se satisfait Modeste Bahati. 

Le gouvernement Ilunkamba défenestré

 Afin de laisser le champ libre à ce gouvernement de l’Union sacrée de la nation, il fallait déjà défenestrer celui du FCC-CACH dirigé par Ilunkamba. Sur un total de 377 députés présents à la plénière, 367 ont voté pour la motion de censure contre le gouvernement, en l’absence du Premier ministre et de son équipe. Sylvestre Ilunkamba a décliné l’invitation du bureau d’âge qui, selon lui, n’avait pas compétence de conduire pareil exercice. Après un brin de résistance, il va se plier à la décision des députés et déposera sa démission le 29 janvier auprès du président de la République.

L’Assemblée nationale en poche, le ticket Union sacrée pour l’élection du Bureau définitif est passé comme une lettre à la poste, le 3 février. Christophe Mboso, président du bureau d’âge, est élu président de la chambre basse. Jean-Marc Kabund, président a.i. de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel, retrouve son poste de Premier Vice-président de la chambre, perdu six mois auparavant, après un bras de fer avec le FCC autour de l’état d’urgence sanitaire décrété par le Chef de l’Etat.

Le Président de la République et les membres du bureau définitif de l’Assemblée nationale

Thambwe Mwamba renversé

La déferlante vague de l’Union sacrée n’a pas attendu la session ordinaire de mars 2021 pour renverser le bureau du Sénat. Alors que la session extraordinaire était clôturée le 2 février la date même de son ouverture, le secrétaire général du Sénat a convoqué une plénière en vue de l’installation du bureau d’âge dirigé par le sénateur Léon Mamboleo Muguba, le 4 février pour examiner la pétition signée par une soixantaine de sénateurs contre le président de cette prestigieuse Institution et les autres membres du Bureau. Avant même le vote-sanction, le président du Sénat Alexis Thambwe Mwamba va déposer sa démission, non sans dénoncer « l’irrégularité de la procédure initiée en violation de la Constitution et du règlement intérieur [du Sénat] ».

Avant lui, les autres membres du bureau de la chambre haute avaient jeté l’éponge. Seul, le Premier vice-président, Samy Badibanga, proche de Félix-Antoine Tshisekedi, a gardé son poste, sa pétition ayant été rejetée par le Bureau d’âge, faute de la présence de son initiateur le jour de son examen. Comme à l’Assemblée nationale, les postes au bureau du Sénat seront vraisemblablement glanés par l’Union sacrée de la nation.

Seul maître à bord

En un temps, deux mouvements, Félix-Antoine Tshisekedi a « déboulonné » le système de son prédécesseur en s’adjugeant une majorité parlementaire confortable. La dissolution de l’Assemblée nationale, brandie comme plan B par le chef de l’Etat en cas d’échec de la mission d’informateur, n’aura finalement pas lieu, tant l’édifice FCC s’est effondré comme un château de cartes. Maintenant, le fils du Sphinx sera le seul maître à bord. Il devrait placer une équipe gouvernementale capable de matérialiser enfin sa promesse électorale. Désormais, il n’aura plus d’excuses, lui qui n’a qu’environ trois ans pour convaincre, avant une nouvelle bataille électorale.

 Socrate NSIMBA

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RDC : la CENCO confirme l’intention de négocier avec l’AFC/M23

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La Conférence nationale épiscopale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) ont entamé des consultations avec la classe politique et la société civile. Après avoir rencontré le président de la République, Félix Tshisekedi, l’opposant Martin Fayulu et le président de l’Assemblée nationale, les prélats n’excluent pas de rencontrer l’AFC/M23 dirigée par Corneille Nangaa. Ce dialogue envisagé portera sur quoi ? C’est la grande question.

Après avoir rencontré le chef de l’État, le président de la CENCO, Monseigneur Fulgence Muteba, a échangé, le 3 février, avec le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe. Ce prélat a présenté à son hôte le plan de sortie de crise intitulé « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble », préparé par son organisation. Les prélats catholiques et protestants envisagent de faire le tour de la classe politique et de la société civile pour créer une adhésion à ce projet de paix. Ils ont également rencontré, le 4 février, l’opposant Martin Fayulu, président du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECIDé). D’après le révérend Eric Nsenga de l’ECC, ces rencontres préparent un « grand forum » à venir, sans donner plus de détails sur le format de ce forum.

De son côté, le secrétaire général de la CENCO, Mgr Donatien Nshole, n’a pas fait mystère de la démarche de ces deux églises : dialoguer avec les rebelles du M23-AFC. « Nous voulons la paix. Nous voulons une solution alternative à la guerre. La guerre est menée par ceux qui ont pris les armes. Ça n’aurait pas de sens de les mettre à côté et d’espérer trouver la paix sans eux. », a déclaré Donatien Nshole, assurant que l’AFC/M23 sera aussi consultée dans le cadre des consultations menées par l’Église catholique et l’ECC.

Sur quoi portera le dialogue ?

Initier une démarche de paix et de cohésion nationale est une chose, trouver les points de divergence et les résoudre en est une autre. Le dialogue initié par les églises va porter sur quel sujet ? La remise en cause de la légitimité de Félix Tshisekedi ? L’application des accords du 23 mars pour le M23 ? L’amnistie après le massacre de près de 3000 Congolais à Goma ? L’entrée des belligérants dans les institutions, y compris l’armée et la police ? Voilà autant de questions complexes qui risquent de compliquer la démarche des prélats. Corneille Nangaa ainsi que ses partenaires du M23 voudront trouver l’absolution des crimes commis tout au long de leur croisade militaire qui les a conduits jusqu’à Goma. Kinshasa, qui risque d’aller à cette table de discussion en position de faiblesse, n’aura pas assez de marge de manœuvre pour imposer de nouvelles lignes rouges après l’occupation de Goma.

Assemblée nationale obligée de se dédire

L’Assemblée nationale, qui a convoqué une session extraordinaire le 4 février, est obligée de se dédire après avoir interdit au gouvernement, en 2022, de négocier avec le M23. L’Assemblée nationale avait déclaré, à son tour, le M23 comme étant un groupe « terroriste » et que le gouvernement ne devrait pas négocier avec eux. Cette décision est contenue dans une note de recommandation prise en novembre 2022 à l’intention du gouvernement. Avant le début des discussions avec l’AFC/M23, la chambre basse du parlement devrait alors délier les mains du gouvernement pour lui permettre de prendre langue avec ce groupe rebelle. Déjà à l’époque, Moïse Nyarugabo, alors député national, prévenait l’Assemblée nationale du risque d’une telle mesure. « Nous sommes un pays en guerre. On ne peut pas fermer toutes les portes de négociation. Ça ne serait pas sage de fermer les portes qui peuvent servir d’issue à un moment donné », avait-il déclaré après le vote d’adoption de cette recommandation. Aujourd’hui, l’évolution de la crise sécuritaire semble lui donner raison. L’enjeu majeur dans ce volet de discussion, c’est de savoir jusqu’où le gouvernement pourrait fléchir pour satisfaire les revendications de l’AFC/M23.

Heshima

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Crise sécuritaire en RDC : la CENCO peut-elle recréer l’unité autour de Tshisekedi ?

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La prise de la ville de Goma par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) et l’armée rwandaise rend quasi inévitables des discussions politiques entre Kinshasa, Kigali et même avec les rebelles. Une délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) pourrait rencontrer le président Félix Tshisekedi, ce lundi 3 février 2025, pour échanger probablement autour de la grave crise sécuritaire qui frappe la République démocratique du Congo (RDC). Est-ce un début de discussion avec l’opposition politique ? Décryptage.

La CENCO pourrait être reçue, ce lundi 3 février, par le président de la République, Félix Tshisekedi. Si la Présidence ne confirme pas la nouvelle, elle ne dément pas non plus l’existence d’une telle rencontre. Monseigneur Fulgence Muteba, évêque du diocèse de Lubumbashi et président de la CENCO, serait déjà à Kinshasa pour ce rendez-vous. Entre Félix Tshisekedi et les évêques catholiques, un seul sujet pourrait dominer la rencontre : la crise sécuritaire qui sévit dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et de l’Ituri. Après la prise de Goma par les rebelles du M23 avec l’armée rwandaise, des discussions politiques semblent devenues inévitables. Pour le secrétaire général de cette organisation, Mgr Donatien Nshole, la CENCO est prête à répondre à l’appel au dialogue, mais il est nécessaire de commencer par une rencontre avec le chef de l’État avant d’entamer les consultations avec le reste de la classe politique et sociale. « À la demande de Félix Tshisekedi de réunir tout le monde pour un dialogue, nous commencerons par le rencontrer afin de lui exposer la quintessence de notre démarche. Ensuite, nous rencontrerons les autres parties prenantes. C’est une réponse à son appel », a déclaré Mgr Nshole. À cette occasion, la CENCO pourrait exprimer son point de vue par rapport à la crise sécuritaire et évoquer d’éventuelles pistes de solution.

Dialoguer avec qui ?

Le gouvernement congolais avait tracé une ligne rouge à ne pas franchir : celle de dialoguer avec les rebelles du M23. Le président Félix Tshisekedi l’a même répété devant les diplomates, en janvier dernier, lors de la cérémonie d’échange des vœux. Devant sa famille politique de l’Union Sacrée de la Nation, il soutenait que même si les rebelles arrivaient devant sa résidence de la Cité de l’Union africaine, il ne négocierait pas avec eux. Mais face à une percée des rebelles dans le Nord-Kivu, notamment avec la prise de Goma et la menace qui pèse sur Bukavu, la donne pourrait bien changer. Les évêques risquent de se voir revêtus d’une mission plus large, celle de consulter toutes les parties : opposition politique, société civile, y compris les belligérants.

L’autre difficulté, c’est celle de voir le M23 accepter cette offre de dialogue. Alors qu’il réclamait des discussions directes avec Kinshasa, ce mouvement rebelle a, depuis un certain temps, changé de cap. Les rebelles affichent pour objectif de continuer leur offensive militaire dans l’Est de la RDC. Ce qui signifie que l’ouverture d’une négociation directe avec le gouvernement congolais, qui était jusqu’ici une exigence phare des rebelles et de leur protecteur rwandais, n’est apparemment plus considérée comme d’actualité. Corneille Nangaa affiche son désir de marcher sur Kinshasa.

Dialogue après un lourd bilan humain à Goma

Les consultations de la CENCO veulent s’ouvrir après que le pays a perdu des centaines de ses fils et filles, tombés essentiellement entre le 28 et le 30 janvier lors des affrontements entre l’armée rwandaise en appui au M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) pour le contrôle de Goma. Le bilan de ce carnage s’élève jusque-là à 773 morts et 2 880 blessés recensés dans des structures sanitaires, selon le porte-parole du gouvernement. Ces chiffres ont été rendus publics au cours d’un briefing presse co-animé avec le ministre de la Santé, Samuel Roger Kamba. Selon Patrick Muyaya, les corps sont entassés dans les tiroirs des morgues des hôpitaux.

Le ministre de la Communication et des Médias a martelé le fait que ces chiffres représentent le minimum de ce qui s’est passé. « On a enregistré des attaques contre des enfants, des nouveau-nés, la maternité. Les capacités de chirurgie sont réduites et ils reçoivent un nombre plus élevé de malades, sans oublier la coupure d’eau et d’électricité. À côté de cela, la fatigue et le stress dans lequel le personnel médical travaille. Et dans un élan de solidarité, il a été demandé à la population de donner de son sang. Cette campagne de collecte de sang a pour but d’aider ces militaires, des Wazalendo », a-t-il déclaré.

Le pays et sa tradition de dialogue

L’histoire des dialogues politiques en RDC face à la crise sécuritaire ou politique est marquée par une série d’initiatives et de négociations visant à résoudre des conflits internes et à rétablir la paix dans un contexte de violences armées récurrentes. La RDC, avec ses nombreuses régions affectées par des groupes armés, a été le théâtre de multiples dialogues au fil des décennies.

Le dialogue inter-congolais (2002-2003)

Ce dialogue est l’un des plus importants de l’histoire politique récente du pays. Il a été initié après la guerre du Congo (1998-2003) qui a opposé plusieurs factions, soutenues par des puissances étrangères, principalement le Rwanda, l’Ouganda et certaines multinationales. Le dialogue inter-congolais, facilité par l’Organisation des Nations Unies (ONU) et d’autres partenaires internationaux, a abouti à un accord de partage du pouvoir avec la formule d’un président de la République et de quatre vice-présidents (1+4), qui a formé un gouvernement de transition dirigé par le président Joseph Kabila, de 2003 à 2006.

Les Accords de Lusaka (1999)

Bien que précédant le dialogue inter-congolais, ces accords ont été un autre moment clé de l’histoire de la RDC. En réponse à l’intensification des conflits internes, la RDC a signé les Accords de Lusaka avec plusieurs groupes rebelles, dont le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) dirigé par Azarias Ruberwa, le RCD/KML (Kisangani Mouvement de Libération) d’Antipas Mbusa Nyamwisi et des puissances étrangères impliquées dans le conflit. Ces accords ont cherché à instaurer un cessez-le-feu et ont ouvert la voie à des négociations pour résoudre la crise sécuritaire.

Accords de Nairobi 2013-2014

Face à l’expansion territoriale du groupe rebelle M23 dans l’Est du pays, un nouveau dialogue a été lancé, soutenu par la communauté internationale. Le gouvernement congolais et les rebelles ont négocié à Nairobi, ce qui a permis de mettre fin à la rébellion en 2013, bien que les tensions sécuritaires dans la région soient restées persistantes, marquées par la présence de divers groupes armés. Mais huit ans plus tard, le mouvement a resurgi avec les mêmes parrains.

Le dialogue politique national (2016)

La crise sécuritaire, couplée aux tensions politiques internes concernant la fin du mandat de l’ancien président Joseph Kabila, a conduit à un autre dialogue en 2016. Ce dernier, surnommé « dialogue de la Cité de l’Union africaine » et facilité par l’ancien Premier ministre togolais, Edem Kodjo, visait à résoudre la crise électorale et à trouver un consensus sur la gestion de la transition. Mais l’accord n’avait pas permis de fédérer toute l’opposition. Un autre round a été ouvert, en décembre 2016, sous la médiation de la CENCO. Un accord de transition a été trouvé, permettant de prolonger le mandat de Joseph Kabila jusqu’à l’élection de 2018. La crise sécuritaire, quant à elle, a continué de se renforcer avec les rebelles ADF au Nord-Kivu et en Ituri, mais aussi avec la CODECO. Toutefois, le dialogue a permis de stabiliser la situation politique à court terme.

Les initiatives récentes et le rôle de la MONUSCO

Avec l’intensification des violences dans l’Est de la RDC, des dialogues se poursuivent, mais sont de plus en plus complexes. L’ONU, à travers la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC (MONUSCO), intervient militairement et diplomatiquement pour essayer d’apaiser les tensions. Le gouvernement congolais et les groupes rebelles continuent de participer à des pourparlers de paix, bien que les résultats restent fragiles. Comme c’est le cas avec le processus de Nairobi, qui avait réuni plusieurs groupes armés, notamment le M23. Mais ce dernier avait quitté la table de discussion pour reprendre les armes jusqu’à ce jour.

Heshima

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Conflits en RDC : Plongée dans le M23 d’hier et d’aujourd’hui… 

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Depuis le 28 janvier, les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), soutenus par le Rwanda, occupent la ville de Goma, au Nord-Kivu. Ils tentent d’élargir leur emprise sur d’autres parties de la République démocratique du Congo (RDC). Que veulent exactement ces rebelles ? Que reprochent-ils au gouvernement ? Retour sur leurs revendications de 2012 et celles d’aujourd’hui. 

Héritier du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de l’ancien rebelle Laurent Nkunda, le M23 poursuit des revendications variées. Mais au départ, en 2012, ils réclamaient principalement l’application de l’accord du 23 mars 2009 signé entre le gouvernement et la rébellion du CNDP. Cet accord contient une clause demandant la mise en place d’un nouveau modèle de découpage du territoire national fondé sur « la nécessité d’une meilleure prise en compte possible des réalités sociologiques du pays ». L’accord inclut aussi la reconnaissance des provinces du Nord et du Sud-Kivu comme des « zones sinistrées ».

Genèse du M23 en 2012

En 2009, après la transformation en parti politique du groupe armé CNDP de Laurent Nkunda à la suite de cet accord de paix, ses éléments armés intègrent alors les FARDC via un brassage. Ils ont même exigé de porter les mêmes grades qu’ils possédaient au sein de la rébellion du CNDP. Mais en avril 2012, ces officiers parmi lesquels Sultani Makenga et Bernard Byamungu désertent l’armée. Un mois plus tard, soit le 6 mai 2012, ils créent le Mouvement du 23 mars (M23), considérant que le gouvernement congolais ne respectait pas les accords de paix signé le 23 mars 2009 avec le CNDP.

Occupation de Goma et négociations en 2013

Très vite, la nouvelle rébellion occupe une partie de la province du Nord-Kivu. Le 20 novembre 2012, ils s’emparent de Goma, chef-lieu de la province. Ils quitteront la ville après des pressions internationales, notamment avec l’influence de Yoweri Museveni, le président ougandais. « Nous nous sommes rendus en Ouganda pour discuter avec le président Yoweri Museveni du retrait du M23 de Goma. (…) Le président Museveni a juste pris son téléphone et appelé quelqu’un pendant 30 minutes. Le lendemain, le M23 s’est retiré de Goma sans coup de feu. », a expliqué l’ancien ambassadeur de la RDC en Ouganda, Jean-Charles Okoto. Ces négociations ont eu lieu essentiellement en Ouganda. Les rebelles acceptent de se retirer loin de Goma et s’installe dans les collines de Runyonyi et Chanzu. Mais une dissension interne va naitre entre le général auto-proclamé Sultani Makenga et Bosco Ntaganda. Ce dernier est alors sous mandat d’arrêt international lancé par la Cour Pénale Internationale (CPI). Sultani Makenga, chef de la branche militaire, va révoquer son chef politique, Jean-Marie Runiga, jugé trop proche de Bosco Ntaganda. Un bicéphalisme s’installe dans le groupe. D’une part, la faction Makenga et de l’autre, celle de Runiga. C’est dans ces entrefaites que l’armée congolaise, appuyée par la Brigade d’intervention (FIB) de la MONUSCO, va lancer des offensives contre ces rebelles affaiblis par les dissensions internes. En novembre 2013, ils seront défaits militairement par l’armée. La branche Runiga fuit au Rwanda et celle de Makenga, en Ouganda.  

Soutien extérieur et sanctions

En 2012-2013, le M23 a reçu le soutien militaire et logistique de la part du Rwanda mais aussi de l’Ouganda. Les Etats-Unis, la RDC et des experts de l’ONU avaient accusé les autorités de Kigali de soutenir militairement la rébellion du M23. Des sanctions avaient été prises contre Kigali. A l’époque, le sous-secrétaire d’Etat américain pour l’Afrique, Linda Thomas-Greenfield, avait révélé des mesures de sanctions contre le Rwanda sur la base d’une loi américaine de 2008 sur la protection des enfants soldats. Ce qui avait conduit à la fin de toute assistance américaine en termes de formation et d’entraînement militaire en faveur du Rwanda pour l’année budgétaire 2014. Cette assistance était évaluée, en 2013, à près de 500.000 dollars. D’autres aides avaient été également suspendues par Washington.                    

Discussions de paix à Nairobi

Après la défaite militaire, les discussions sont lancées à Nairobi, au Kenya. Déjà, le 5 novembre 2013, le M23 déclare mettre un terme à la rébellion. Les troupes du M23 sont désarmés et transférés dans des camps en Ouganda. Le 12 décembre, un accord de paix est signé à Nairobi, mettant fin officiellement à la rébellion. L’annonce de la signature de l’accord a été faite par le président ougandais, Yoweri Museveni. Les trois documents signés entre Kinshasa et le M23 réaffirment la dissolution de ce mouvement en tant que groupe armé et précisent les modalités de la démobilisation ainsi que la renonciation de ses membres à la violence pour faire valoir leurs droits. « Il n’y a pas d’amnistie générale. Ceux qui sont présumés s’être comportés de façon criminelle sur le plan du droit international, avoir commis des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité ne seront pas réinsérés dans la société », avait précisé Lambert Mende, à l’époque porte-parole du gouvernement.

Revendications du M23 en 2025

Entre 2012 et 2025, les revendications de la rébellion ont évolué. Même s’il y a certaines constances, ce mouvement s’adapte souvent à l’actualité. Rejoint par l’Alliance Fleuve Congo de l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, ce mouvement (AFC-M23) revendique désormais la prise de pouvoir à Kinshasa. Ce groupe armé a annoncé, le 30 janvier, vouloir « rester » à Goma, et « continuer la marche de libération » jusqu’à la capitale Kinshasa. Ils accusent également le président Félix Tshisekedi de n’avoir pas remporté l’élection présidentielle de 2023. Corneille Nangaa, qui devient le porte-voix politique du M23, a aussi mentionné des discriminations de faciès dont les communautés « kinyarwandaphones » seraient victimes en RDC. Lors de la prise de Minova, au Sud-Kivu, cet ancien président de la CENI avait même déclaré vouloir marcher sur Kinshasa pour instaurer le « fédéralisme » au sommet de l’Etat. Une forme d’Etat qui permettrait aux provinces du pays d’être presque autonomes.        

Les mêmes parrains en 2025

Comme en 2012, le M23 garde les mêmes parrains en 2025. Les Nations unies ont accusé, dans un rapport du groupe d’experts sur la RDC, l’armée rwandaise d’avoir déployé « entre 3000 et 4000 » soldats dans l’Est de la RDC pour appuyer les rebelles du M23 dans sa conquête d’espace au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, provinces frontalières notamment avec le Rwanda et l’Ouganda. Les experts de l’ONU affirment dans leur rapport, présenté le 8 juillet 2024, que des officiers rwandais ont « de facto pris le contrôle et la direction des opérations du M23 » qui s’est emparé de plusieurs localités depuis fin 2021.

Des sanctions s’annoncent contre le Rwanda

Après l’occupation de Goma, l’Allemagne a suspendu, le 28 janvier, des discussions prévues avec le Rwanda sur son aide au développement, exigeant le retrait – de l’Est de la RDC – des forces rwandaises et de leurs alliés du M23. Des « consultations gouvernementales » entre Berlin et Kigali, programmées en février, ont été annulées, a déclaré un porte-parole du ministère allemand du Développement et de la Coopération économique. Le Parlement européen envisage aussi des lourdes sanctions contre Kigali. La Grande-Bretagne – une alliée indéfectible du Rwanda – a condamné ce pays après l’occupation de Goma et des autres entités congolaises. Chaque jour qui passe, la pression internationale pour adopter des mesures contre le Rwanda s’intensifie. Le Parlement européen envisage de suspendre le protocole d’accord ayant pour objectif « de renforcer le rôle du Rwanda » dans le développement de « chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières critiques. » Un accord que Kinshasa avait dénoncé, qualifiant l’Union européenne de mener une « guerre par procuration » contre la RDC avec l’idée de piller ses minerais stratégiques. Selon Kinshasa, le Rwanda ne possède pas ces richesses, Kigali pille ces minerais au Congo.   

Faut-il négocier ou poursuivre les affrontements ?

Le 29 janvier, dans un message télévisé, le chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, a refusé de s’avouer vaincu. Il a assuré qu’une « riposte vigoureuse et coordonnée » de l’armée congolais (FRADC) était en cours, mettant en garde contre le risque d’une escalade régionale incontrôlée. Mais Félix Tshisekedi n’a pas fermé complètement la porte à des négociations. Il a évoqué un dialogue « lucide » mais pas directement avec le M23. Certaines voix congolaises s’élèvent et commencent déjà à penser à une hypothèse de discussions directes, après les revers subis par l’armée. Mais cette option est perçue par Kinshasa comme un retour à la case départ. Le gouvernement congolais perçoit cette rébellion comme un « patin » du Rwanda et que s’il y a à négocier, il faudrait directement le faire avec Kigali.           

Heshima

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