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Kabila, enferré !

Depuis 1960, année de son indépendance, la République Démocratique du Congo a connu cinq Chefs d’Etat, chacun d’eux présentant une particularité. Joseph Kasavubu, un excellent gestionnaire ; Joseph Mobutu, l’unificateur du Congo, Laurent-Désiré Kabila, l’homme qui a insufflé le vent de nationalisme, Joseph Kabila, considéré comme celui qui a permis la première alternance politique et pacifique et Félix Tshisekedi actuellement au pouvoir avec des réformes majeures comme l’état de droit et la gratuité de l’enseignement primaire. Quatrième président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila restera sans nul doute dans les annales de l’histoire politique du Congo non seulement du fait de sa longévité au sommet de l’Etat après Mobutu, mais aussi et surtout à cause de sa manière de gérer, de procéder, de faire.

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C’est à l’âge de 29 ans que Joseph Kabila, arrivé quatre ans plus tôt à Kinshasa avec les rebelles de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération (AFDL) tombeurs de Mobutu, accède au pouvoir comme Président de la République, succédant à son père Laurent-Désiré Kabila assassiné dans son bureau du Palais de Marbre. Imprévisible et fin stratège, Kabila a passé près de dix-huit ans à la tête de la Rdc. Un bail caractérisé par une étonnante fragilisation des adversaires politiques même les plus intraitables autrefois.

Sur le terrain des élections démocratiques qu’il a organisées à trois reprises (2006, 2011, 2018) comme par des stratégies dont il est le seul à en maîtriser les secrets, Joseph Kabila a réussi, tour à tour, à neutraliser l’opposition et diriger seul toutes les institutions du pays. Et même lorsqu’en 2016 son deuxième et dernier mandat expire, il a su trouver des ressources pour glisser et jouir encore quelques instants du pouvoir. A ce jour où, au terme d’une coalition qui n’a pas marché avec Félix Tshisekedi, son successeur, Joseph Kabila dont la majorité dans les différentes

institutions du pays n’a finalement pas su barrer la route à la politique de Tshisekedi, connaît un tournant de sa vie avec un avenir jusqu’ici trouble. Heshima Magazine entre dans les méandres de l’histoire pour retracer le parcours politique de Joseph Kabila en mettant un accent particulier sur sa force de frappe.

D’abord, les anciens rebelles

Il débauche au sein du MLC, RCD et autres. Il se rapproche de plusieurs bras droits de ses anciens ennemis. Olivier Kamitatu, Lambert  Mende, Alexis Thambwe Mwamba, Kin Nkiey Mulumba… qui étaient dans les rébellions, sont devenus très vite les alliés de Joseph Kabila. Ce qui affaiblit davantage ses adversaires.

Etant Commandant Suprême des forces armées de la RDC, Joseph s’offre stratégiquement l’allégeance de tous les anciens Officiers des anciens Mouvements rebelles. Si avec le RCD, Kabila avale tous ses animateurs congolais, avec les autres partis et mouvements politiques, il a réussi à démonétiser leurs leaders. Sa stratégie, les présenter à l’opinion, comme des gens tournés vers les intérêts immédiats. Comme toute personne qui a vécu dans les pays orientaux de l’Afrique, Joseph Kabila sait comment séduire et se servir d’un ex-Zaïrois. Il semble aussi connaitre les faiblesses de l’exZaïrois : la bière, la femme et l’ambiance. Ce sont ces astuces dont il s’est servi pour abattre tous ses adversaires. Il semble savoir qu’avec un peu d’honneurs : jeep, hautes fonctions, gardes du corps, l’homme politique zaïrois est capable de vendre son pays, voire ses reins. Sur ce plan, Joseph Kabila a travaillé pour fragiliser l’opposition politique. De grands mouvements et partis politiques ont été étouffés et n’existent plus aujourd’hui que de noms. De grandes idoles ou de grands mythes de la poliitiques, il a réussi à démonétiser leurs leaders. Sa stratégie, les présenter à l’opinion, comme des gens tournés vers les intérêts immédiats. Comme toute personne qui a vécu dans les pays orientaux de l’Afrique, Joseph Kabila sait comment séduire et se servir d’un ex-Zaïrois. Il semble aussi connaitre les faiblesses de l’exZaïrois : la bière, la femme et l’ambiance. Ce sont ces astuces dont il s’est servi pour abattre tous ses adversaires. Il semble savoir qu’avec un peu d’honneurs : jeep, hautes fonctions, gardes du corps, l’homme politique zaïrois est capable de vendre son pays, voire ses reins. Sur ce plan, Joseph Kabila a travaillé pour fragiliser l’opposition politique. De grands mouvements et partis politiques ont été étouffés et n’existent plus aujourd’hui que de noms. De grandes idoles ou de grands mythes de la politique congolaise ont été réduits en cendres. En grand félin, Joseph Kabila n’attaque pas en face. Il court doucement derrière ses adversaires, les embrasse par la suite, avant de les étrangler et les laisser à terre.

Jean Pierre Bemba Gombo 

Sentant que Jean-Pierre Bemba était son farouche adversaire durant la transition, le stratège Joseph Kabila s’est consacré à le détruire de l’intérieur. Joseph Kabila s’est consacré à faire du MLC son lit toutes les fois que son pouvoir ballotait. Il a débauché tous les grands de cet ancien mouvement armé. D’abord, il vide le MLC de toutes les têtes grises et les cerveaux qui ont beaucoup travaillé à consolider cet ancien mouvement rebelle. Tous deviennent ses alliés : Olivier Kamitatu, François Muamba, José Edundo, Thomas Luhaka, Yves Kisombe, Adam Bombole, Germain Kambinga … sont tous devenus les alliés de Kabila. Avant cela, le triangle Kinshasa – Bangui – Haye est établi. Joseph Kabila réussit à s’éloigner d’un ennemi très redoutable. JeanPierre Bemba est arrêté et détenu par la Cour Pénale Internationale. Et ce, durant tous les deux mandats de Joseph Kabila. Il n’est libéré et acquitté qu’après épuisement de ses deux mandats constitutionnels avec une écharde qui ne peut lui permettre de postuler à n’importe quel niveau suite à sa condamnation pour subornation des témoins.

Jean pierre Bemba Gombo président du MLC

PALU et Antoine Gizenga

Après la Transition, Joseph Kabila a constaté que deux espaces linguistiques lui sont hostiles, outre les deux Kasaï pour des raisons évidentes. Il s’agit des Bangala et des Bakongo. Deux leaders représentent ces espaces : Antoine Gizenga et Nzanga Mobutu. Après le premier tour du scrutin présidentiel de 2006, Joseph Kabila se rapproche de ses deux opposants. Ils forment ensemble l’Alliance pour la Majorité Présidentielle. Antoine Gizenga est nommé Premier Ministre ; tandis que Nzanga Mobutu est Vice-premier ministre d’abord chargé de l’agriculture, puis du Travail, emploi et prévoyance sociale. Kabila réussit ainsi à déboulonner deux b a o b a b s . Nzanga est terrassé ; tandis que Gizenga est démystifié. Le « dieu » de Gungu est poussé à la honte nationale lorsqu’il lui est demandé de démissionner suite au poids de l’âge qui le faisait endormir au Bureau. Il est remplacé par Adolphe Muzito présenté comme son neveu. Le PALU devient automatiquement un parti clanique. Les hautes charges revenant à ce parti sont confiées essentiellement aux proches parents biologiques d’Antoine Gizenga. Kabila fait ainsi un grand coup.

Antoine Gizenga Fundji leader du Palu de 1964 à 2019

Surtout lorsque nommé au Ministère du Budget, puis Premier Ministre, le neveu d’Antoine Gizenga, Adolphe Muzito s’offre une course à l’enrichissement rapide et vertigineux. A sa sortie du gouvernement, c’est un autre Kabiliste, en la personne de GECOCO MULUMBA, alors Député provincial PPRD qui est chargé d’étaler cette richesse de l’ancien Premier Ministre sur la place publique. Kabila emprisonne ainsi le PALU qui ne fera plus opposition contre lui.

Nzanga Mobutu

La famille de l’ancien dictateur est aussi réduite en cendres par Joseph Kabila avec la nomination de Nzanga Mobutu au poste de Vice-premier Ministre. Il est Vice-premier Ministre sans portefeuille précis. Cela rappelle l’époque où il a été nommé Ministre d’État en charge des Besoins Sociaux de base. Creux ou sans contenu. Peu à peu, Nzanga a été pressé tel un citron vidé de sa substance jusqu’à être éjecté du Gouvernement par révocation. Et l’histoire de l’UDEMO, Union des Démocrates Mobutistes s’arrêta net là. 

Nzanga Mobutu

 Les autres Vital Kamerhe, Joseph Olenga Nkoy, Delly Sesanga, José Makila, Steve Mbikayi, Emery Okundji, Jean-Lucien Bussa, Basile Olongo, Clément Kanku, Ingele Ifoto, Justin Bitakwira,… ont été engloutis par Joseph Kabila. Tous ont été balayés. D’abord, avec les concertations nationales, puis avec le Dialogue de la Cité de l’OUA et enfin avec le Dialogue du Centre Interdiocésain. Kabila a réussi à tout arranger pour lui et rien contre lui. Et l’UDPS Après avoir mis tout à son compte et pour son compte, il ne restait que l’UDPS avec le Sphinx de Limete. Kabila envisage comment détruire le mythe. Toutes les tentatives échouent. Il a failli réussir en infiltrant la famille du Sphinx par les pourparlers de Venise et d’Ibiza. Interrompus, ces pourparlers seront poursuivis dans le cadre des préparatifs du dialogue de la Cité de l’Union Africaine. L’UDPS boycotte ce dialogue.

 Vital Kamerhe le sanctifie en y participant avec Samy Badibanga comme Chef de la délégation de l’opposition. Alors qu’il attendait être remercié comme Premier Ministre, Vital Kamerhe est surpris par la nomination de Samy Badibanga. Il refuse de participer dans ce Gouvernement et y laisse ses poulains. C’était une manière de démonétiser l’UDPS Samy Badibanga. Après lui, c’est le dialogue du Centre Interdiocésain. 

Celui-ci aussi vise toujours la fragilisation de l’UDPS. Raison du recrutement de l’ancien détenu Bruno Tshibala Nzenzhe. C’est avec lui que les élections ont étéorganisées en décembre 2018. Coalition FCC-CACH, un nouveau départ qui n’est jamais parti ! De toutes les alliances qu’a conclues Joseph Kabila, l’histoire retiendra assurément celle issue des élections Présidentielle et législatives de décembre 2018. Son Front Commun pour le Congo (FCC) remporte haut la main les législatives avec près de 338 sièges alors le Cap pour le Changement (CACH) que conduit le tandem Félix-Antoine Tshisekedi et Vital Kamerhe, gagne à la Présidentielle, faisant du fils d’Etienne Tshisekedi, le cinquième président de la RDC. Une situation que n’avait jamais vécue le Congo auparavant et qui poussera les deux camps à lever l’option d’une gestion collégiale de la RDC. Une première. Hélas, ce qui paraissait comme un bel exemple de démocratie en Afrique va vite tourner au vinaigre. Les amours entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila seront un véritable capernaüm. On note parmi les faits qui ont exacerbé la crise : la destitution de Jean-Marc Kabund, président a.i. de l’UDPS au poste de Premier Vice-président de l’Assemblée nationale par le FCC avec le soutien de certains députés Lamuka, la démission du Vice-Premier Ministre de la Justice, membre du FCC, Célestin Tunda ya Kasende, l’affaire du contreseing concernant les nominations du Président Félix Tshisekedi dans l’armée et la justice. La goutte d’eau qui aura débordé le vase est relative au boycott des caciques du FCC parmi lesquels Jeanine Mabunda et Alexis Thambwe Mwamba, alors respectivement Présidente de l’Assemblée et Président du Sénat, à l’invitation du Président Tshisekedi de prendre part à la cérémonie de prestation de serment de trois juges de la Cour Constitutionnelle.

 Le 06 décembre 2020, alors qu’il publie les conclusions des consultations qu’il avait initiées, le Président congolais annonce avec pompe la fin de sa coalition avec le FCC de Joseph Kabila. Une décision ayant fait l’effet d’une bombe avec toutes les implications éventuelles dont la nomination d’un informateur qui doit définir une nouvelle majorité au sein de l’Assemblée nationale, car celle existante, s’est effritée. Même si les poulains de Joseph Kabila considèrent cette annonce de Tshisekedi comme un non-événement, ils ne tarderont pas à faire face à la réalité lorsque le jeudi 10 décembre, suite à une pétition des députés nationaux, le Bureau de l’Assemblée nationale que dirige Jeanine Mabunda tombe à la faveur d’un vote majoritaire des élus du peuple pour une destitution des dirigeants de leur chambre. Pour de nombreux analystes politiques, la messe a été ainsi dite, la majorité pour laquelle le camp Kabila se bombait le torse, s’est avérée inexistante, enterrant dans la foulée la coalition FCC-CACH. Deux ans après sa mise en place, cette coalition n’a pas donné satisfaction au peuple, aucune retombée à se mettre réellement sous la dent. C’est ce qui justifie d’ailleurs la liesse qui a sanctionné la déchéance de Jeanine Mabunda et la consécration de la fin de la coalition.

Bienvenue dans l’opposition !

 Le samedi 05 décembre, Joseph Kabila est annoncé du côté de la Province du Haut-Katanga, des rumeurs fusent alors de partout faisant allusion à un meeting que le leader du FCC doit tenir tandis que d’autres, beaucoup plus alarmistes, pensent déjà à la mise en branle d’une rébellion dans le fief de Kabila. Dans cet imbroglio informationnel, le voyage de Joseph Kabila sera ajourné, d’aucuns estiment que ce déplacement aurait fait de l’ombre au discours du Chef de l’Etat sur les conclusions de ses consultations. Ce n’est qu’après la déchéance de Jeanine Mabunda et l’annonce de la fin effective de la alition FCC-CACH que le premier sénateur ad vitam aeternam, Joseph Kabila sera autorisé de s’envoler le vendredi 11 décembre pour la ville de Kolwezi, chef-lieu de la richissime province du Lualaba. A son arrivée dans la capitale du cobalt, Joseph Kabila porté en triomphe par une foule immense visiblement acquise à sa cause a pris la parole pendant une poussière de minutes en déclarant dans un swahili baignant dans son rare sourire pourtant convivial : « aujourd’hui, je ne suis pas venu parler. Je suis là pour vous saluer et vous dire tout mon amour… ». Des mots forts et profonds qui ont laissé entrevoir le début d’une série des contacts avec le peuple dont il est resté quelque peu éloigné. Un autre son de cloche fait comprendre que Kabila est rassuré du fait qu’il soit le seul membre du Front Commun pour le Congo à réellement travailler pour lui. En 2008, il se plaignait de manquer 15 personnes pour matérialiser sa vision, année après année, il perd ses plus fidèles lieutenants pressés de le remplacer au pouvoir. En 2018, son dauphin à la Présidentielle ne parvient pas à se faire élire Président alors qu’une grosse machine politique, le FCC regroupe d’immenses poids lourds politiques tels que Bahati Lukwebo, José Makila, Jean-Luc ien Busa, Jean-Claude Baende, Aubin Minaku, Evariste Boshab, André Kimbuta, etc. Et surtout quand Kabila pense à ces nombreux millions de dollars mobilisés pour la campagne de son dauphin Shadary dont certaines sources affirment avoir été sérieusement détournés, il a des raisons de ne plus avoir totalement confiance en ses poulains. L’échec lors du vote pour la déchéance de Mabunda au bureau de l’Assemblée nationale a confirmé tous les doutes de Joseph Kabila. Mille et une raisons pour ce nouvel opposant politique congolais de commencer à ratisser large. De la rébellion au pouvoir, Joseph Kabila n’a jamais œuvré dans l’opposition politique, il a toujours été de l’autre côté de la baie, il devra y faire ses premiers pas dans les échéances à venir. Comment ? Fin stratège aimant s’adonner aux surprises et coups de dernières minutes, Joseph Kabila a certainement quelques tours dans ses manches. De l’argent, de l’influence et encore quelques fidèles-caciques dont sa femme Olive Lembe, l’homme n’est pas totalement fini. Il a certes perdu une bataille majeure, cependant, qu’en est-il du reste ? Vivra, verra ! 

HESHIMA

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AFC-M23 DÉCRYPTAGE D’UNE RÉBELLION AUX ALLURES DE L’AFDL

L’Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa qui s’est alliée au Mouvement du 23 mars (M23) continue de recruter. Le ralliement de l’ancien président de la CENI a vite rappelé la conquête du pays par l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila soutenue notamment par le Rwanda autant que l’actuelle rébellion. Bis repetita, tel que perçu comme de trop par les Congolais ! Analyse.

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Créée en décembre 2023, à q u e l q u e s jours de la présidentielle du 20 décembre dernier, l’Alliance Fleuve Congo s’est officiellement ralliée au M23. Dans une mise en place intervenue début février 2024, Corneille Nangaa a été porté à la tête de cette alliance politico-militaire. Il est secondé par Bertrand Bisimwa, leader politique de cette rébellion d’obédience tutsie appuyée par Kigali. Quant à Sultani Makenga, il a été nommé coordonnateur militaire de ce mouvement insurrectionnel.

Depuis plusieurs mois, l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pratiquait le forcing pour revenir sur la scène politique congolaise, avec pour principale cible le président Félix Tshisekedi qu’il accuse de « dictature ». Depuis, ce que Corneille Nangaa n’a pu obtenir par la politique, il essaye de l’avoir par les armes. Ainsi, il s’est greffé aux revendications des négociations du M23 une demande à laquelle Félix Tshisekedi refuse toujours d’accéder, préférant dialoguer avec celui qui parraine la rébellion, le président rwandais, Paul Kagame.

Une rébellion de trop !

Dans un pays où pullulent déjà des dizaines de groupes armés, l’AFC-M23 parait comme une sédition de trop, surtout qu’elle s’avère être la plus nocive et la plus entretenue par le Rwanda et d’autres puissances obscures.

Au regard du parcours de non-violence de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti actuellement aux commandes de l’Etat, d’aucuns pensent que la conquête du pouvoir par les armes est devenue surannée après les efforts d’instauration de la démocratie au pays. « En interrogeant l’histoire politique de notre pays rétrospectivement depuis 44 ans, il sied de nous souvenir de l’exploit des 13 parlementaires d’heureuse mémoire, ayant fait face à la dictature du maréchal Mobutu, dans un contexte monopartite difficile à manœuvrer.», note un analyste.

Selon lui, le pays doit à ces précurseurs de la promotion des libertés publiques, le déclenchement de l’ouverture politique en 1990 avec la conférence nationale souveraine. « Pourtant, les 13 parlementaires auraient pu s’allier utilement aux ex-gendarmes katangais qui ont fait parler la poudre à deux reprises dans l’ex-province du Shaba (l’ancien Katanga). D’abord, en 1977, pendant la guerre de 80 jours, ensuite en 1978 lors de la prise de Kolwezi pendant une dizaine de jours », se remémore la même source. Celle-ci suppose que si, par exemple, Jean-Jacques Mamba avait été élu député parmi ceux proclamés par l’actuel président de la CENI, Denis Kadima, il n’aurait certainement pas rejoint la rébellion. Ainsi, sa décision est de nature à « satisfaire son attitude d’aigri. » Car, poursuit-elle, Jean-Jacques Mamba le sait et Corneille Nangaa encore davantage, « que le M23 ou l’AFC, appelez-le comme vous voulez, n’est pas une rébellion congolaise pour une cause congolaise ».

Il en est autant des moyens militaires derrière lesquels quelques Congolais de souche gesticulent dans cette expédition suicidaire. Pour cet analyste, Corneille Nangaa, Jean Jacques Mamba et toutes les autres recrues laissent les problèmes du pays entiers et en n’apporteront aucune solution en enfilant les treillis rwandais.

Comme au temps de l’AFDL

Avec toutes ces adhésions, le nouveau visage que revêt le M23 ressemble bien à celui qui était de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo [AFDL] de l’ancien président Laurent-Désiré Kabila.

Ce dernier, après avoir emmené sur le sol congolais des Rwandais et des Ougandais, avait fini par comprendre que le pays était placé sous une prédation extérieure. « (…) Les amis rwandais et ougandais avaient découvert un pays au sous-sol bien appétissant et il en a résulté une gloutonnerie qui n’aurait jamais cessé depuis », explique, de son côté, le chroniqueur de 71 ans, le Togolais Jean-Baptiste Placca. La résolution de les faire partir avait précipité le pays dans une insécurité devenue quasiment chronique voici maintenant près de 30 ans.

De ce fait, la date du 17 mai 1997 est perçue, au sein d’une grande partie de l’opinion congolaise, comme le jour où le loup entra dans la bergerie. Aucun Congolais ne peut tolérer aujourd’hui une nouvelle péripétie de contestation brutale comme celle de l’AFDL mélangeant les Rwandais et les Ougandais dans le seul but de pérenniser les pillages des ressources naturelles de la RDC. Si la guerre de l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila était à la limite acceptée, car ayant eu pour but de chasser du pouvoir un autocrate, le maréchal Mobutu, dont le sort n’apitoyait plus personne, celle de Corneille Nangaa, Sultani Makenga, Bertrand Bisimwa et JeanJacques Mamba ne contient pas un alibi solide pour convaincre les Congolais dans leur majorité.

Dans sa conférence de presse tenue depuis la Belgique où il s’est exilé, l’ancien porte-parole du MLC de Jean-Pierre Bemba s’en est pris violemment au président Félix Tshisekedi, dénonçant « le tribalisme, le népotisme, la corruption » et « la parodie » des élections du 20 décembre qui se sont prolongées pendant sept jours.

Mais ces justifications paraissent être inaudibles dans les oreilles d’un grand nombre de Congolais qui ont salué pour la plupart avec effusion la victoire de Félix Tshisekedi lors de la dernière présidentielle. « Pour être clair, aucun observateur averti ne voit l’AFC et le M23 venir renverser le pouvoir à Kinshasa. Le mouvement rebelle est largement impopulaire dans le pays et reconnu cristalliser tous les maux du Congo.

Un rejet abondamment alimenté durant la campagne électorale par le candidat-président Tshisekedi. Il faut dire que les Congolais voient dans l’aventure de l’AFC de Nangaa comme une répétition de l’Histoire avec l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila, qui a plongé le pays dans presque deux décennies de chaos », renchérit également le journaliste français, Christophe Rigaud. Laurent-Désiré Kabila, lui-même, avait constaté que le soulèvement qui l’avait élevé au sommet de l’Etat n’était qu’un « conglomérat d’aventuriers et d’opportunistes ». Et présentement, Corneille Nangaa semble aussi jouer à l’opportunisme en se liguant avec une insurrection militaire dont la nature fondamentale de la prétention est d’ordre ethnique.

Dido Nsapu

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CNSSAP: LE DG JUNIOR MATA FAIT GRIMPER DE 850% LES RECETTES EN FAVEUR DU TRÉSOR PUBLIC

Sous Félix Tshisekedi, les performances enregistrées dans la gestion publique ne sont uniquement pas observables dans lesstructures traditionnellement réputées. A la Caisse nationale de sécurité sociale des agents de l’État (CNSSAP), le Directeurgénéral, Junior Mata, brille de mille feux. Sa gestion s’est distinguée dans l’accroissement des recettes en faveur du Trésor public au point que, pour une première depuis l’opérationnalisation de
établissement en 2017, cette structure a affiché deschiffres impressionnants à la clôture de l’exercice 2023.

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Junior Mata M’elanga, 41 ans, a été porté à la tête de la CNSAAP depuis novembre 2022. Ce jeune banquier et ancien vice-ministre des Finances a su remarquablement transformer cet établissement public chargé d’organiser les prestations de sécurité sociale des travailleurs de l’Etat congolais. Fin 2023, le résultat net de la CNSSAP a explosé à plus de 850%, soit de 28,5 milliards de francs congolais en 2022 à 243,9 milliards de francs congolais l’année dernière.

Excellente contributrice fiscale, la CNSSAP a payé, au titre d’impôts, un montant de CDF 190 millions en 2023 contre CDF 23 millions en 2022, soit une progression de 726%. Quant à la rubrique d’imputation pour amortissements, des dotations de l’ordre de 1,8 milliard de francs congolais ont été constituées en 2023 contre 1,7 milliard de francs en 2022.

En soutien au système financier national, la CNSSAP a disposé des ressources structurelles de CDF 130,8 milliards en 2023 contre CDF 102,3 milliards en 2022, soit un taux de progression de 128 %. La performance de la CNSSAP est également attestée aussi bien par les grandeurs comptables que les ratios prudentiels de gestion.

Selon cet établissement, ces performances financières ont été enregistrées grâce à la réforme initiée par le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. Ces records, précise-t-on, ont été rendus possibles par la conjugaison des efforts du directeur général Junior Mata et de ses équipes autour des objectifs opérationnels, sous l’encadrement de son conseil d’administration et le monitoring de la tutelle, supervisé par le Vice-Premier Ministre, ministre de la Fonction publique, Jean-Pierre Lihau.

Tous ces exploits ont conduit la CNSSAP à accéder au rang de première institution publique certifiée ISO 9001 à l’issue des audits qualité réalisés par l’Association française de normalisation. Celle-ci se définit en tant qu’organisation internationale dédiée à évaluer notamment la qualité des produits et services. Elle a été instituée pour répondre à divers aspects du management de qualité. Ayant maintenu ses scores, en 2024, la validité de son certificat ISO 9001 a été reconduit en janvier dernier. Cette reconduction de la certification est à apprécier comme un gage de sécurité pour les retraités et autres agents publics de l’État.

Ce, dans la mesure où elle consacre le couronnement d’une gestion orthodoxe et prudentielle de leur couverture sociale, avait noté la cellule de communication de la CNSSAP. Les enseignants, les militaires, les policiers, les magistrats nouvellement affiliés ne sont pas laissés pour compte. Leur adhésion à ce nouveau régime de sécurité sociale coïncide avec cette homologation internationale dans ce qui devient dorénavant leur caisse, avait fait remarquer la même source. Ces nouveaux assujettis, poursuit-elle, peuvent ainsi se considérer comme des bénéficiaires à part entière des prestations premium de la CNSSAP.

Entente parfaite avec l’intersyndicale

Grâce à son management, Junior Mata a aussi réussi à instaurer une entente parfaite avec l’intersyndicale nationale. D’ailleurs, le 16 février dernier, une rencontre a réuni des responsables de CNSSAP-INAP et 60 membres permanents de l’intersyndicale nationale de l’administration publique sur le thème de la gouvernance et la gestion du contrôle interne de cet établissement public. Ceux-ci ont été édifiés par les réalisations du DG de la CNSSAP.

Travail honoré !

Comme pour tout travail bien fait, des mérites ne devraient en principe pas manquer. Junior Mata a pu tirer parti de ce devoir de reconnaissance. En novembre 2023, la CNSSAP a été honorée à Lubumbashi, à l’occasion de la soirée de remise des Prix d’excellence dénommée Katanga Awards. La direction de la CNSSAP avait obtenu le Prix de la « bonne gouvernance ». Ceci, en raison de la gestion efficace des fonds de sécurité sociale des agents publics de l’Etat, en guise de témoignage de l’admirable management de Junior Mata. Il sied de rappeler que la Caisse nationale de sécurité sociale des agents publics de l’État est un établissement public à caractère administratif et social qui a été créé pour gérer les prestations de sécurité sociale des agents publics de l’État dans un régime contributif, en République démocratique du Congo.

Heshima

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INVESTI LORS D’UNE CÉRÉMONIE HISTORIQUE TSHISEKEDI DÉVOILE LES PRIORITÉS DE SON NOUVEAU QUINQUENNAT

Le président réélu de la République démocratique du Congo a prêté serment le 20 janvier 2024 à Kinshasa pour un second mandat. Le chef de l’Etat congolais a, dans son speech, égrainé 6 objectifs prioritaires de ce nouveau quinquennat s’engageant à veiller à ce que les erreurs du passé ne se reproduisent plus.

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F élix Tshisekedi, brillamment réélu avec 73,47% des suffrages, a vu grand pour sa prestation de serment. L’homme a choisi le stade des Martyrs de la Pentecôte rempli au maximum de sa capacité de 80 000 places. Dixsept chefs d’Etat africains en fonction, quatre honoraires et des délégations de plusieurs dizaines d’autres pays y étaient présents, pour une cérémonie sous haute sécurité et très protocolaire, avec au rendez-vous fanfare, cavalerie et prières, le tout sous une très grande ovation.

Il s’agit des présidents du Burundi, du Kenya, de la République centrafricaine, du Gabon, de la République du Congo, de la Guinée Bissau, de la République d’Afrique du Sud, de l’Angola, du Tchad, de Sao Tomé et Principe, de Djibouti, du Malawi, du Zimbabwe, de la Zambie, du Sénégal, de la Gambie et du Ghana. 

Les présidents honoraires sont ceux du Kenya, de Madagascar, de la Tanzanie et du Nigéria. Pour des millions de Congolais qui ont suivi la cérémonie à distance, la chaine nationale (RTNC) a innové en filmant en direct le départ du président de la République depuis le Palais du Mont-Ngaliema, dans les hauteurs du camp Lieutenant-colonel Tshatshi, jusqu’au Palais du peuple où le chef de l’Etat a changé de véhicule, optant pour une Toyota décapotée escortée par la cavalerie.

 C’est avec une telle escorte sécurisée dans l’air notamment par des hélicoptères des forces spéciales que Félix Tshisekedi a fait son entrée solennelle au stade des Martyrs de la Pentecôte. « Je jure solennellement (…) de défendre la Constitution et les lois de la République, (…), de maintenir son indépendance et l’intégrité de son territoire », a déclaré devant les juges de la Cour constitutionnelle le président réélu, avant de recevoir les salutations des chefs coutumiers des 26 provinces du pays. « J’ai conscience de vos attentes », a-t-il enchaîné dans son discours d’investiture, faisant allusion notamment au chômage, au pouvoir d’achat, à la situation des jeunes, à la promotion des femmes tout comme des personnes vivant avec handicap et à la cohésion nationale.

6 objectifs prioritaires

Dans son allocution d’investiture, Félix Tshisekedi a esquissé les objectifs prioritaires de son nouveau mandat. Il est question de six axes, à savoir : créer plus d’emplois ; protéger le pouvoir d’achat des ménages en stabilisant le taux de change ; assurer avec efficacité la sécurité des populations et de leurs biens ; poursuivre la diversification de l’économie ; garantir plus d’accès aux services sociaux de base et renforcer l’efficacité des services publics. 

Par rapport à son expérience de cinq dernières années au pouvoir, Félix Tshisekedi semble avoir tiré les leçons qui peuvent l’aider à améliorer sa gouvernance actuelle. « Tirant les leçons de l’expérience passée et tenant en compte vos aspirations, je m’engage pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus », a-t-il promis.

Il a par ailleurs rendu hommage à ses alliés de l’Union sacrée de la Nation au sein de laquelle se trouve l’UDPS, son parti, et il a également adressé un clin d’œil aux candidats de l’opposition, promettant de veiller à ce que le rôle de cette dernière soit effectif lors de ce quinquennat, notamment avec la désignation de son Porte-parole telle que reconnue par la Constitution.

Le chef de l’Etat congolais a aussi épinglé les efforts fournis dans la sécurisation des populations et la défense de l’intégrité territoriale du pays mises à mal, selon lui, par les velléités obscures de certains États voisins, d’acteurs extérieurs ou internationaux avec une complicité « lâche » de certains Congolais.

« En effet, nonobstant votre vigilance, le sacrifice et la bravoure de nos vaillantes forces de sécurité et de défense, les menaces se veulent résilientes. Et pour beaucoup, alimentées par la trahison de certains Congolais qui, sans scrupule, sans la moindre considération humaine et patriotique, s’allient à l’ennemi pour faire couler le sang de leurs propres frères et sœurs Congolais », a-t-il fustigé. 

Félix Tshisekedi a aussi évoqué la préservation de la cohabitation sereine entre les peuples qui, selon lui, constituent un défi à relever pour sauvegarder la cohésion nationale qui ne peut se réaliser qu’au moyen du renouvellement et de la consolidation du « vouloir vivre collectif. Un vouloir vivre collectif où seront bannis les fléaux de la haine, du tribalisme, du clanisme et de toutes les antivaleurs qui aujourd’hui, minent le développement » du pays. 

Comparativement à sa première prestation de serment qui avait officiellement eu lieu le 24 janvier 2019 dans les jardins du Palais de la Nation, lorsqu’il succédait à Joseph Kabila (2001-2018), premier président réélu de la Troisième République, le cérémonial impressionnant du deuxième président réélu n’a pas manqué de s’inscrire dans la symbolique du chiffre 20 qui l’a accompagné tout au long du processus électoral, par celui porté pour sa candidature, la date du vote et enfin celui de son investiture.

Heshima

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