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Accord RDC-Rwanda : l’opposition craint une perte de souveraineté économique du pays

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Après la « déclaration de principes » signée le 25 avril 2025, à Washington, entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, les réactions ne sont pas toujours positives au pays de Lumumba. Une partie de l’opposition craint une cogestion des richesses congolaises avec le Rwanda sous l’égide des Américains. Certains n’hésitent pas à rappeler la position de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, sur le partage des richesses de la RDC avec le Rwanda.

La « déclaration de principes » signée par les deux ministres des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner de la RDC et Olivier Nduhungirehe du Rwanda, contient un certain nombre de points qui donnent un aperçu sur ce que pourrait être le futur accord de paix dont l’ébauche est attendue avant le 2 mai. Dans la déclaration, il est précisé que les participants (RDC et Rwanda) reconnaissent mutuellement leur souveraineté et leur intégrité territoriale respectives et s’engagent à trouver une solution pacifique à leurs différends, fondée sur la diplomatie et la négociation, plutôt que sur la force hostile. Cette déclaration pose également les bases en reconnaissant les frontières territoriales établies et s’engagent à s’abstenir de tout acte ou discours menaçant ou remettant en question leur validité. Mais la plus grande inquiétude des Congolais se situe au niveau des engagements économiques.

Crainte d’une cogestion des richesses

Les deux pays conviennent de promouvoir l’intégration économique régionale notamment dans la gestion des parcs, des ressources minérales et dans le secteur de l’hydroélectricité. C’est ce volet économique qui fait craindre une cogestion des richesses congolaises avec le Rwanda. Ce qui fait bondir Prince Epenge, porte-parole de la coalition LAMUKA de l’opposant Martin Fayulu. « L’histoire retiendra que, pour survivre politiquement, Félix Tshisekedi a accepté d’hypothéquer les minerais, les parcs, les lacs, les gaz, l’or et les terres du Congo, tout cela en 6 ans d’un pouvoir mal acquis. », a-t-il dénoncé. Cet opposant s’est dit favorable au dialogue pour la paix avec le Rwanda mais s’oppose à « la cogestion du Congo ». Pour lui, Kagame a obtenu dans la « déclaration de principes » de Washington ce qu’il n’a pas pu obtenir par les armes au front. « Toutes les sociétés américaines qui viendront, s’installeront au Rwanda, où elles vont créer des emplois, et la RDC deviendra un gros trou d’où l’on extraira les matières premières ! Le peuple doit se lever, car le Congo, terre d’avenir, est menacé », a-t-il lancé.

Pessimisme sur une stabilité pérenne

D’autres Congolais perçoivent dans cet accord de paix en gestation les germes d’une instabilité future. « La signature de cet accord de principes semble plutôt susciter des inquiétudes qu’elle ne rassure quant à l’éventualité d’une paix durable. », a analysé le Professeur Martin Ziakwau, chercheur sur les dynamiques sécuritaires dans l’Est de la RDC. Pour ce professeur à l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (IFASIC), les bases sur lesquelles repose cet accord ne seraient pas établies de manière à garantir une stabilité pérenne, comme l’aspire le gouvernement congolais. Il en veut pour preuve l’insertion du Rwanda dans l’accord économique entre la RDC et Washington. « Il apparaît, en effet, que les USA retourneraient contre la RDC la proposition de compromis sur les minerais que le gouvernement congolais leur a soumise. Ce, en ouvrant une fenêtre propice à des avantages pour le Rwanda, pays agresseur, qui, du reste, n’a pas été sanctionné, ayant une longueur d’avance en matière notamment de sécurité juridique des investissements étrangers et de lutte contre la corruption pour capter plus d’investissements américains dans le cadre de cet accord. », explique ce professeur.

Un débat au Parlement souhaité

Pour préserver la souveraineté économique du pays, Martin Ziakwau recommande un débat au parlement en vue d’examiner attentivement les subtilités de cet accord pour réduire le risque d’une paix illusoire. « Il est prudent que le gouvernement congolais intègre, dans l’accord en gestation, une clause stipulant la nécessité de ratification, afin de favoriser un débat au sein du Parlement. Une telle démarche garantirait non seulement la transparence, mais aussi l’implication des représentants du peuple dans un processus décisionnel crucial pour l’avenir du pays », a-t-il suggéré.

De son côté, le prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege, a exprimé des inquiétudes quant à un accord qui pourrait privilégier des intérêts économiques étrangers plutôt que la paix. Il exige la transparence dans les processus de Doha et la facilitation américaine en cours pour éviter les manœuvres « dictées par des intérêts économiques et financiers étrangers » en RDC.

Washington veut des résultats gagnant-gagnant

Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, qui a parrainé la signature de la déclaration de principes entre la RDC et le Rwanda, évoque des « engagements sérieux » pris par les deux pays. Washington affirme vouloir accompagner ce processus et renforcer ses partenariats avec les deux pays. « Ce sont des engagements sérieux de part et d’autre », a déclaré Marco Rubio, soulignant que les États-Unis souhaitent « favoriser des résultats gagnant-gagnant pour tous ». Le président américain Donald Trump a revendiqué, le 25 avril, sur les réseaux sociaux, son implication dans les récentes avancées diplomatiques entre la RDC et le Rwanda. Trump a salué une étape majeure dans la quête de la paix dans la région, affirmant y avoir contribué activement. « De grandes nouvelles nous parviennent d’Afrique, où je suis également impliqué dans la résolution de guerres et de conflits violents », a-t-il écrit dans un message publié sur sa plateforme Truth Social. Malgré ces assurances, une partie de l’opposition congolaise craint la perte partielle de la souveraineté économique du pays sur ses minerais, parcs nationaux, gaz et lacs. Une inquiétude que le gouvernement devrait prendre en compte dans la finalisation de l’accord de paix en cours d’élaboration avant le 2 mai.

Heshima

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Jean-Marc Kabund : entre tactique politique, audace et précipitation…

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Dans l’arène tumultueuse de la politique congolaise, Jean-Marc Kabund s’impose comme un électron libre, une figure inclassable, à la fois stratège, franc-tireur et provocateur. Tantôt homme d’appareil, tantôt opposant virulent, son parcours épouse les contradictions d’un pays miné par les trahisons, les ambitions et les ruptures. À 44 ans, ce natif de Lubumbashi a démarré sa carrière politique au sein de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), dont il fut l’un des piliers avant d’en devenir l’un des plus farouches critiques.

De son engagement précoce dans l’opposition à sa rupture fracassante avec Félix Tshisekedi, en passant par la prison, la création de son propre parti et son retour dans le paysage politique en 2025, Kabund incarne une certaine idée du militantisme congolais : rugueux, inflexible, et profondément enraciné dans la colère populaire. Son tempérament fougueux, parfois à la limite de l’impulsivité, a forgé sa légende autant qu’il a alimenté ses déboires. De son comportement, comme où il trouait les pneus de véhicules roulant à contre-sens ou lorsqu’il défié la sécurité de la sœur de Félix Tshisekedi dont le véhicule rouler à contre-sens, illustrent un homme prêt à tout pour faire respecter ses principes.

Aux racines de la dissidence : la jeunesse d’un insurgé

Jean-Marc Kabund est né le 3 février 1981 à Lubumbashi, au Katanga, dans un Congo encore dominé par le régime autoritaire de Mobutu Sese Seko. Enfant d’un pays à genoux, il grandit dans une société étouffée par la répression et marquée par la débâcle économique. Il entame des études supérieures à l’Université de Lubumbashi, où il se forme en droit, tout en étant attiré par le discours de contestation porté par Étienne Tshisekedi.

En 2003, alors que la transition post-guerre peine à stabiliser le pays, Kabund s’engage dans l’UDPS. À 22 ans, il choisit le chemin de l’opposition radicale. Très vite, il devient l’un des animateurs les plus visibles des mobilisations contre les fraudes électorales et les violences d’État. Son style direct, son énergie et son langage populaire séduisent la base. « C’était un garçon têtu, mais brave. Il osait ce que beaucoup refusaient de faire », se souvient un ancien militant de l’UDPS à Matete.

L’homme fort de l’appareil UDPS

L’année 2016 marque un tournant. À la faveur de luttes intestines, Kabund est nommé Secrétaire Général de l’UDPS, en remplacement de Bruno Mavungu. À ce poste stratégique, il s’impose comme le maître d’œuvre de la réorganisation du parti. Lorsque Étienne Tshisekedi décède en février 2017, Kabund prend les rênes de la formation en tant que président intérimaire. C’est lui qui orchestre l’arrivée de Félix Tshisekedi à la tête du parti, non sans tensions.

« Il a verrouillé toutes les structures pour faire place nette autour de Félix », confie un ancien cadre du parti. La base le suit, les adversaires internes sont marginalisés. Mais derrière cette loyauté affichée, un ressentiment s’installe. Kabund ne supporte pas d’être relégué à un rôle secondaire alors qu’il estime avoir façonné l’ascension du président. En 2018, il est élu député national pour la circonscription de Mont-Amba à Kinshasa et devient premier vice-président de l’Assemblée nationale, consolidant sa stature politique.

L’ultimatum qui changea tout

Novembre 2018 restera comme le mois où Jean-Marc Kabund redéfinit les règles du jeu politique. Alors que Genève s’apprêtait à sceller l’unité de l’opposition autour de Martin Fayulu, le secrétaire général de l’UDPS lance un coup de tonnerre. Son discours en lingala, martelé dans les rues de Limete, résonne comme une déclaration de guerre contre les accords conclus sans la base. L’ultimatum donné à son président de parti Félix Tshisekedi révèle un Kabund à la fois arrogant, visionnaire et intraitable, capable de sacrifier l’unité de l’opposition sur l’autel de l’ambition partisane. Ce coup de force, s’il offre la présidence à son camp, scelle aussi les divisions qui affaibliront durablement les adversaires de Tshisekedi.

Face à la pression, Félix Tshisekedi se désolidarise de l’accord de Genève. La candidature commune de l’opposition vole en éclats. Kabund assume : « C’était le prix à payer pour préserver notre identité. » Mais le coup est rude pour la cohésion de l’opposition. Martin Fayulu accuse l’UDPS de « trahison historique », et Moïse Katumbi ne cache pas son amertume. Pour beaucoup, Kabund a privilégié la victoire de son camp au détriment d’une transition inclusive.

La coalition FCC-CACH : un mariage sans amour

Après l’investiture de Félix Tshisekedi, un accord est scellé avec le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila. Un pacte de gouvernance imposé par la réalité parlementaire, mais que Kabund n’a jamais digéré. Il qualifie le gouvernement issu de cette coalition de « FCC déguisé », dénonçant une mainmise persistante de Kabila sur les institutions. Dans un élan provocateur, il déclare publiquement que son parti pourrait « pousser Kabila à l’exil et que ce dernier traverserait le fleuve Congo à la nage en direction de Congo Brazzaville » et menaçant de fouiller le passé des dirigeants de l’ancien régime et exposer leurs manœuvres, une menace qui illustre son style combatif.

À Kikwit, en novembre 2020, il explose : « La coalition FCC-CACH se conjugue désormais au passé. Le Congo ne peut plus être l’otage d’un ancien président. » Sa déclaration précède la rupture officielle et les consultations qui mèneront à la création de l’Union sacrée. Une nouvelle fois, Kabund prend de vitesse le chef de l’État. « Il parle sans consulter, comme s’il était co-président », ironise Bertin Mubonzi, cadre de l’UNC. Mais sur le terrain, la base l’applaudit. Kabund a capté le ras-le-bol d’un peuple exaspéré par la paralysie institutionnelle.

Destitution du Palais du peuple : le revers

En mai 2020, Kabund est destitué de son poste de premier vice-président de l’Assemblée nationale, un revers majeur orchestré par le FCC. La destitution est précipitée par un SMS envoyé à un proche de Kabila, dans lequel Kabund critique une parade politique de l’ancien président le 28 avril, perçue comme une tentative d’éclipser Tshisekedi. Irrité, Kabila ordonne aux parlementaires FCC de voter pour son éviction, effective le 25 mai 2020. Malgré les protestations de ses partisans, cette décision marque un tournant, révélant les tensions au sein de la coalition et l’isolement croissant de Kabund.

Jeanine Mabunda : la revanche au Palais du peuple

En décembre 2020, Jeanine Mabunda, présidente de l’Assemblée nationale et figure du FCC, est destituée à la suite d’une pétition soutenue par Kabund. C’est une manœuvre savamment orchestrée, perçue comme une revanche personnelle après sa propre éviction. « Il a fait de cette destitution un combat personnel », commente un député de l’opposition. Pour ses partisans, c’est une démonstration de force : Kabund, même affaibli, a réussi à faire tomber l’un des piliers de Kabila. Cette victoire renforce son aura, mais nourrit aussi l’image d’un homme vindicatif, prêt à défier quiconque se dresse sur son chemin.

La rupture : de fidèle à ennemi du régime

En 2022, le fossé avec Tshisekedi devient infranchissable. Kabund s’en prend directement au chef de l’État, l’accusant d’« incompétence notoire » et de « dérive monarchique ». Il fustige la taxe RAM comme un racket d’État, dénonce les nominations fondées sur le tribalisme et pointe du doigt l’enrichissement de certains proches du président. Il va jusqu’à qualifier Tshisekedi de « danger pour l’État » lors du lancement de son parti, l’Alliance pour le Changement, en juillet 2022.

Son exclusion de l’UDPS, actée en février 2022, résulte de ces critiques et de désaccords stratégiques. Kabund, frustré par son rôle secondaire et par la direction du parti, choisit de rompre avec son camp historique, une décision perçue comme une trahison par certains cadres. Le 19 juillet 2022, il annonce la création de l’Alliance pour le Changement, une formation destinée à incarner « l’alternative éthique ». Dans les jours qui suivent, il est arrêté, poursuivi pour outrage au chef de l’État, et condamné à sept ans de prison en septembre 2023. Pour Amnesty International, il s’agit d’un « cas manifeste d’instrumentalisation de la justice à des fins politiques ».

Une détention qui cristallise

À Makala, Kabund devient une figure de l’opposition incarcérée. Pour ses partisans, il est un prisonnier politique ; pour ses détracteurs, un pyromane en quête de revanche. « Il a franchi la ligne rouge. Quand on touche au sommet, il faut s’attendre à la foudre », commente un ancien conseiller présidentiel. Son absence est un coup dur pour son jeune parti, qui peine à s’organiser. Mais son image ne s’éteint pas. Sur les réseaux sociaux, ses discours circulent, ses anciens propos sont cités, ses portraits brandis dans les manifestations estudiantines.

Le retour en politique : offensive d’un rescapé

Le 21 février 2025, Kabund est libéré, probablement grâce à une grâce présidentielle négociée discrètement. Mais il ne fait aucune concession. Depuis sa résidence de Limete, il déclare : « Le peuple congolais mérite autre chose que la misère, la guerre et le clientélisme. Ce régime a trahi l’espoir. » Il accuse Tshisekedi de favoriser un système tribal, critique les accords miniers signés avec les puissances étrangères, et réclame le retour en RDC de figures exilées. « Il parle comme en 2006. Il n’a pas changé. C’est sa force, mais aussi sa limite », analyse un professeur de sciences politiques à l’Université de Kinshasa.

Un opposant aux marges, mais influent

Aujourd’hui, Kabund évolue en marge des grandes coalitions. Ni membre de Lamuka, ni allié de Moïse Katumbi, il reste seul, un choix stratégique pour incarner une rupture totale. « Il ne croit plus aux compromis », estime un cadre de son parti. Ses messages sur le réseau social X sont massivement partagés, surtout parmi les jeunes diplômés au chômage et les vendeurs du secteur informel. Ses critiques sur l’inefficacité du pouvoir en Ituri et au Nord-Kivu, sur la dollarisation de l’économie ou sur la dépendance aux bailleurs des fonds trouvent un écho dans les couches populaires. Cependant, son discours reste flou sur des questions clés comme la réforme foncière, la fiscalité ou la politique régionale.

Un avenir suspendu entre éclat et isolement

À 44 ans, Jean-Marc Kabund est à la croisée des chemins. Il peut devenir l’un des leaders de l’opposition post-Tshisekedi, à condition de structurer son parti, de nouer des alliances et de se départir de sa posture solitaire. À défaut, il risque de rester une voix isolée, certes puissante, mais sans ancrage électoral. Son défi est clair : transformer la colère qu’il canalise en projet politique crédible. Sa capacité à mobiliser, à parler vrai, à incarner une rupture est réelle. Mais sans appareil solide, sans discours de gouvernance, il pourrait rester cantonné à la contestation. « Kabund est un homme de conviction, mais la politique est aussi un art d’équilibre », note un observateur de l’Union africaine.

Le paradoxe Kabund

Jean-Marc Kabund incarne les tensions d’une démocratie congolaise inachevée. Fidèle à son engagement, mais inflexible. Proche du peuple, mais isolé du pouvoir. Héros pour les uns, provocateur pour les autres, il demeure une pièce maîtresse de l’échiquier politique. Son histoire, marquée par la loyauté, la trahison, le pouvoir, la prison, la gloire et l’oubli, reste celle d’un homme qui a défié les conventions, parfois à ses dépens. À lui maintenant de prouver qu’il peut transcender le rôle de tribun pour devenir une alternative politique solide. Dans un pays où la stabilité reste fragile, sa trajectoire pourrait bien, une fois encore, rebattre les cartes.

Heshima

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RDC : De Kasa-Vubu à Tshisekedi, l’éternel pari de l’union nationale

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[PARTIE 2]

Depuis son indépendance en 1960, la République démocratique du Congo (RDC) s’appuie sur des gouvernements d’union nationale, de salut public ou de transition pour conjurer ses crises les plus graves : rébellions, effondrements économiques, pressions internationales. Ces coalitions, réunissant pouvoir et opposition, émergent comme des tentatives de stabiliser un État miné par des fractures ethniques, politiques, sociales. Mais ces gouvernements, souvent présentés comme des remèdes miracles, répondent-ils aux attentes ? Heshima Magazine, inspiré par l’annonce de Félix Tshisekedi en février 2025 et les consultations menées par Eberande Kolongele, explore cette pratique quasi rituelle, ses dynamiques, ses succès, ses échecs. La première partie, publiée le 23 avril 2025, a retracé les gouvernements d’union jusqu’aux années 1990. Cette seconde partie analyse la transition « 1+4 » de 2003 à 2006, les gouvernements de Matata Ponyo de 2014 à 2017, de Samy Badibanga de 2016 à 2017, de Bruno Tshibala de 2017 à 2019, et l’initiative actuelle de Tshisekedi, en interrogeant leur pertinence face aux défis contemporains.

Transition 1+4 sous Joseph Kabila (2003-2006)

La Seconde Guerre du Congo (1998-2002), surnommée la « guerre mondiale africaine » pour son implication de neuf pays et d’innombrables factions, laisse la RDC dans un état de désolation presque irréparable. Avec un bilan estimé entre 3 et 5 millions de morts – dus aux combats, à la famine et aux maladies –, des millions de déplacés internes et un territoire morcelé entre seigneurs de guerre, milices locales et armées étrangères, la RDC est un État en lambeaux. L’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, le 16 janvier 2001, propulse son fils Joseph, alors âgé de 29 ans, à la tête d’un pays au bord de l’implosion. Inexpérimenté, peu connu et dépourvu d’une base politique solide, Joseph Kabila hérite d’une nation où les richesses minières – or, coltan, diamants – attisent les convoitises des puissances régionales, notamment le Rwanda et l’Ouganda, et des réseaux transnationaux, tandis que la population, épuisée par des décennies de violence et de misère, oscille entre désespoir et méfiance envers toute gouvernance.

Avant la signature de l’Accord global et inclusif à Pretoria le 17 décembre 2002, la RDC est un patchwork de zones contrôlées par des factions rebelles, des milices locales et des forces étrangères, chacune poursuivant des agendas distincts, souvent liés à l’exploitation des ressources naturelles et à des rivalités ethniques ou géopolitiques. L’autorité de Kinshasa, exercée par le gouvernement de Laurent-Désiré Kabila puis de son fils, se limite principalement à l’ouest et au centre, notamment les provinces du Kasaï, du Katanga, fief historique des Kabila, du Bas-Congo et de la capitale. Même dans ces régions, le contrôle est fragile, miné par la corruption, l’absence d’infrastructures et la méfiance des populations. L’Est, riche en minerais stratégiques, est le théâtre d’une anarchie violente. Le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma), soutenu par le Rwanda, domine les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema, ainsi que des parties de la Province Orientale, exploitant illégalement le coltan et l’or tout en imposant une administration parallèle brutale. Le Mouvement de Libération du Congo (MLC), dirigé par Jean-Pierre Bemba et appuyé par l’Ouganda, contrôle le nord, principalement l’Équateur et des portions de la Province Orientale, comme Beni et Bunia, tirant profit du bois et des diamants. Une faction dissidente, le RCD-Kisangani/Mouvement de Libération (RCD-K/ML), soutenue également par l’Ouganda, règne sur l’Ituri, où des conflits ethniques sanglants entre Hema et Lendu font des dizaines de milliers de morts. Dans les Kivus, le Maniema et le nord du Katanga, des milices Maï-Maï, autoproclamées défenseurs des communautés locales, contrôlent des poches de territoire, alternant entre résistance et banditisme. Les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), composées de Hutus rwandais réfugiés après le génocide de 1994, sont actives dans les Kivus, alimentant les tensions ethniques et servant de prétexte à l’ingérence rwandaise. Au Katanga, riche en cuivre et cobalt, le gouvernement maintient un contrôle relatif, mais des tensions séparatistes et des milices locales, comme celles de Gédéon Kyungu, menacent la stabilité.

Politiquement, l’autorité de Kinshasa est quasi inexistante dans l’Est et le Nord, où les administrations parallèles des groupes rebelles collectent des taxes, imposent leurs lois et exploitent les ressources. Économiquement, la RDC est une coquille vide : l’hyperinflation héritée de l’ère Mobutu a anéanti la monnaie, les infrastructures – routes, ponts, écoles, hôpitaux – sont en ruines, et la corruption endémique siphonne les rares ressources de l’État. Les richesses minières, qui pourraient financer la reconstruction, sont pillées par des réseaux transnationaux impliquant des compagnies étrangères, des élites locales et des armées voisines, comme le documente un rapport de l’ONU de 2001 sur le « pillage systématique ». Socialement, le tableau est dramatique : environ 3,4 millions de déplacés internes vivent dans des camps de fortune, fuyant les combats incessants dans l’Ituri, les Kivus et la Province Orientale. Les violences sexuelles, utilisées comme arme de guerre, touchent des dizaines de milliers de femmes et de filles, tandis que les massacres ethniques, comme ceux entre Hema et Lendu, laissent des communautés déchirées. Sur le plan sécuritaire, la prolifération des groupes armés rend toute pacification illusoire. La Mission des Nations unies au Congo (MONUC), déployée dès 1999 avec 8 700 Casques bleus en 2003, est débordée par l’ampleur du chaos, son mandat limité à l’observation et à la protection des civils l’empêchant d’intervenir efficacement contre les milices.

C’est dans ce contexte d’effondrement total que l’Accord global et inclusif, signé à Pretoria le 17 décembre 2002 sous la médiation de l’ONU et de l’Afrique du Sud, tente de mettre un terme officiel à la Seconde Guerre du Congo. Fruit de négociations laborieuses impliquant le gouvernement de Kinshasa, les principaux mouvements rebelles, des factions Maï-Maï, l’opposition civile et la société civile, cet accord instaure, le 30 juin 2003, un gouvernement de transition inédit, baptisé « 1+4 ». Joseph Kabila conserve la présidence, entouré de quatre vice-présidents représentant les principales forces en présence : Abdoulaye Yerodia Ndombasi, loyaliste kabiliste du PPRD ; Azarias Ruberwa, du RCD-Goma soutenu par le Rwanda ; Jean-Pierre Bemba, du MLC appuyé par l’Ouganda ; et Arthur Z’ahidi Ngoma, issu de l’opposition civile non armée. Ce gouvernement, mosaïque d’intérêts divergents, incarne une tentative audacieuse mais fragile de réunifier un pays fracturé. Sa mission est herculéenne : pacifier un territoire vaste comme l’Europe occidentale via un programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des ex-combattants, relancer une économie exsangue, et organiser les premières élections libres depuis l’indépendance en 1960, le tout dans un délai ambitieux de deux ans.

Le « 1+4 » pose des jalons institutionnels remarquables dans un contexte chaotique. Une nouvelle constitution, adoptée par référendum en mai 2005, instaure un régime semi-présidentiel et décentralisé, visant à apaiser les tensions régionales. L’enregistrement de 25 millions d’électeurs, dans un pays où les routes sont souvent des pistes boueuses et l’électricité un luxe, est un exploit logistique orchestré avec l’appui de l’ONU et des bailleurs internationaux. Pourtant, les obstacles s’accumulent. Le programme DDR s’enlise : les ex-rebelles, méfiants envers Kinshasa, rechignent à abandonner leurs armes, et leur intégration dans les Forces Armées de la RDC (FARDC), mal entraînées et sous-équipées, ravive les rivalités, transformant l’armée en une mosaïque de loyautés conflictuelles. Dans l’Est, les violences persistent. Les milices, soutenues en sous-main par le Rwanda et l’Ouganda, exploitent les minerais et sèment la terreur. Les FDLR lancent des attaques dans les Kivus, provoquant des représailles brutales, tandis que les Maï-Maï alternent entre résistance et banditisme. En Ituri, les affrontements entre Hema et Lendu continuent, malgré l’intervention de la MONUC et d’une force européenne temporaire en 2003. La MONUC, aux moyens limités, peine à imposer une paix durable, ses Casques bleus étant parfois accusés de passivité.

Le gouvernement de transition est miné par des tensions internes. Ruberwa, représentant du RCD-Goma, menace de quitter la transition, accusant Kinshasa de marginaliser ses alliés. Bemba, charismatique mais controversé, consolide son influence dans le nord, se positionnant comme un rival direct de Kabila, souvent critiqué pour son style discret et accusé de vouloir prolonger son pouvoir. Kabila doit naviguer entre les pressions des rebelles, les attentes de l’opposition civile et les injonctions des bailleurs internationaux, qui conditionnent leur aide à des avancées démocratiques. Économiquement, la relance bute sur des obstacles structurels. L’insécurité dans l’Est empêche la réhabilitation des mines, tandis que la corruption, incarnée par des contrats opaques avec des compagnies étrangères, détourne les revenus potentiels. L’hyperinflation, bien que ralentie, ronge le pouvoir d’achat, et les infrastructures détruites rendent le commerce intérieur quasi impossible.

Initialement prévues pour juin 2005, les élections sont repoussées à juillet 2006, un retard symptomatique des défis logistiques et des tensions politiques. Financé à hauteur de 500 millions de dollars par la communauté internationale, le scrutin, le premier véritablement démocratique depuis 1960, se déroule dans une relative transparence, malgré des violences sporadiques dans l’Est et des accusations de fraude. Au premier tour, Kabila arrive en tête avec environ 44 % des voix, suivi de Bemba avec 20 %, tandis que Ruberwa et Z’ahidi Ngoma s’effacent. Au second tour, Kabila l’emporte avec 58 % des voix, un résultat contesté par Bemba, qui dénonce des irrégularités. Investi le 6 décembre 2006, Kabila met fin à la transition « 1+4 », marquant un tournant dans l’histoire de la RDC. Cependant, la victoire ne scelle pas la réconciliation. En mars 2007, des affrontements meurtriers éclatent à Kinshasa entre les forces loyalistes et les miliciens de Bemba, faisant des centaines de morts et forçant ce dernier à s’exiler. Dans l’Est, la paix reste un mirage : des groupes comme le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), dirigé par Laurent Nkunda, émergent dans le Nord-Kivu, prolongeant un cycle de violence alimenté par les ingérences rwandaises et les luttes pour les minerais.

La transition « 1+4 » laisse un héritage profondément ambivalent. D’un côté, elle pose les bases d’une démocratie naissante : une constitution, des élections historiques et des institutions embryonnaires voient le jour, un exploit dans un pays où l’État central avait presque disparu. L’enregistrement de millions d’électeurs et la tenue d’un scrutin national témoignent d’une résilience remarquable, soutenue par la communauté internationale. De l’autre, elle échoue à panser les plaies béantes de la guerre. L’Est – Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri – demeure un foyer d’instabilité, où les ingérences étrangères, les luttes pour les ressources et les tensions ethniques alimentent des conflits insolubles. Les institutions, bien que formellement en place, restent fragiles, minées par la corruption, les rivalités factionnelles et l’incapacité des FARDC à imposer un monopole de la violence légitime. Les élections de 2006, saluées comme un pas historique, ne suffisent pas à unifier une nation hantée par ses divisions ethniques, régionales et politiques. La transition « 1+4 » marque la fin officielle de la Seconde Guerre du Congo, mais n’offre qu’une paix précaire, un répit temporaire dans une histoire marquée par la résilience face à un chaos structurel.

Gouvernement de cohésion nationale de Matata Ponyo  (2014-2017)

Au tournant des années 2010, la RDC s’enlise dans une crise multidimensionnelle, conjuguant instabilité politique, insécurité chronique et délitement économique. À l’est, les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu restent des foyers de violence, où des groupes armés comme les ADF-Nalu, les FDLR ou les résidus du M23 défait en 2013 prospèrent dans un climat d’impunité, souvent avec le soutien implicite de puissances régionales. Ces milices, exploitant les richesses minières comme le coltan et l’or, alimentent un cycle de massacres et de déplacements massifs, plongeant des millions de civils dans la précarité. À l’échelle nationale, la population subit les stigmates de décennies de conflits : routes impraticables, écoles et hôpitaux en ruine, et une pauvreté endémique touchant près de 70 % des Congolais. L’État, rongé par une corruption institutionnalisée, peine à asseoir son autorité au-delà de Kinshasa, où les élites s’accrochent à des privilèges indécents. Joseph Kabila, réélu en novembre 2011 dans un scrutin entaché de fraudes massives, dénoncées par l’opposition, les observateurs internationaux et même le Centre Carter, voit sa légitimité contestée. Étienne Tshisekedi, leader charismatique de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), rejette les résultats et se proclame président légitime. Le 23 décembre 2011, dans un geste de défi, il prête serment depuis sa résidence à Limete, encerclée par des forces de sécurité qui l’isolent de ses partisans. Cet acte symbolique, entouré d’une poignée de fidèles, galvanise l’opposition mais attise les tensions, déclenchant des manifestations violemment réprimées à Kinshasa, Lubumbashi et Goma.

C’est dans ce contexte explosif que Kabila initie, en 2013, les Concertations nationales, un forum censé apaiser les fractures politiques et restaurer une cohésion nationale. Ouvertes le 7 septembre 2013 au Palais du Peuple à Kinshasa, ces assises sont placées sous la co-direction d’Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale, et de Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat. Prévues initialement pour 500 délégués, elles réunissent finalement près de 900 participants, issus de la majorité, d’une partie de l’opposition, de la société civile et des autorités traditionnelles. Parmi les partis d’opposition ayant accepté de participer, on note le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, représenté par Thomas Luhaka, alors Secrétaire général, contre l’avis de son parti, ainsi que des formations mineures comme l’Union des forces du changement (UFC) de Léon Kengo et certains dissidents de l’UDPS, bien que le parti de Tshisekedi boycotte officiellement l’événement, dénonçant une entreprise de légitimation du régime. Des personnalités comme François Muamba, ancien cadre du MLC, ou encore Philippe Biyoya, proche de Kengo, jouent un rôle actif dans les débats. Cependant, des poids lourds de l’opposition, comme l’UDPS, l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe et les Forces acquises au changement (FAC) de Martin Fayulu, refusent catégoriquement de s’associer à ce qu’ils qualifient de « dialogue unilatéral » orchestré par le pouvoir. Organisées autour de cinq thématiques : gouvernance, économie, désarmement, conflits communautaires, et décentralisation , les Concertations aboutissent, le 5 octobre 2013, à un rapport final contenant 641 recommandations adressées à Kabila, incluant des appels à une ouverture politique, à la réforme électorale et à la pacification de l’Est.

Ces pourparlers ouvrent la voie à la formation d’un gouvernement de cohésion nationale, présenté comme l’incarnation des résolutions des Concertations. Ce gouvernement, censé fédérer les forces vives du pays, intègre des figures de l’opposition, des partis politiques, de la société civile et même d’anciens rebelles, dans une tentative de projeter une image d’unité. Pour Kabila, l’objectif est clair : consolider un pouvoir fragilisé par les contestations post-électorales, apaiser les critiques internationales et préparer le terrain pour les élections de 2016, tout en neutralisant ses adversaires par leur inclusion. Augustin Matata Ponyo, Premier ministre depuis 2012 et technocrate, est reconduit à la tête de ce gouvernement. Fidèle à Kabila, il doit naviguer dans un gouvernement hétéroclite où cohabitent des poids lourds comme Évariste Boshab, nommé vice-Premier ministre, et des opposants ralliés, tels que Thomas Luhaka du MLC, qui hérite du ministère des Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies. D’autres figures, issues de la société civile ou de courants modérés, complètent cet attelage, censé incarner un consensus national fragile.

L’ambition de ce gouvernement est de restaurer l’autorité de l’État, relancer une économie asphyxiée, promouvoir le développement social et organiser des élections transparentes en 2016, conformément à la Constitution, qui interdit à Kabila un troisième mandat. Sur le plan sécuritaire, la tâche est colossale. Les FARDC, minées par la corruption et un manque chronique de moyens, luttent difficilement contre les groupes armés dans l’Est, où les massacres, comme ceux de Beni (2014-2016), font des centaines de victimes. La MONUSCO, avec ses 20 000 Casques bleus, apporte un appui logistique mais reste critiquée pour son inefficacité face à la complexité des conflits. Économiquement, Matata mise sur la stabilisation macroéconomique, un succès relatif, avec une inflation contenue et une croissance de 7 à 9 % portée par le boom minier mais les contrats opaques avec des firmes étrangères limitent les retombées pour la population. Les richesses du sous-sol, notamment le cuivre et le cobalt, continuent d’alimenter des réseaux mafieux plutôt que le Trésor public.

Malgré son caractère voulu inclusif, le gouvernement s’enlise dans des contradictions internes. Les tensions entre les caciques du régime et les nouveaux entrants, issus de l’opposition, éclatent rapidement, avec des accusations croisées de corruption, d’incompétence et de sabotage. Luhaka, par exemple, peine à imposer son autorité dans un ministère stratégique, tandis que Boshab, pilier du PPRD, est perçu comme un gardien des intérêts de Kabila. Sur le terrain, l’insécurité persiste : les opérations militaires, bien que soutenues par la MONUSCO, ne parviennent pas à démanteler les milices, et les tensions ethniques s’aggravent dans le Kasaï et l’Ituri. Socialement, la grogne monte. Les fonctionnaires, les enseignants et les étudiants, confrontés à des salaires impayés et à des conditions de vie indignes haussent le ton.

Le dossier électoral, censé sceller la réconciliation nationale, devient un catalyseur de crise. Dès 2015, des rumeurs de « glissement » – un report des élections pour prolonger le mandat de Kabila circulent, alimentées par les déclarations ambiguës du pouvoir et un projet de loi controversé présenté par le Ministre de l’intérieur Evariste Boshab. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), accusée de partialité, invoque des contraintes logistiques pour justifier des retards, repoussant le scrutin de novembre 2016 à 2018. Cette stratégie attise la colère populaire. À Kinshasa, Goma et Bukavu, des manifestations éclatent, portées par une jeunesse exaspérée et une opposition revigorée , désormais rejointe par Moïse Katumbi, ancien allié de Kabila passé dans le camp adverse. En septembre et décembre 2016, des heurts sanglants dans la capitale font des dizaines de morts, tandis que l’Union européenne, les États-Unis, l’ONU, accentuent la pression, imposant des sanctions contre des proches du régime.

Le bilan du gouvernement de cohésion nationale est mitigé, oscillant entre espoirs déçus et avancées fragiles. D’un côté, il maintient un semblant de dialogue, intégrant des opposants et stabilisant temporairement le front politique. Les efforts économiques de Matata Ponyo, notamment la discipline budgétaire, permettent une croissance enviable, bien que peu inclusive. De l’autre, les échecs s’accumulent. L’insécurité dans l’Est s’enracine, alimentée par des complicités internes et des ingérences étrangères. La crise électorale, amplifiée par les reports, transforme le gouvernement en un symbole d’immobilisme et de calculs politiciens. Les 641 recommandations des Concertations nationales, bien que louables sur le papier, peinent à se traduire en actions concrètes, reléguées au rang de vœux pieux. En novembre 2016, Matata Ponyo cède sa place à Samy Badibanga dans un climat de crise.

Gouvernement de transition issu de l’accord de la Cité de l’OUA de Samy Badibanga (2016-2017)

À l’approche de décembre 2016, le pays s’enfonce dans une crise politique d’une rare intensité, alors que le second mandat de Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, arrive à son terme sans qu’aucune élection ne soit en vue. La Constitution, qui limite le président à deux mandats, devient un point de fracture : l’absence de scrutin programmé attise les soupçons d’une volonté de Kabila de s’accrocher au pouvoir. Cette impasse déclenche une vague de protestations populaires, particulièrement à Kinshasa, Goma et Lubumbashi, où des dizaines de manifestants entre 50 et 100 selon les rapports de l’ONU, sont tués lors de répressions brutales par les forces de l’ordre en septembre et décembre 2016. L’opposition, rassemblée sous la bannière du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, coalise des figures de poids comme Félix Tshisekedi, héritier de UDPS, et Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga passé dans l’opposition. Cette coalition exige le départ immédiat de Kabila, accusé de manipuler les institutions pour prolonger son règne. Sur le plan économique, la chute des cours mondiaux des minerais, notamment du cuivre et du cobalt, plonge l’État dans une crise budgétaire aiguë, aggravant une pauvreté touchant plus de 70 % de la population. Les investissements étrangers, déjà timides, se tarissent face à l’incertitude politique, tandis que l’inflation galopante érode le pouvoir d’achat. Dans l’Est, les groupes armés ADF, FDLR, milices Maï-Maï défient l’autorité de Kinshasa, malgré les 17 000 Casques bleus de la MONUSCO, dont le mandat reste limité face à la complexité des conflits. Au Kasaï, une nouvelle crise éclate, marquée par des violences ethniques et l’émergence de la milice Kamuina Nsapu, faisant des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés en quelques mois.

Dans ce climat explosif, l’Accord de la Cité de l’OUA, signé le 18 octobre 2016 à Kinshasa sous la médiation de l’Union africaine et de son émissaire Edem Kodjo, cherche à désamorcer la crise. Fruit de négociations laborieuses réunissant la Majorité présidentielle (MP), des partis d’opposition mineurs et des acteurs de la société civile, cet accord reste bancal. Il prévoit la formation d’un gouvernement de transition chargé d’organiser des élections d’ici avril 2018, tout en maintenant Kabila au pouvoir jusqu’au scrutin. Cependant, le texte est rejeté par le Rassemblement, qui le juge trop conciliant envers le régime et dépourvu de garanties fermes sur le départ du président. Parmi les signataires de l’opposition, on trouve des figures comme Vital Kamerhe, président de l’UNC, qui espère tirer parti du dialogue pour renforcer sa stature, ou encore l’opposition républicaine de Kengo. Mais l’absence de l’UDPS et des principaux ténors du Rassemblement prive l’accord d’une assise populaire. Le 17 novembre 2016, après des mois de blocage, Augustin Matata Ponyo, remet sa démission. Contre toute attente, Kabila nomme Samy Badibanga, un dissident de l’UDPS, au poste de Premier ministre. Cette décision sidère l’opposition, notamment Kamerhe, qui s’attendait à un rôle plus central après son implication dans les pourparlers. Badibanga, perçu comme un pion du régime, incarne un compromis fragile, destiné à apaiser les tensions tout en préservant l’emprise de Kabila.

Badibanga forme un gouvernement de transition le 19 décembre 2016, intégrant une trentaine de ministres issus de la MP, de l’opposition signataire de l’accord et de la société civile. Parmi les nominations, on note des figures comme José Makila, de l’opposition modérée, au ministère des Transports, ou encore Emmanuel Ramazani Shadary, un fidèle de Kabila, à l’Intérieur. Cependant, l’absence de représentants du Rassemblement : Félix Tshisekedi, Katumbi ou leurs alliés, prive ce gouvernement de toute légitimité aux yeux de l’opposition radicale et d’une large frange de la population. Des partis mineurs, comme l’Alliance des démocrates pour le renouveau (ADR) ou des dissidents de l’UDPS ralliés à Badibanga, occupent des strapontins, mais leur poids politique reste marginal. La mission du gouvernement est pourtant ambitieuse : stabiliser un pays au bord de l’implosion, organiser des élections crédibles d’ici décembre 2017, relancer une économie asphyxiée et restaurer une cohésion politique dans un climat de défiance généralisée. Badibanga, fort de son expérience de député et de ses réseaux internationaux, promet des réformes rapides, mais son passé controversé et son alignement perçu sur Kabila sapent sa crédibilité.

Les obstacles s’accumulent dès les premières semaines. Le Rassemblement intensifie sa mobilisation, appelant à des journées « villes mortes » et organisant des manifestations, souvent interdites et dispersées par une répression brutale. En janvier 2017, des heurts à Kinshasa et Kananga font une dizaine de morts, accentuant la fracture entre le pouvoir et la rue. Sur le plan électoral, les préparatifs patinent : la Commission électorale nationale indépendante (CENI), accusée de partialité, évoque des défis logistiques, recensement des 45 millions d’électeurs, financement du scrutin pour justifier des retards. Des désaccords sur la mise à jour des listes électorales et les conditions d’un vote transparent paralysent les discussions. Dans l’Est, les violences armées redoublent d’intensité : tandis que la crise du Kasaï s’aggrave, avec des exactions attribuées à la milice Kamuina Nsapu et aux forces de l’ordre, provoquant une catastrophe humanitaire. Économiquement, la dégringolade du franc congolais, qui perd 30 % de sa valeur en quelques mois, et l’effondrement des revenus miniers plongent l’État dans une impasse budgétaire.

Au sein du gouvernement, les tensions éclatent rapidement. Les ministres issus de l’opposition, marginalisés dans les décisions clés, dénoncent l’hégémonie de la MP et l’absence de volonté réelle pour organiser les élections. Badibanga, coincé entre les exigences de Kabila et les pressions internationales, peine à imposer une ligne cohérente. Son gouvernement, qualifié de « patchwork » par les analystes, manque de vision et d’autorité, tandis que la société civile, relayée par l’Église catholique, accuse le régime de jouer la montre. Après seulement deux mois, l’échec du gouvernement devient patent. Un nouveau dialogue, impulsé par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), s’ouvre fin 2016 pour pallier les lacunes de l’Accord de la Cité de l’OUA. Plus inclusif, il réunit le Rassemblement, la MP et la société civile, aboutissant à l’Accord de la Saint-Sylvestre, signé le 31 décembre 2016. Ce texte, plus ambitieux, exige des élections avant fin 2017 et interdit à Kabila de briguer un troisième mandat. Il scelle le sort de Badibanga, jugé incapable de porter cette nouvelle dynamique. Le 6 avril 2017, Bruno Tshibala, autre dissident de l’UDPS, lui succède, mettant fin à un mandat de moins de cinq mois, aussi éphémère qu’inefficace.

Gouvernement de transition de Bruno Tshibala issu du dialogue de la CENCO (2017-2019)

L’Accord de la Saint-Sylvestre, signé le 31 décembre 2016 sous la médiation de la CENCO, ambitionne de conjurer le chaos en traçant une feuille de route ambitieuse : organiser des élections crédibles avant décembre 2017, garantir une transition sans troisième mandat pour Joseph Kabila, et former un gouvernement inclusif réunissant la Majorité présidentielle (MP) et l’opposition. Ce texte, négocié au prix de concessions ardues entre la MP, le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (mené par Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi), et des acteurs de la société civile, incarne un espoir fragile dans un pays où la défiance envers les institutions atteint des sommets. Pourtant, sa mise en œuvre s’enlise rapidement. Les désaccords sur le partage des postes et le calendrier électoral exacerbent les tensions, tandis que des manifestations, portées par une jeunesse exaspérée et relayées par le Rassemblement, sont réprimées dans le sang. Entre janvier et avril 2017, des dizaines de morts environ 40 selon Human Rights Watch sont recensés à Kinshasa, Goma et Kananga, renforçant l’image d’un régime aux abois. Le 7 avril 2017, dans un geste controversé, Kabila nomme Bruno Tshibala, Secrétaire Général de l’UDPS, au poste de Premier ministre. Âgé de 61 ans, Tshibala, est perçu comme un pion du pouvoir, un choix destiné à donner une façade d’opposition au gouvernement tout en marginalisant les ténors du Rassemblement. La CENCO, pourtant architecte de l’accord, critique cette nomination unilatérale, déplorant l’absence de consensus, tandis que Félix Tshisekedi et Katumbi la rejettent catégoriquement, dénonçant une trahison des principes de la Saint-Sylvestre.

Tshibala dévoile son gouvernement le 9 mai 2017, un gouvernement pléthorique de 54 ministres et vice-ministres, mêlant des figures de la MP, des partis d’opposition signataires de l’accord, et des représentants de la société civile. Parmi les nominations marquantes, Jean-Pierre Lisanga Bonganga, transfuge de la Coalition des alliés d’Étienne Tshisekedi (CAET) et proche de l’opposition modérée, devient ministre d’État chargé des Relations avec le Parlement. D’autres figures, comme José Makila Sumanda, ex-membre du Mouvement de libération du Congo (MLC), nommé vice-Premier ministre des Transports, ou encore Emmanuel Ramazani Shadary, fidèle de Kabila, reconduit à l’Intérieur, illustrent la tentative d’équilibre entre factions. Cependant, l’absence des poids lourds du Rassemblement UDPS, UNC de Vital Kamerhe, G7 de Katumbi, ou encore les Forces acquises au changement (FAC) de Martin Fayulu, prive le gouvernement de toute représentativité. Des partis mineurs, comme l’Alliance pour le renouveau du Congo (ARC) ou des dissidents de l’UDPS ralliés à Tshibala, occupent des postes secondaires, mais leur influence reste limitée. À sa formation, la RDC est un pays en lambeaux : politiquement, l’hypothèse d’un troisième mandat de Kabila, bien que constitutionnellement interdit, alimente les spéculations et la méfiance ; économiquement, la chute des prix des minerais (cuivre, cobalt) et une dévaluation du franc congolais de près de 40 % en 2017 aggravent une pauvreté touchant 73 % de la population, selon la Banque mondiale.

Le gouvernement Tshibala doit préparer des élections transparentes pour décembre 2017 (reportées à 2018 par l’accord), stabiliser l’Est, relancer l’économie, et restaurer une cohésion nationale dans un climat de défiance généralisée. Dès son entrée en fonction, Tshibala met l’accent sur le processus électoral, renforçant la CENI, dirigée par Corneille Nangaa, avec un budget de 1,2 milliard de dollars. En novembre 2017, il dépose un projet de loi électorale, adopté dans la controverse après des amendements favorisant la majorité, notamment sur le seuil de représentativité des partis. La CENI lance un recensement électoral chaotique, enregistrant 46 millions d’électeurs dans un pays où les infrastructures sont quasi inexistantes, mais l’introduction des « machines à voter », des tablettes électroniques controversées fournies par une firme sud-coréenne, divise profondément. L’opposition y voit un outil de fraude, tandis que la majorité défend leur utilité logistique. Sur le plan sécuritaire, Tshibala annonce des offensives contre les groupes armés, avec l’appui de la MONUSCO et des FARDC, mais les résultats sont maigres : les ADF massacrent plus de 200 civils à Beni entre 2017 et 2018, et le Kasaï reste un foyer de violence, malgré une accalmie relative fin 2017. Économiquement, le gouvernement tente des mesures d’austérité : réduction des dépenses publiques, contrôle de la masse monétaire, mais l’inflation persiste, et les revenus miniers, grevés par des contrats opaques, profitent peu à l’État.

Les tensions internes au gouvernement éclatent rapidement. Tshibala, critiqué pour son manque de charisme et sa dépendance envers Kabila, peine à fédérer son gouvernement. La société civile, portée par des mouvements comme LUCHA et Filimbi, intensifie la pression, organisant des marches interdites, souvent dispersées par des gaz lacrymogènes et des arrestations. La CENCO, déçue par l’inaction du gouvernement, menace de se retirer du processus, tandis que l’opposition, galvanisée par le retour de Katumbi (bloqué à la frontière en août 2018) et la candidature de Fayulu, accuse Tshibala de complicité dans une stratégie de « glissement » électoral. Les élections, repoussées à plusieurs reprises, se tiennent finalement le 30 décembre 2018, dans un climat de chaos logistique : bureaux de vote fermés à Beni et Butembo pour des raisons sécuritaires, retards dans le dépouillement, et soupçons de manipulations. Le 10 janvier 2019, la CENI proclame Félix Tshisekedi vainqueur avec 38,5 % des voix, devant Martin Fayulu (34,8 %) et Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin de Kabila (23,8 %). Ce résultat, entériné par la Cour constitutionnelle, est dénoncé comme frauduleux par Fayulu, Katumbi, l’Église catholique qui revendique 200 000 observateurs et des rapports internationaux, dont celui de l’Union africaine. Des fuites, comme les « données Piratox », suggèrent que Fayulu aurait remporté plus de 59 % des suffrages. Pourtant, contre toute attente, la transition s’opère sans violence majeure, marquant la première alternance pacifique depuis l’indépendance en 1960.

Tshibala remet sa démission en juin 2019, cédant la place à Sylvestre Ilunga Ilunkamba après des négociations entre Tshisekedi et Kabila, dont la coalition FCC-CACH domine le Parlement. Son mandat de deux ans, bien que ponctué par l’organisation des élections, laisse un héritage controversé. D’un côté, le scrutin, malgré ses irrégularités, met fin à 18 ans de présidence Kabila, un jalon historique dans un pays où le pouvoir s’est souvent transmis par la force. L’instabilité dans l’Est, où plus de 1 000 civils sont tués en 2018, et la crise du Kasaï, qui laisse des cicatrices profondes, témoignent de l’échec sécuritaire. Économiquement, la pauvreté s’aggrave, avec une inflation frôlant 30 % fin 2018, et les libertés presse, manifestations restent sous pression, avec des dizaines de journalistes arrêtés. Le gouvernement Tshibala illustre les limites des compromis politiques sans ancrage populaire, révélant la difficulté de réconcilier une nation fracturée par des décennies de crises. Il laisse une RDC à la croisée des chemins, entre l’espoir d’une nouvelle ère sous Tshisekedi et les défis colossaux hérités d’un système miné par la corruption et la violence.

Une nouvelle union nationale à l’épreuve de l’histoire ?

L’annonce de Félix Tshisekedi, le 22 février 2025, devant les cadres de l’Union Sacrée de la Nation, marque un tournant dans sa présidence. Face à la guerre dans l’Est, où le M23, soutenu par des acteurs extérieurs, contrôle de vastes territoires et menace Goma, Tshisekedi appelle à un gouvernement d’union nationale pour rassembler les Congolais. Cette initiative, mûrie dans un contexte de tensions régionales et de défis internes, insécurité, pauvreté, contestations politiques s’appuie sur des consultations confiées à Eberande Kolongele. Du 24 mars au 8 avril 2025, ce dernier rencontre des leaders politiques, des chefs traditionnels, des acteurs de la société civile, et même des voix critiques de l’opposition, dans une démarche visant à forger un consensus inédit.

Ces consultations, menées avec une discrétion remarquée, ont permis de cartographier les attentes et les divergences des forces en présence. Des figures comme Jean-Pierre Bemba, ou Vital Kamerhe, piliers de la scène politique, ont été approchées, tout comme des représentants des provinces de l’Est, où la crise sécuritaire exacerbe les frustrations. Les discussions ont révélé un défi majeur : comment inclure des opposants sans diluer l’autorité de la majorité, tout en répondant aux aspirations d’une population épuisée par des décennies de crises ? Si les détails de la composition du futur gouvernement restent flous à l’heure actuelle, l’ambition est claire : créer une coalition capable de mobiliser les ressources nationales contre l’agression externe, tout en renforçant la cohésion interne.

Cette démarche s’inscrit dans une longue lignée de gouvernements d’union nationale, mais dans un contexte inédit. La RDC de 2025, bien que toujours marquée par ses fractures, est plus connectée, avec une société civile dynamique et une jeunesse impatiente de changement. Pourtant, l’histoire invite à la prudence. Le gouvernement d’Adoula a stoppé les sécessions, mais n’a pas empêché les rébellions. Les mandats de Tshisekedi en 1991 et 1992 ont succombé à l’obstruction de Mobutu. Birindwa a offert un sursis éphémère à un régime mourant, tandis que Badibanga a échoué à surmonter les divisions. Le « 1+4 » de Kabila a permis des élections, mais laissé l’Est en proie au chaos. Tshibala, malgré une alternance historique, a été terni par des fraudes.

Cette récurrence des gouvernements d’union nationale reflète une réalité brutale : l’incapacité chronique de la RDC à forger un consensus durable dans un État miné par les divisions ethniques, les luttes de pouvoir, et les ingérences étrangères. Chaque coalition, née dans l’urgence, a tenté de panser les blessures d’un pays trop vaste, trop riche, et trop convoité. Mais les succès : réunification sous Adoula, alternance sous Tshibala sont souvent éclipsés par des échecs plus profonds : l’absence de réformes structurelles, la persistance des inégalités, et l’incapacité à pacifier l’Est, un défi qui hante toujours Kinshasa.

Alors que Kolongele a achevé ses consultations, l’initiative de Tshisekedi soulève une question cruciale : ce gouvernement d’union nationale parviendra-t-il à transcender les pièges du passé ? Peut-il mobiliser les Congolais autour d’un projet commun, non seulement contre le M23, mais pour une refonte profonde de l’État ? Ou deviendra-t-il un énième épisode dans une saga de coalitions fragiles, incapables de guérir un pays fracturé ? L’histoire, avec ses leçons amères, suggère que l’unité nationale, si séduisante soit-elle, reste un défi herculéen dans une RDC où les ambitions politiques personnelles et les intérêts étrangers continuent de peser lourd.

Heshima Magazine 

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Nation

RDC : Kaniama Kasese à l’heure de la modernité grâce au Service national

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Après avoir passé des années de léthargie depuis l’assassinat en 2001 de son initiateur, Laurent-Désiré Kabila, le Service national a repris du poil de la bête depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi. De 2019 à ce jour, l’entité décentralisée qui abrite le site principal de ce service subit une transformation sans précédent. Un hôpital ultramoderne est en cours de construction mais aussi une aérogare, des routes et des écoles.

Le commandant du Service national (SN), le lieutenant-général Jean-Pierre Kasongo Kabwik, a entamé des travaux de grande envergure du site principal de ce service rattaché à la présidence de la République, situé à Kaniama Kasese, dans la province du Haut-Lomami. Cette entité, malgré l’arrivée de la décentralisation, n’a toujours pas connu des infrastructures viables pour son développement. Mais grâce au Service national, le territoire de Kaniama connaît des progrès en matière d’infrastructures.

Le lieutenant-général Jean-Pierre Kasongo ambitionne d’avoir un hôpital ultramoderne pour épauler l’armée dans le service d’orthopédie pour les blessés de guerre et soigner également les civils de cette contrée qui ne dispose pas toujours d’un centre de santé de haut standing. « Nous allons nous spécialiser dans l’orthopédie. Il y a plusieurs accidents de travail ici, nous avons des bâtisseurs ici, les gens se blessent, ainsi de suite […] Nous, nous disons nous voudrions donner la chance à ceux de nos compatriotes qui servent sous le drapeau qui ont été blessés sur le champ de bataille, nous voudrions les accompagner, nous les soignons, après nous les réinsérons, nous leurs donnons de semences et de terres », a expliqué le lieutenant-général Jean-Pierre Kasongo.

L’hôpital n’est pas l’unique projet majeur du Service national. Cette structure paramilitaire contre aussi une nouvelle aérogare pour permettre aux avions de se poser dans ce territoire longtemps resté sans développement. Sur place, l’aérogare baptisée du nom de Denis Kalume, le tout premier commandant du Service national sous Laurent-Désiré Kabila, est déjà presque fonctionnelle avec un salon VIP digne de ce nom. À côté de ces infrastructures, d’autres routes qui mènent jusqu’au site du service sont en construction. Le commandant de ce service a prévu également des écoles pour les enfants des bâtisseurs mais aussi pour le reste du territoire. Ces infrastructures constituent un premier pas vers la modernisation de cette entité, jusqu’alors moins exploitée.

La province du Haut-Lomami pourra connaître son essor grâce notamment aux efforts du Service national qui a son principal site dans cette entité.

En 2023, un cheptel bovin de 5 000 têtes était prévu pour être développé sur 18 mois d’élevage. « Et sur 5 ans, nous aurons 20 ou 30 000 têtes. », avait ambitionné son commandant, le général Jean-Pierre Kasongo Kabwik. Cet élevage des bovins en pleine expansion dans cette partie du pays vise à concrétiser la promesse faite par le président de la République aux unités des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC), d’approvisionner leurs cantines également en viande fraîche.

Un service d’encadrement de la jeunesse

Le Service national détient désormais le record du plus grand site agricole de la RDC. En mars 2025, ce service de la Présidence de la République a révélé l’ambition de produire 25 000 tonnes de maïs pour cette saison agricole. La saison précédente, le Service national avait récolté 16 000 tonnes de maïs. Selon le lieutenant-général Kasongo Kabwik, cette production a permis de répondre à la demande dans les zones en crise, évitant ainsi une pénurie de maïs dans les régions du Grand Katanga et du Grand Kasaï, grâce à la ferme agricole de Kaniama Kasese.

Au-delà de l’agriculture, l’élevage est devenu l’autre point fort de cette structure. En 2023, un cheptel bovin de 5 000 têtes était envisagé en 18 mois d’élevage. « Et sur 5 ans, nous aurons 20 ou 30 000 têtes. », avait ambitionné son commandant, le général Jean-Pierre Kasongo Kabwik. Cet élevage des bovins en pleine expansion dans cette partie du pays vise à concrétiser la promesse faite par le président de la République aux unités des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC), d’approvisionner leurs cantines également en viande fraîche.

Connu aujourd’hui pour sa rééducation des bandits urbains appelés « Kuluna », le Service national est un service paramilitaire créé par le Décret-loi 032 du 15 octobre 1997. Cette loi le définit comme un service paramilitaire d’éducation, d’encadrement et de mobilisation des actions civiques et patriotiques en vue de la reconstruction du pays. Comme service paramilitaire, le Service national est une institution qui combine des aspects civils et militaires, selon Jean-Pierre Kasongo. « En 1997, lorsque feu le président Laurent-Désiré Kabila prend le pouvoir, il trouve que le pays avait besoin d’être reconstruit, c’est ainsi qu’il va créer un service qui va s’occuper de la mobilisation de toutes les forces, toutes les énergies des fils et filles du pays en vue de contribuer à la reconstruction », avait-il expliqué à Heshima Magazine.

Parmi les missions du Service national, il y a aussi celle de contribuer à la constitution d’une réserve stratégique dans plusieurs domaines et, principalement, dans le domaine de l’autosuffisance alimentaire. « Il y a une nécessité de constituer des réserves stratégiques, un stock qu’on met à part, en cas de besoin, en cas de crise, en cas de pénurie, on peut aller récupérer quelque chose pour servir la nation », avait-il indiqué.

Après 7 années passées à la tête de ce service, le général Jean-Pierre Kasongo Kabwik a réalisé plusieurs œuvres. Il a multiplié par milliers la production agricole du Service national. Il a ouvert un nouveau site agricole à Lovo, dans la province du Kongo Central. Il a permis l’encadrement des milliers de jeunes désœuvrés appelés « Kuluna » en faisant d’eux des bâtisseurs de la République. À ce jour, certains de ces jeunes modernisent la Maternité de Kintambo, dont les travaux ont été lancés en avril 2024 par le président de la République, Félix Tshisekedi. Ces jeunes sont également dans la fabrication des bancs pour les écoles et universités publiques du pays.

Heshima

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