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Acacia Bandubola : L’interview

Une année après sa nomination à la tête du Ministère de l’économie nationale du premier gouvernement de l’alternance, un portefeuille majeur, Acacia Bandubola Mbongo s’est livrée au magazine Heshima.

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Heshima Magazine : Madame Bandubola, une année après votre entrée au gouvernement, quels sont les actes que l’on peut considérer comme marquants, que vous avez posé en faveur de la population ?
Vous savez, le Ministère de l’Economie Nationale de part ces attributions a notamment la mission stratégique de protéger le consommateur final par la surveillance et le contrôle du marché intérieur. Lorsqu’on parle de consommateur final, c’est en fait la population qui est visée. Ainsi pour garantir
le pouvoir d’achat de cette population nous avons :

  • Redynamisé le Comité de suivi des prix des produits de première nécessité, qui est
    une structure importante de concertation permanente entre les différents acteurs qui
    interviennent dans l’approvisionnement du marché intérieur ainsi que des délégués de
    services et institutions publiques publics et privés. A cet effet, nous avons intégré les représentants des associations des consommateurs afin qu’ils participent aux discussions.
  • Veillé à maintenir l’approvisionnement du pays en produits de première nécessité avant, pendant et après covid-19 pour éviter la surchauffe des prix suite aux velléités de certains opérateurs économiques d’anticiper sur le taux de changes ou de procéder à la rétention des stocks ;
  • Mis sur pied une mission de surveillance du marché ; dans le souci de veiller toujours à sauvegarder le pouvoir d’achat de la population, pendant la période de la pandémie
    de la covid -19.
    Pour ce faire, nous avons effectué plusieurs descentes sur terrain auprès des producteurs
    et importateurs grossistes, pour garantir le niveau des stocks des produits de premières nécessités et ce, toujours au profit de la population, car lorsqu’il y a pénurie des produits essentiels, c’est le consommateur final qui subit la hausse anarchique des prix.

Vous étiez dans le Top 10 du sondage Le Point en juin dernier. En quoi le Ministère de l’Economie a été utile à la Nation, par rapport à l’approvisionnement de marchés congolais, depuis que le coronavirus est entré en RDC ?
Vous savez, moi je ne travaille pas en fonction des sondages mais plutôt avec l’objectif de véritablement contribuer à l’émergence de notre pays, en accompagnant la vision du Chef de l’Etat. Ceci dit, les sondages peuvent constituer une motivation à mieux faire. Le Ministère de l’Economie Nationale, sous le leaderships politique de Son Excellence Monsieur le Président de la République et la supervision de Son Excellence Monsieur le Premier Ministre Chef du Gouvernement, a pris plusieurs mesures en vue d’assurer l’approvisionnement du pays à savoir notamment :

  • Le soutien pour la relance des activités économiques au moyen d’un financement du FPI ;
  • L’exonération des impôts, droits, taxes et redevances sur l’importation et la vente des intrants et produits pharmaceutiques ainsi que sur les matériels et équipements médicaux liés à la pandémie de la COVID-19 durant une période de 6 mois ;
  • Le démantèlement des barrières policières et des postes de contrôle à l’intérieur du territoire;
  • La suppression des taxes illégales et de certaines taxes provinciales sur les produits agricoles ;
  • Les visites d’inspection des principaux importateurs des produits de première nécessité qui a donné la certitude de la disponibilité des stocks conséquents capables de couvrir les besoins nationaux jusqu’à fin août 2020 ;
  • Le lancement de la vente des produits agricoles en provenance de l’intérieur du Pays à des prix abordables.

L’allègement de la procédure de traitement des importations aux points d’entrée de KASUMBALESA,
de MATADI et de KASINDI.

Peut-on aujourd’hui dire que les différents départements du Secrétariat général à l’Economie Nationale fonctionnent bien et dans des bonnes conditions ?
Le Secrétariat général est le bras séculier du Ministre, en ce qu’il m’assiste dans l’accomplissement des attributions prévues par l’Ordonnance n° 020/017 du 07 mars 2020 fixant les attributions des Ministères. La collaboration est bonne ; j’apprécie à juste valeur leur travail. J’attache une grande importance à l’amélioration des conditions de travail de mes agents.


On vous a vu à l’oeuvre pour le réajustement de la structure des prix des produits pétroliers au Sud-Est et au four et au moulin en faveur de la levée de la grève. Pourquoi faut-il toujours attendre les revendications des opérateurs économiques pour agir ?
Les modalités pour réajuster les prix des produits pétroliers sont règlementées et bien connues de toutes les parties prenantes membre du Comité de suivi des prix des produits pétroliers. Il ne s’agit donc pas d’attendre les revendications des opérateurs du secteur, mais nous travaillons en concertation dans un cadre bien précis du comité sus évoqué, Etant l’autorité de régulation des prix je dois y veiller.

Vous avez lancé officiellement en juillet le contrôle économique à travers toute la République.
Que visez-vous en déployant des inspecteurs économiques sur le terrain ? Comment reconnaître les vrais inspecteurs ?

⮚ Faire respecter la législation et la règlementation économique et commerciale par la répression des
infractions économiques auprès des opérateurs économiques ;
⮚ Vérifier l’application du décret de 1er ministre sur la suspension de la TVA ;
Informer, sensibiliser les opérateurs économiques sur leurs obligations et droits vis-à-vis du Ministère de l’économie et les réformes encours initiées dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires ce qui constitue un objectif pédagogique d’une mission.


Depuis la dernière spéculation due à la dévaluation du franc congolais, les prix de produits de consommation sont restés chers alors que la monnaie connait une certaine stabilisation. En quoi consiste le travail du Comité de suivi des produits de première nécessité ?
● Quand on observe une certaine stabilisation du Franc Congolais, le prix ne s’ajuste pas à la baisse, économiquement ça se justifie.
Il y a un temps d’adaptation existant entre le moment de la dépréciation du Franc Congolais et le moment de la baisse des prix, une période pendant laquelle le prix reste rigide (comportement habituelle du marché). Le Gouvernement est en train de mettre tout en œuvre pour que les opérateurs
économiques renouvellent effectivement leur confiance en la politique monétaire de la Banque Centrale.
● Le rôle du comité de suivi des produits de première nécessité est de réguler les prix sur le marché et assurer le suivi du niveau de stock des produits de première nécessité.

La mission primordiale est de s’assurer en dépit de la pandémie de Covid-19 qu’il n’ait pas hausse de prix de denrées alimentaires sur le marché, ce qui peut inquiéter la couche de la population qui vit « au taux du jour », d’où la nécessité pour le Gouvernement par le biais du Ministère de l’Economie Nationale à se pencher sur la question pour que ceux qui vendent les produits de première nécessité ne
puissent pas inquiéter les consommateurs en augmentant le prix sans explications convaincantes.


La FEC dénonce des arrestations et détentions d’entrepreneurs pour raison de paiement de droit et taxes à l’importation en RDC. Qu’en pensez-vous étant donné que vous travaillez avec les opérateurs économiques ?
C’est fort comme accusation. Les opérateurs économiques sont nos partenaires, le rôle de notre ministère n’est pas de les harceler ou les inquiéter. Quand l’opérateur économique est en situation d’illégalité, le cas légal et réglementaire est clair là-dessus. A travers l’arsenal des sanctions administratives et financières ainsi que les amendes transactionnelles.

Vous avez proposé un projet d’arrêté ministériel au gouvernement portant
fixation de la nomenclature des activités et modalités de modification du Numéro d’identification nationale. Quel est l’objectif que vous voulez atteindre ?

Cet arrêté très important vient apporter des innovations en ce qu’il prend en
compte la nouvelle configuration du pays qui était passé de 11 à 26 provinces.
Il était donc nécessaire que le nouveau numéro prenne en compte cette réalité. En outre il fallait se conformer aux nouvelles dispositions de l’OHADA en la matière.

Qui sont appelés à posséder un Numéro d’identification nationale ?
Numéro d’Identification Nationale est attribué à toute personne physique ou morale exerçant une activité commerciale, industrielle, agricole, libérale ou de service sur toute l’étendue du territoire national.

Vous avez été atteinte du coronavirus et vous en êtes guérie. Comment avez-vous vécu cela ?
La COVID-19 existe bel et bien. Ayant été moi-même infectée et ayant perdu des êtres chers de ma propre famille, je pense pouvoir à juste titre, témoigner de son existence. Pour autant, ce n’est pas une fatalité. Il faut demeurer dans l’espérance d’un avenir meilleur. Cette période n’a pas été facile pour
moi et en parler même actuellement, n’est pas aisé. Mais au-delà de tout, il faut rester positif, surmonter les épreuves qui nous atteignent pour en sortir plus fort.

Vous êtes la première femme à occuper la tête du Ministère de l’Economie Nationale en RDC, un pays où la femme est éperdument à la recherche d’un modèle de leadership ou d’épanouissement, comment concevez-vous cela ?
Je lance un message fort à la jeune femme. Le Chef de l’Etat est le premier du reste, à avoir compris que la femme était capable de faire aussi bien, sinon mieux que l’homme. (Rire)

La mise en oeuvre de la gratuité de l’enseignement de base est un message fort lancé à la population.
Envoyez les enfants à l’école, et surtout la jeune fille. La jeune femme doit être décomplexée et croire en elle-même, en ses capacités. Si je peux modestement être pour certaines, un exemple de détermination, cela sera pour moi une joie et un honneur.

HESHIMA MAGAZINE

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Produits alimentaires : l’envolée des prix se poursuit, des Congolais dans le désarroi

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Alors que le Vice-Premier ministre, ministre de l’Économie nationale, avait pris des mesures contre la vie chère en République Démocratique du Congo (RDC), c’est l’effet contraire qui se produit depuis quelques jours sur les marchés des biens de consommation courante. Le lait en poudre, le poisson chinchard ou encore les viandes surgelées connaissent une envolée des prix.

Son panier en plastique soutenu par son avant-bras gauche, l’index droit posé sur sa lèvre inférieure, Pierrette n’en revient pas. Cette mère de cinq enfants, la cinquantaine révolue, écarquille les yeux devant les étalages d’un petit marché à Mbundi-Terminus, un quartier situé à l’ouest de Kinshasa, dans la commune de Mont-Ngafula. « Je reviens d’une chambre froide à quelques pas d’ici, ce ne sont pas les prix que j’avais laissés la semaine passée », déclare-t-elle à Heshima Magazine. Le poisson chinchard de « 20 plus », qui se vendait à 7 000 francs le kilogramme, coûte désormais 11 000 francs. Un kilogramme de poisson salé passe de 18 000 à 22 000 francs.

Cette surchauffe des prix est constatée par plusieurs Congolais, aussi bien à Kinshasa qu’à l’intérieur du pays. Certains, dont les revenus n’arrivaient déjà pas à joindre les deux bouts, sont dans le désarroi. « C’est une érosion de mon pouvoir d’achat. La hausse des prix des biens de consommation et celle des prix des transports en commun nous asphyxient complètement. Pourtant, mon salaire n’a pas bougé depuis plusieurs années en dépit d’une telle inflation », déclare Jean-Pierre Mukendi, un fonctionnaire de l’État.

Une hausse vertigineuse des prix

Dans un communiqué signé le 25 novembre, le Mouvement national des consommateurs lésés (MNCL) constate « avec regret une hausse vertigineuse » des prix des produits alimentaires de première nécessité dans les provinces de Kinshasa, du Haut-Katanga et du Lualaba. Selon cette structure, il y a une augmentation de plus de 89 % sur les prix de certains produits de consommation courante. Le carton de chinchard est passé de 165 000 à 249 200 francs. Un sac de semoule qui coûtait 57 000 francs se vend aujourd’hui à 60 000 francs. Le lait en poudre (Nido) de 2,5 kg passe de 67 800 à 79 680 francs. Les côtelettes de porc, dont le kilogramme se vendait à 10 000 francs, coûtent à ce jour 14 000 francs. Un sac de riz de marque Lion, qui était fixé à 46 000 francs il y a quelques mois, est vendu à ce jour à 69 000 francs.

Le gouvernement peine à baisser les prix

Asphyxié par la montée en flèche des prix, le gouvernement peine à gagner sa bataille contre la vie chère en RDC. En août, le Vice-Premier ministre, ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, avait annoncé une batterie de mesures pour combattre la hausse des prix des produits de première nécessité. Il avait annoncé un allègement fiscal sur les importations de ces denrées pour réduire le coût de ces produits sur le marché. Ces mesures devraient permettre une réduction des prix sur le marché allant de 20 à 25 % en moyenne.

Au moins neuf produits sont concernés par ces mesures d’allègement fiscal, parmi lesquels le lait en poudre, la volaille, le poisson chinchard, l’huile végétale, l’huile de palme, le maïs et le riz. Une autre mesure prévoyait la suppression des barrières illicites qui impactent négativement les prix des biens de première nécessité, ainsi que l’imposition de sanctions aux personnes à l’origine de ces barrières. La Première ministre avait pris un décret pour ces mesures fiscales. Trois mois après, des Congolais constatent toujours la montée des prix sur le marché. Le gouvernement avait menacé des sanctions contre certains hommes d’affaires qui continuent à pratiquer de tels prix malgré l’allègement fiscal. « Il n’est pas exclu que certains d’entre eux soient expulsés du territoire national si nous découvrons des personnes qui s’attèlent à des pratiques qui n’ont pour finalité que de faire souffrir le ménage congolais. C’est une question de l’État qui doit assumer son rôle », avait déclaré Daniel Mukoko Samba.

Les marges de manœuvre du gouvernement semblent être réduites, notamment en raison de la position du pays qui importe la quasi-totalité de ses produits de première nécessité.

Heshima

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Matata Ponyo cogne le FMI : « Il est complice du détournement des fonds publics en RDC »

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Le Fonds monétaire international (FMI) est en discussion avec le gouvernement congolais en vue de la conclusion de deux nouveaux programmes qui pourraient mobiliser jusqu’à 2,5 milliards de dollars. L’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, dénonce la complaisance de cette institution financière, qui, selon lui, ne contrôle ni les critères ni l’argent qu’elle prête à la République Démocratique du Congo (RDC).

Le FMI accompagne-t-il le sous-développement en RDC ?

C’est la conviction de l’ancien Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo. Il explique que cette institution ne devrait pas conclure de revues avec le gouvernement tant que tous les critères conjoncturels ne sont pas respectés. « Dans ce cas, le FMI ne pouvait pas procéder à la revue ni au décaissement des fonds, car les critères n’étaient pas respectés », a-t-il déclaré à la presse.

En 2010, rappelle Matata Ponyo, le FMI n’avait pas conclu de revue avec le gouvernement en raison d’un programme jugé non conforme à la transparence, signé par la Gécamines. Pourtant, le gouvernement de l’époque avait rempli l’ensemble des critères conjoncturels et structurels. « Mais curieusement, aujourd’hui, le FMI, tel un apprenti sorcier, se complaît à débloquer des milliards de dollars qui, malheureusement, sont en partie détournés, alors que les critères sont massivement ignorés, tant au niveau quantitatif que structurel », a-t-il dénoncé.

Trois personnalités congolaises ont adressé une lettre au FMI pour solliciter un audit des fonds décaissés au profit du gouvernement, mais l’institution n’a jamais répondu à cette demande. « Cela signifie que le FMI est complice du détournement », a-t-il conclu. Matata Ponyo affirme avoir rédigé un article où il estime que près de 1,5 milliard de dollars du FMI ont été détournés en RDC. « Le peuple congolais est conscient que le FMI est complice et qu’il accompagne les autorités congolaises dans le détournement des fonds publics », a-t-il ajouté. Selon lui, cet argent détourné aurait pu servir à financer des projets essentiels tels que des bus, des universités, des routes et des écoles.

La dette extérieure explose

Les fonds du FMI, dont une partie est octroyée sous forme de prêts, ont contribué à l’explosion de la dette extérieure du pays au cours des six dernières années. En avril, la Direction générale de la dette publique (DGDP) a rendu publics des chiffres alarmants : la dette du pays a dépassé les 10 milliards de dollars en cinq ans. En 2010, cette dette était passée de 14 à 3 milliards de dollars et était restée stable jusqu’en 2019. En clair, entre 2019 et 2024, la dette a augmenté de 7 milliards de dollars. « La dette a presque doublé. C’est grave, car cela hypothèque l’avenir de nos enfants », a dénoncé Matata Ponyo.

L’endettement continue

En octobre, le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a poursuivi des entretiens avec le directeur du département Afrique du FMI concernant les deux nouveaux programmes : la Facilité élargie de crédit (FEC) et la Facilité pour la résilience et la durabilité (RST). À travers ces deux programmes, le gouvernement pourrait mobiliser jusqu’à 2,5 milliards de dollars, dont 1,5 milliard de dollars sur trois ans au titre de la Facilité élargie de crédit et 1 milliard de dollars pour le programme de résilience et de durabilité. Si ces nouveaux programmes sont conclus, la dette publique extérieure connaîtra une nouvelle hausse. Le gouvernement congolais, qui peine souvent à réaliser un solde budgétaire sans déficit, se mettrait ainsi dans une position encore plus fragile avec un tel niveau de dette extérieure. Pour Matata Ponyo, le FMI se complaît à soigner un malade dont la température ne cesse de monter. « Un faux médecin qui accompagne un malade dont la température ne fait qu’augmenter, c’est dramatique ! », a-t-il réagi.

Le FMI, cible des critiques en Afrique

Depuis une vingtaine d’années, le FMI est régulièrement critiqué sur le continent africain, mais aussi ailleurs. On lui reproche d’être un instrument de soumission des pays du tiers monde, de freiner leur développement, et de les aliéner politiquement et économiquement aux puissances occidentales. Les Assemblées annuelles du FMI, organisées par cette institution du système de Bretton Woods, sont devenues des tribunes de protestation pour les pays africains encore soumis à des programmes avec cette structure. Au Kenya, en juin, lors des manifestations contre une impopulaire loi financière, des manifestants ont également dénoncé le FMI, l’accusant d’être responsable d’un « esclavage des temps modernes » pour les pays du continent.

Heshima

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Cent jours du gouvernement Suminwa: Bilan mi-figue mi-raisin

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Le bilan des cent jours du gouvernement dirigé par Judith Suminwa est nuancé. Si certains ministres se sont illustrés par leur dynamisme, d’autres semblent être restés dans l’ombre, laissant des secteurs importants sans réelles avancées. 

Retour sur les points forts et les faiblesses de cette période clé 

Investie par l’Assemblée nationale le 12 juin, la nouvelle équipe gouvernementale a franchi le cap des 100 jours le 19 septembre 2024. L’heure est au bilan. Les attentes des Congolais étaient à la hauteur des espoirs soulevés par ce gouvernement, mais l’action menée apparaît en demi-teinte. 

Certains ministres, comme Doudou Fwamba, Constant Mutamba ou encore Patrick Muyaya, ont réussi à faire bouger les lignes dans leurs secteurs respectifs. 

Des ministres en action

Doudou Fwamba, ministre des Finances, s’est distingué par sa gestion rigoureuse des dépenses publiques, qu’il a réduites de plus de moitié en seulement 100 jours. Les dépenses sont ainsi passées de 33 % en février à 12 % fin août, tandis que le pays enregistrait un excédent de trésorerie de 164 milliards de francs congolais en juillet-août. Les recettes ont également augmenté, atteignant 6 714 milliards de francs congolais entre juin et août, stabilisant ainsi le cadre macroéconomique.

Quant à l’inflation, elle a été maitrisée depuis plus de six semaines. La transparence dans la gestion des finances publiques a permis de rendre le jour de la paie des fonctionnaires plus prévisible, un changement salué par de nombreux observateurs.  

Le ministre d’État à la Justice et Garde des sceaux, Constant Mutamba, a également marqué cette période par des réformes majeures dans le secteur de la justice. La bancarisation des frais de justice, la remise des véhicules de fonction à la police judiciaire, le désengorgement des prisons et la lutte contre la corruption parmi les magistrats véreux sont quelques-unes des actions ayant rythmé ses 100 premiers jours. 

Patrick Muyaya, ministre de la Communication, Médias, porte-parole du gouvernement, reconduit dans ses fonctions, a quant à lui réussi à moderniser la communication gouvernementale. Il a réorganisé les médias publics et instauré des briefings réguliers pour ses collègues ministres, témoignant de son implication continue.   

Des ministres amorphes

Si certains membres du gouvernement ont brillé, d’autres sont restés amorphes, à l’instar des ministres en charge de l’Agriculture et Sécurité alimentaire, de la Jeunesse et des Affaires sociales. Ces secteurs clés, pourtant essentiels pour améliorer le quotidien des Congolais, n’ont connu que peu de progrès. 

Les attentes restent donc immenses, notamment sur des questions cruciales comme l’emploi, le pouvoir d’achat ou la sécurité. 

Les rapports des vacances parlementaires des députés nationaux et sénateurs confirment d’ailleurs cette inaction. Nombreux sont les députés qui, de retour de leurs circonscriptions, signalent l’absence de réalisations concrètes du gouvernement. 

Ainsi, deux députés, Crispin Mbindule et Gary Sakata, ont adressé des questions, orale et écrite, à la Première ministre, Judith Suminwa, sur la mise en œuvre effective du programme gouvernemental. Dans sa question écrite, Gary Sakata s’interroge notamment sur l’évaluation des six piliers de ce programme et sur les réalisations concrètes dans des domaines comme la sécurité et la gouvernance électorale.

De son côté, Crispin        Mbindule demande combien d’emplois sur les 1 500 000 promis ont déjà été créés et quelles actions phares ont été entreprises pour améliorer l’accès à l’eau, à l’électricité, à la santé et à l’éducation. 

Ce que pense l’opposition…

L’opposition ne manque pas de formuler des critiques sévères. Diomi Ndongala, ancien ministre des Mines, exprime son « désespoir » face à l’absence de pragmatisme de l’exécutif. Il reproche au gouvernement Suminwa d’avoir passé ces trois premiers mois à organiser des séminaires, des ateliers et des états généraux, sans apporter de solutions concrètes aux défis majeurs tels que l’inflation, la dépréciation de la monnaie et la cherté de la vie. 

Certes, la monnaie s’est stabilisée depuis l’arrivée de ce gouvernement, mais cette stabilité est jugée conjoncturelle plutôt que structurelle.   

Hervé Diakese, porte-parole de Ensemble pour la République, estime que les membres de l’Union sacrée de la nation se partagent simplement les avantages du pouvoir comme un butin de guerre, alors que la population continue de souffrir. 

Jonas Tshiombela, coordonnateur de la Nouvelle société civile du Congo (NSCC), dénonce quant à lui une « impuissance » du gouvernement face aux défis diplomatiques, notamment en ce qui concerne la guerre à l’Est. Selon lui, il n’y a rien de concret à relever. 

Malgré l’énergie dépensée par certains ministres, le bilan des 100 jours aurait pu être bien plus favorable si l’ensemble du gouvernement avait fait preuve de la même motivation et d’un engagement plus large. 

Les Congolais attendent désormais des actions concrètes et tangibles pour améliorer leur quotidien.

Hubert MWIPATAYI

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