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Lumumba, Mzee Kabila et E. Tshisekedi immortels

Des bouts de phrase comme « l’indépendance n’est pas un cadeau de la Belgique», « Ne jamais trahir le Congo», « le peuple d’abord» résonnent et continueront à résonner dans les oreilles de la mémoire collective. Le premier renvoie à Patrice-Emery Lumumba, père de l’indépendance de la RDC et premier Premier ministre de la RDC assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga. Le deuxième est une citation de Laurent-Desiré Kabila, tombeur du président Mobutu, assassiné le 16 janvier 2001 dans son bureau du palais de Marbre à Binza (un quartier huppé de la commune de Ngaliema à Kinshasa). Enfin, le troisième a été prononcé par Etienne Tshisekedi, figure emblématique de l’opposition à la dictature de Mobutu. Contrairement aux deux précédents, il est mort d’une embolie pulmonaire à Bruxelles le 1er février 2017. Les trois ont été proclamés héros nationaux. Cependant, quels héritages ces hommes politiques ont-ils légués à la postérité ?

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Le nationalisme

Le travail de Patrice Emery Lumumba dans une société coloniale constitue le déclic. C’est là que le futur homme politique découvre que les matières premières de son pays jouent un rôle capital dans l’économie mondiale, mais aussi que les sociétés multinationales ne font rien pour mêler des cadres congolais à la gestion de ces richesses. Ainsi, il milite pour un Congo uni, se distinguant en cela des autres figures indépendantistes dont les partis constitués davantage sur des bases ethniques sont favorables au fédéralisme. Même le parti politique qu’il crée en 1958 reflète la vision nationaliste dans sa dénomination: le Mouvement national congolais (MNC). Ses différentes rencontres avec les panafricanistes Nkwame Nkrumah, Frantz Fanon à la Conférence d’Accra l’ont façonné.

Le 30 juin 1960, Lumumba improvise un discours qui restera mémorable. Ce dernier intrigue le pouvoir colonial par son nationalisme à outrance. Preuve de l’ancrage de sa doctrine, le MNC remporte largement le scrutin aux élections générales. Fort malheureusement, Lumumba n’a pas eu l’occasion de matérialiser sa vision, il n’a exercé les fonctions de Premier ministre que pendant trois mois et sera par la suite assassiné.

Patrice Emery Lumumba
Laurent Désiré Kabila
Etienne Tshisekedi wa Mulumba

 À l’occasion du 61ème anniversaire de la mort de Lumumba, l’ambassade de la Chine en RDC a rappelé qu’après sa mort, 500.000 personnes avaient manifesté à Pékin pour protester contre son assassinat et soutenir le peuple africain pour l’unité nationale et l’indépendance de leurs pays. Ailleurs également, de nombreuses manifestations ont eu lieu pour protester contre cet ignoble assassinat. Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO) parle d’un véritable visionnaire qui était en avance par rapport aux gens de sa génération tout en rappelant que ses discours sont encore d’actualité aujourd’hui. Le Boulevard Lumumba, la statue érigée en sa mémoire à la place Échangeur de Limete, l’Institut Lumumba (tous à Kinshasa), le stade Lumumba à Kisangani, l’Université Lumumba à Moscou en Russie,… immortalisent l’illustre disparu sans compter d’autres lieux baptisés en son hommage.

Le gouverneur du Haut Katanga Jacques Kyabula a rappelé la nécessité d’achever les travaux de construction du mémorial de Lumumba au village Shilatembo (à 50 km de Lubumbashi sur la route de Likasi) où il a été tué. En dépit de sa disparition, la flamme de son idéologie est restée allumée. Christophe Gbenye, Pierre Mulele, Antoine Gizenga avec son Parti lumumbiste unifié (PALU), Laurent-Desiré Kabila et autres ont repris le relais.

Soldat du peuple

L’esprit révolutionnaire de Mzee Laurent-Desiré Kabila est dû entre autres à ses contacts avec d’autres révolutionnaires à savoir Ernesto Che Guevara et Fidèle Castro. Mzee est arrivé au pouvoir en 1997 avec l’aide du Rwanda et de l’Ouganda. Une fois aux affaires, ce patriote a demandé à ses alliés de faire les valises, une situation mal digérée par ses anciens partenaires. Il en a payé le sacrifice suprême pour son nationalisme.

 Le ministre de l’Industrie Julien Paluku salue la mémoire de Mzee, tombeur du dictateur Mobutu. Le gouverneur honoraire du Nord-Kivu tire la leçon de la révolution de l’AFDL en ces termes :  » tout acteur politique, tout puissant qu’il puisse paraître n’en est un que si cette puissance est transférée au peuple dans son vécu quotidien ». Alain Shekomba Okende, candidat à l’élection présidentielle de 2018 retient du feu président qu’il avait réellement aimé notre pays au point de perdre sa vie pour la sauvegarde de la dignité de son peuple. Le PPRD sur son compte Twitter évoque des guerres qui se succèdent, mais l’âme du soldat du peuple reste éternelle. Jean-Marc Châtaigner, ambassadeur de l’UE en RDC partage son souvenir personnel quand il exerçait les fonctions de conseiller aux affaires africaines de 1998 à 2001. Ce diplomate se souvient de plusieurs venues et discours du président Kabila, du foudroyant et basculement diplomatique et militaire de 1998 et du démarrage de la seconde guerre du Congo.

Etienne Tshisekedi et l’État de droit

Etienne Tshisekedi, c’est plus de trois décennies de lutte dans l’opposition pour l’avènement d’un État de droit. Et cela jusqu’à la mort.

 Le président Félix Tshisekedi est l’incarnation de l’héritage du Sphinx de Limete. Le slogan « Le peuple d’abord » hérité de son père est actuellement au centre de la politique de l’actuel Chef de l’État congolais.

Déjà en 1960, Étienne Tshisekedi est membre du Collège des commissaires généraux, gouvernement provisoire mis en place par Joseph Désiré Mobutu, après un coup d’État, en tant qu’adjoint du commissaire à la Justice, Marcel Lihau. En 1965, il est ministre de l’Intérieur et des Affaires coutumières de Mobutu. Le Sphinx a participé à la rédaction de la Constitution de 1967. La même année, au Conclave de N’sele, il rédige avec Justin Bomboko et Singa Udjuu, le Manifeste de la N’Sele, créant le MPR, qui deviendra plus tard le parti unique.

En décembre 1980, 13 parlementaires dont Tshisekedi adressent une lettre au président Mobutu, dans laquelle ils dénoncent sa dictature. En 1982, il participe à la fondation de l’UDPS. À la suite de cela, il est plusieurs fois emprisonné et subi des persécutions, de même que les autres fondateurs de l’UDPS, dont certains y trouveront même la mort. Il est nommé Premier ministre du 29 septembre au 1er novembre 1991. L’année suivante, en 1992 au mois d’août, il est élu Premier Ministre par la Conférence nationale souveraine jusqu’en février 1993 puis à nouveau nommé au même poste qu’il occupera du 2 au 9 avril 1997.

 Etienne Tshisekedi n’abdique pas. Il continue sa lutte pour l’avènement d’un État de droit sous le régime de Laurent Désiré Kabila. En mars 1998, la commission congolaise chargée de préparer la nouvelle Constitution avait fait savoir que Tshisekedi est déchu de ses droits politiques pour son rôle dans la mort de Patrice Lumumba. À l’issue du Dialogue intercongolais de Sun City en Afrique du Sud, Tshisekedi refuse d’occuper le poste de vice-président réservé à l’opposition non armée. Le leader Maximo appelle au boycott du référendum et des élections de 2006 pourtant considérées aux yeux de certains comme le premier scrutin démocratique de l’histoire de la RDC. Contre toute attente, il décide de participer aux élections du 23 décembre 2011. Joseph Kabila est proclamé vainqueur de l’élection présidentielle. La plupart des organismes locaux et internationaux dénoncent de graves  » irrégularités ». L’opposant revendique la victoire et s’autoproclame président.

Témoignages

Pour le Prof André Mbata, Etienne Tshisekedi aura été un martyr de la démocratie et de l’État de droit, ce que Nelson Mandela représente pour les Sud-Africains. Le plus grand héritage du leader Maximo est l’intégrité selon le ministre des Hydrocarbures Rubens Mikindo Muhima. Etienne Tshisekedi, c’est  » notre icône, notre modèle, l’homme de la constance, dans l’unité et la sérénité » d’après JP Lisanga Bonganga.

 Christopher Ngoyi, activiste des droits humains estime que l’intransigeance de l’homme devrait inspirer les politiciens dans la prise en charge du destin des Congolais. Reprenons la qualification du Prof Mbata:  » Étienne Tshisekedi, immortel à l’instar de Lumumba et Laurent-Desiré Kabila n (Lire aussi pages 40 à 41).

JM MAWETE

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Dialogue de la CENCO-ECC : Les risques d’un échec !

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Après avoir rencontré des acteurs de la crise congolaise aussi bien au niveau local que régional, les représentants de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et ceux de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) élaborent un « Pacte social pour la paix » à proposer aux protagonistes de cette crise. Mais face à des positions toujours diamétralement opposées, cette démarche risque de ne pas porter les fruits escomptés.

Les représentants de la CENCO et ceux de l’ECC ont rencontré, le 12 février 2025 à Goma, le coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo et du M23 (AFC-M23), Corneille Nangaa. C’est dans la perspective d’un dialogue voulu inclusif par ces églises. Mais des voix s’élèvent pour contester cette démarche intégrant un groupe armé ayant causé la mort, fin janvier, de plus de 3000 Congolais dans cette ville occupée depuis par les rebelles. Le tandem CENCO-ECC va-t-il réussir cette rude mission ?

La délégation conduite par Monseigneur Fulgence Muteba, président de la CENCO et André Bokundoa, représentant légal de l’ECC, a été reçue, le 12 février, par les rebelles de l’AFC-M23. Ces prélats disent être encore dans une phase consistant à recueillir les avis des acteurs dans cette crise, y compris ceux de l’AFC-M23. « Nous demeurons dans notre démarche pastorale, nous sommes convaincus de ce que nous voulons faire et nous savons que la majorité des Congolais ne souhaite que la paix, et dans les plus brefs délais. Nous sommes convaincus que l’implication de tout le monde, y compris ceux que nous sommes venus rencontrer ici, est nécessaire pour sortir de cette situation », a déclaré Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO.

Mais la démarche des prélats catholiques et pasteurs protestants ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique et d’une partie de la société civile. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti présidentiel, a fait part, le 11 février, de son opposition à une initiative de dialogue qui intégrerait les rebelles du M23 qualifiés de « terroristes ». Dans une déclaration politique signée par son secrétaire général, Augustin Kabuya, ce parti a exprimé sa désapprobation à l’initiative du dialogue social que prônent les évêques. Tout en privilégiant la cohésion nationale interne, l’UDPS rejette en bloc « toute démarche visant à organiser des négociations politiques en dehors des processus de Luanda et de Nairobi ». Ce parti dénonce une initiative « narquoise » de certains acteurs religieux dont les diverses prises de position « n’ont jamais caché leur antipathie envers les institutions de la République ».

De son côté, le secrétaire permanent de l’Union sacrée de la Nation, plateforme du pouvoir, a abondé dans le même sens. André Mbata soupçonne les prélats catholiques et protestants d’avoir déjà pris des contacts sans attendre un quelconque mandat du président de la République. « Le fameux ‘‘Pacte social’’ proposé par certains est une initiative individuelle de ceux qui avaient déjà pris d’autres contacts ailleurs et qui n’ont pas voulu attendre la position finale du garant de la Nation. Par conséquent, ce projet ne lie ni l’Union sacrée ni sa haute autorité politique », a réagi André Mbata.

L’ODEP monte au créneau

Sortant de sa sphère économique, l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) a rejeté toute forme de dialogue avec les agresseurs, y compris le président rwandais, Paul Kagame. Cette structure de la société civile n’a pas été tendre avec ces prélats catholiques et pasteurs protestants. Dans un communiqué de presse signé par son président du Conseil d’administration, Florimond Muteba, cette plateforme a accusé la CENCO-ECC de collaborer avec l’ennemi, qualifiant le cardinal Fridolin Ambongo de « Maréchal Pétain congolais ». Une allusion faite au dirigeant français de la Seconde guerre mondiale qui avait engagé la France dans la collaboration avec l’Allemagne nazie.

M. Germain Kambinga, président du parti politique, «Le Centre», pense qu’au lieu d’un dialogue, il faut plutôt organiser le système de défense du pays. S’adressant à l’Église catholique et protestante, cet ancien ministre de l’Industrie affirme que le dialogue est pour l’instant inacceptable, craignant un retour de 30 ans en arrière. Ce politicien affirme que cela constituerait même une violation de la Constitution. Ces premiers couacs risqueraient d’entamer la crédibilité de la démarche de ces prélats.

Tshisekedi juge l’initiative louable

Face à cette vague de critiques, le tandem CENCO-ECC s’accroche à ce que Félix Tshisekedi leur avait dit lorsqu’ils lui avaient présenté ce projet de « Pacte social » pour la paix. « Le Chef de l’État a salué et encouragé l’initiative et quand j’entends un autre son de cloche, je crois que ça n’engage que ceux qui ont parlé, les réactions des forces vives que nous rencontrons nous rassurent », a répliqué Donatien Nshole, soulignant que Félix Tshisekedi avait qualifié de « louable » leur initiative de paix. Ces prélats envisagent déjà d’aller plus loin après l’étape de Goma.

Kagame consulté !

Après l’étape de la Belgique où Moïse Katumbi et ses lieutenants ont été consultés, les prélats et les pasteurs ont aussi reçu les hommes de Joseph Kabila, représentés par Raymond Tshibanda, Néhémie Mwilanya et José Makila. Mais une autre étape cruciale était celle de Kigali où la délégation a rencontré le président rwandais, Paul Kagame. Selon Mgr Donatien Nshole, le chef de l’Etat rwandais a encouragé les religieux à tenter une solution pacifique là où les politiciens ont échoué à cause de leurs égos. Les prélats s’étaient également rendus à Nairobi pour rencontrer le président William Ruto, président en exercice de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).

Les risques d’un échec

Après la publication de la tribune signée par Joseph Kabila, il est de plus en plus clair que l’ancien président de la République et la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo, coordonnée par Corneille Nangaa, ne sont pas dans une logique de dialogue. À condition que cela débouche sur la démission de Félix Tshisekedi du pouvoir. Une telle posture ne saurait amener les deux camps vers un dialogue apaisé. Les deux extrêmes accusent aussi une véritable crise de confiance liée à leur deal passé et « non respecté », selon le camp Kabila. Cela fait que la CENCO-ECC ne saurait proposer un accord de paix qui soit respecté par toutes les parties, y compris des puissances extérieures comme Kigali et Kampala. Le camp Tshisekedi et le camp Kabila, aujourd’hui élargi à Moïse Katumbi, ont divisé la sphère politique. Cet antagonisme risque de se résoudre brutalement, par des voies militaires, si un camp ne choisit pas de faire preuve de retenue.

Heshima

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Combats entre FARDC et M23/AFC, La population impactée  par une sévère crise humanitaire   

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La situation humanitaire en République démocratique du Congo (RDC), principalement à Goma, est alarmante à la suite des violents combats qui ont eu lieu en janvier dernier. Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont pris le contrôle de la ville, exacerbant une crise déjà sévère. Près de 3 000 morts ont été recensés par les humanitaires.

Depuis la résurgence de la rébellion du M23, une crise humanitaire frappe la province du Nord-Kivu. Mais depuis la percée fulgurante à Goma réalisée par ces rebelles soutenus par l’armée rwandaise, une grave crise humanitaire affecte la ville. Dans la seconde moitié de janvier, le pire est donc arrivé à Goma. Cette ville de plus d’un million d’habitants a été le théâtre des affrontements meurtriers, fin janvier, entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les miliciens Wazalendo, et les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise.

Plus de 3 000 morts à Goma

Les combats ont entraîné la mort de près de 3 000 personnes et blessé plus de 3 000 autres depuis le 26 janvier 2025. Sur place, dans la ville, les hôpitaux sont débordés. Au moins 2 000 corps ont déjà été enterrés par les communautés. Dans les morgues de Goma, le 4 février, il y avait encore 900 corps, selon les chiffres de l’OMS. De nombreux corps en état de décomposition restent dans certaines zones, notamment à l’aéroport et à la prison de Goma.

Les établissements hospitaliers manquent de fournitures médicales essentielles et peinent à fournir des soins adéquats aux victimes. « Les corps sont en décomposition dans les morgues suite au manque d’électricité », a ajouté le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya. Les containers de la Croix-Rouge internationale ont été pillés, et tous les stocks de médicaments ont été emportés.

La population civile est confrontée à des conditions de vie extrêmement difficiles, avec des pénuries d’eau, d’électricité et de services de base. De plus, environ 4 000 détenus se sont évadés de prison, dont beaucoup sont responsables d’atrocités, exacerbant ainsi l’insécurité dans la ville. Les déplacements massifs de populations fuyant les violences ont conduit à une crise humanitaire majeure. Les camps des déplacés de Kanyaruchinya, dans le territoire de Nyiragongo, sont complètement vides suite à l’occupation de Goma. Certains déplacés 

n’ont eu d’autre choix que de rentrer chez eux, faute de prise en charge par les humanitaires et le gouvernement congolais.

Accès limité à l’aide humanitaire

Occupé par les rebelles, l’aéroport de Goma n’est toujours pas opérationnel. Le coordonnateur humanitaire en République Démocratique du Congo, Bruno Lemarquis, a lancé un nouvel appel à la mobilisation de toutes les parties pour la réouverture urgente de cet aéroport, principale voie d’accès à l’aide humanitaire. « De très nombreux blessés nécessitent des soins urgents, les infrastructures médicales restent débordées, et des milliers de civils sont toujours privés d’assistance vitale », a-t-il détaillé, estimant que l’aéroport de Goma est une « ligne de vie. Sans lui, l’évacuation des blessés graves, l’acheminement des fournitures médicales et la réception des renforts humanitaires sont paralysés ».

Réduction du train de vie des institutions

Le président Félix Tshisekedi a demandé au gouvernement d’accélérer les mesures visant la réduction du train de vie des institutions afin de contribuer à l’effort de guerre. Pour ce faire, le gouvernement préconise, entre autres, la suspension de la mécanisation des agents publics de l’État pour une durée de 12 mois, à l’exception des militaires et policiers. Les fonds générés par ces coupes budgétaires peuvent atteindre plus de 27 692 460 dollars cette année. Ces sommes peuvent être réaffectées dans le secteur de la défense nationale et de la sécurité. Parmi les institutions concernées par la réduction du train de vie figurent notamment le cabinet du président de la République, le gouvernement, le parlement ainsi que les institutions d’appui à la démocratie. Les onze mille cinq cents (11 500) agents qui attendaient d’être mécanisés en 2025 vont devoir encore prendre leur mal en patience. Les députés nationaux, dont les émoluments élevés scandalisaient l’opinion congolaise, sont aussi attendus au tournant pour contribuer à cet effort de guerre.

La CPI suit la situation de près

L’ONU et la Cour pénale internationale (CPI) surveillent de près la situation, exprimant des préoccupations concernant les violations des droits humains et les crimes de guerre. « Le bureau suit les événements actuels de près, y compris la grave escalade de la violence au cours des dernières semaines dans l’Est de la RDC, en particulier à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, et dans ses environs », rapporte un communiqué du bureau du procureur de la CPI. Des rapports font état de violences sexuelles et de meurtres, notamment l’incendie de la prison de Munzenze, où des centaines de femmes ont été tuées. Depuis octobre, le Procureur de la CPI, Karim Khan, avait affirmé que son bureau allait réactiver ses enquêtes en RDC, en particulier sur les crimes perpétrés dans la province du Nord-Kivu depuis janvier 2022. Des crimes essentiellement commis par les rebelles du M23, notamment à Kishishe, dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, où plus de 130 Congolais avaient été massacrés entre le 29 novembre et le 1er décembre 2022.

Heshima

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Pressions internationales contre le Rwanda inefficaces : la RDC condamnée à gérer seule la crise ?

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Des sanctions internationales ciblées contre le Rwanda et ses alliés du M23 pourraient les contraindre à se retirer de Goma, mais elles ne suffiront pas à résoudre durablement la crise sécuritaire qui gangrène l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Face à l’inaction de la communauté internationale et aux violations répétées du droit international par Kigali, Kinshasa est contrainte d’assumer seule sa défense et son avenir, malgré une injustice criante.

Depuis plusieurs mois, la RDC multiplie les appels à des sanctions contre Kigali. De nombreuses réunions ont été convoquées en urgence au Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi qu’au sein des instances africaines et européennes. Pourtant, ces rencontres se sont soldées par de simples condamnations, sans mesures concrètes. Les puissances mondiales – États-Unis, Chine, Russie, Union européenne et même le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres – se limitent à exiger un retrait des forces rwandaises de Goma et la fin des hostilités, sans mettre en place de mécanismes de contrainte.

Or, un simple repli momentané des troupes rwandaises ne suffira pas à garantir une paix durable. L’objectif stratégique de Kigali reste inchangé : exercer un contrôle sur l’Est congolais,  exploiter ses ressources naturelles et comme l’affirment plusieurs experts, s’accaparer d’une partie du territoire congolais pour l’annexer au Rwanda. Les pays occidentaux, quant à eux, continuent de renvoyer Kinshasa au processus de Luanda et de Nairobi, comme si ces cadres de négociation suffisaient à régler une crise enracinée depuis des décennies.

Un contraste frappant avec 2012

L’attitude actuelle de la communauté internationale contraste fortement avec celle adoptée en 2012, lorsqu’une intervention militaire internationale avait permis de chasser le M23 de Goma. À l’époque, sous la pression des États-Unis et notamment d’un appel direct de Barack Obama à Paul Kagame, Kigali avait été contraint de reculer. Aujourd’hui, cette fermeté semble avoir disparu. Le Rwanda, fort de son influence diplomatique et de ses partenariats économiques stratégiques, défie ouvertement les appels au respect du droit international sans craindre de véritables représailles.

Des autorités congolaises déterminées

Face à ce silence complice, les autorités congolaises refusent de rester passives. « Votre silence et votre inaction (…) constituent un affront », a déclaré le président Félix Tshisekedi. Son gouvernement a multiplié les initiatives diplomatiques, jusque-là sans grand succès.

La ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a plaidé devant le Conseil de sécurité pour des sanctions ciblées, incluant le gel des avoirs et l’interdiction de voyager des membres identifiés de la chaîne de commandement rwandaise et de leurs soutiens politiques. Elle a également demandé un embargo total sur les minerais étiquetés comme rwandais, notamment le coltan et l’or, qui financent en grande partie l’effort de guerre de Kigali.

« Jusqu’à quand le Rwanda continuera-t-il d’abuser de votre respect ? Quel instrument international doit-il encore violer pour que ce Conseil prenne enfin ses responsabilités ? », s’est-elle insurgée. Selon elle, l’inaction face aux exactions rwandaises, y compris les attaques contre des militaires sud-africains, malawites et uruguayens déployés en RDC, constitue une trahison de l’esprit de solidarité internationale.

Une réaction timide des «partenaires» occidentaux

Alors que Kinshasa intensifie sa pression diplomatique, seuls quelques partenaires commencent à réagir. L’Allemagne a suspendu une aide au développement de près de 100 millions d’euros en faveur du Rwanda. En revanche, Londres s’est contenté de menacer de mettre fin à son aide, sans passage à l’acte concret.

Le 30 janvier 2025, le Parlement européen a discuté de sanctions concrètes contre le Rwanda, notamment la suspension du mémorandum de coopération signé en février 2024 et l’interdiction d’événements sportifs internationaux prévus dans le pays. La présidente de la délégation Afrique de l’Union européenne, Hilde Vautmans, a exhorté l’UE à suspendre l’accord avec Kigali tant que le régime rwandais poursuivra son ingérence en RDC.

Une insistance congolaise sur des sanctions fermes

Kinshasa continue d’exiger des mesures plus strictes. Le professeur Ntumba Luaba, coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord d’Addis-Abeba, a appelé à des sanctions pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à Goma entre le 26 et le 29 janvier 2025.

Par ailleurs, la RDC demande aux clubs européens – PSG, Arsenal et Bayern Munich – de mettre fin à leur partenariat avec « Visit Rwanda ». Dans une lettre aux dirigeants de ces clubs, la ministre congolaise des Affaires étrangères leur a demandé d’interroger la moralité de ces accords de sponsoring, alors que le Rwanda est impliqué dans un conflit meurtrier. « Votre sponsor est directement responsable de cette misère », dénonce-t-elle.

Un isolement croissant de la RDC

La RDC ne peut que constater l’injustice dont elle est victime au sein des instances internationales. Kinshasa sait qu’elle ne peut compter ni sur l’ONU ni sur ses voisins, parmi lesquels l’Ouganda et le Kenya, dont les liens économiques et stratégiques avec Kigali sont bien établis. Face à cette réalité, le salut du pays repose avant tout sur ses propres forces armées.

C’est dans ce contexte que le gouvernement a lancé une vaste campagne de mobilisation pour le renforcement de l’armée nationale. Le vice-Premier ministre des Transports, Voies de Communication et désenclavement, Jean-Pierre Bemba a entamé une tournée nationale afin d’encourager l’enrôlement massif des jeunes dans les Forces armées de la RDC. Ce mouvement s’inscrit dans une prise de conscience collective : la défense du territoire congolais repose désormais avant tout sur l’unité et la résilience nationale.

Un isolement diplomatique, un réveil patriotique

Si les sanctions internationales contre le Rwanda peuvent offrir un répit à la RDC, elles ne constituent pas une solution définitive. Tant que la communauté internationale se contentera de condamnations sans effet, Kigali poursuivra sa politique expansionniste en toute impunité. Face à cet abandon, Kinshasa n’a d’autre choix que de se préparer à défendre seule son intégrité territoriale. La mobilisation nationale, couplée à une diplomatie plus agressive, pourrait être la clé d’un sursaut stratégique face à l’injustice du système international.

Heshima

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