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Politique

Comment Jean-Marc Kabund est devenu incontournable?

Contre vents et marées, le président intérimaire de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) s’impose comme un véritable faiseur de rois sur la scène politique, mettant souvent sur le carreau ses détracteurs à l’intérieur comme à l’extérieur du parti présidentiel.

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Qui pouvait parier que ce jeune b a r o u d e u r venu du Haut-Lomami, nommé à la grande surprise secrétaire général de l’UDPS en août 2016 par Etienne Tshisekedi, allait devenir moins de cinq ans après, l’une des personnalités les plus influentes de la scène politique congolaise? Devenir à seulement 35 ans la deuxième personnalité du parti phare d’opposition dans une période politique aussi décisive (on était à quatre mois de l’expiration du deuxième et dernier mandat du président sortant Joseph Kabila, sans aucune assurance de la tenue des élections dans le délai) est loin d’être un cadeau.

Il fallait donc plus rapidement faire ses preuves alors que son prédécesseur, Bruno Mavungu était jugé complaisant si pas mou pour mener le combat de la contestation. Et Kabund n’a pas loupé l’occasion de s’affirmer, incarnant une aile dure ponctuée d’un discours cru contre le régime de Kabila. Les combattants apprécient et l’adoptent plus rapidement.

Premier test

Kabund réussit son premier grand test de mobilisation un mois après, un certain 19 septembre 2016, lors de la marche de l’opposition exigeant la convocation du corps électoral. L’UDPS paie le plus lourd tribut lors de ces manifestations qui ont fait des dizaines de morts. La nuit de la manifestation, son siège de Limete 11 ème rue est attaqué par un commando, brûlant vifs des combattants à l’intérieur du bâtiment. Après avoir boycotté les discussions de la cité de l’UA entre le pouvoir et l’opposition, conduites par le Togolais Edem Kodjo et ayant abouti à la nomination de Samy Badibanga (président du groupe parlementaire UDPS et alliés) comme Premier ministre, l’UDPS accepte enfin de participer au dialogue du Centre interdiocésain sous la modération des évêques catholiques. Avec Félix Tshisekedi et Valentin Mubake, Jean-Marc Kabund représente la délégation du parti. Mais l’accord de la Saint Sylvestre souffre de son exécution. L’UDPS refuse la condition de proposer trois noms au poste de Premier ministre.

Le 1er février 2017, coup de tonnerre : Etienne Tshisekedi décède à Bruxelles. Le parti reste orphelin. C’est le moment que choisi le pouvoir pour semer la division, en débauchant encore un autre cadre, Bruno Tshibala, fraichement sorti de prison depuis son arrestation à la suite des évènements du 19 septembre 2016. « On savait que Tshibala fréquentait, à partir de la prison, les gens du pouvoir », nous confiera Augustin Kabuya, alors secrétaire général adjoint chargé de la communication. Lui, Kabund et Félix Tshisekedi restent fidèles à la ligne dure du parti et préfèrent se réorganiser à l’interne en vue des prochaines échéances.

Nouvelle légitimité

 Mars 2018, le parti organise son premier congrès de l’histoire qui aboutit à la désignation de Félix Tshisekedi comme président national en remplacement de son père décédé. Fatshi va reconduire Jean-Marc Kabund comme secrétaire général, douchant ainsi les espoirs de ceux qui ne voulaient plus le voir à ce poste. C’est une nouvelle légitimité qui va donner des galons à l’ancien président de la fédération de l’UDPS Kamina. Félix Tshisekedi remporte la présidentielle de 2018. Devenu chef de l’Etat, il doit pouvoir prendre congé de son poste de président national du parti. L’article 26 des statuts de l’UDPS stipule qu’en cas de décès, de démission, d’interdiction d’exercer ou d’empêchement définitif du président du parti, un directoire composé de trois personnalités, à savoir le président de la Convention démocratique du parti (CDP), le président de sa Commission électorale permanente (CEP) et le secrétaire général assument un intérim collégial avant l’organisation d’un congrès sous trente jours.

L’intérim contesté

Mais Félix-Tshisekedi prend tout le monde à contrepied. Il confère un mandat spécial à Kabund comme président intérimaire du parti. Le parti est divisé entre ceux qui saluent un acte politique nécessaire, le président voulant laisser le parti entre les mains d’un fidèle et ceux qui dénoncent une violation des textes sans toutefois s’attaquer au nouveau chef de l’Etat.

Victor Wakwenda Bukasa, président de la CDP, et Jacquemin Shabani, président de la CEP et ancien secrétaire général du parti, ne supportent pas cette situation. Mais leurs voix ne portent pas face à ce qu’il convient de considérer comme la volonté de l’autorité suprême, Félix Tshisekedi. « Jean-Marc Kabund se sert du mandat spécial qui viole les textes au mépris des Statuts et Règlement d’ordre intérieur, il use et abuse de ses attributions au point de réduire le parti à un cercle des clients et des fanatiques inscrits dans la logique de gangstérisme politique », rebondit Victor Wakwenda dans un communiqué daté du jeudi 20 mai. Tout le monde croyait pourtant à une accalmie trouvée avec la nouvelle hiérarchie du parti constituée du tandem Kabund-Kabuya. Rien de tout cela. Wakwenda est allé même loin jusqu’à accuser Kabund d’une démarche tendant à « écarter le Président Félix Tshisekedi avec l’intention de se positionner utilement pour les échéances de 2023 ».

Union sacrée

Ces accusations peuvent elles mettre Kabund en difficulté face à Tshisekedi ? Difficile de le croire, tant le premier-vice-président de l’Assemblée nationale continue de bénéficier de la confiance du chef de l’Etat.

En décembre 2020, il était celui qui a jeté le pont pour la traversée de l’écrasante majorité des députés vers l’Union sacrée de la nation, la plus grande victoire politique de Félix Tshisekedi sur son prédécesseur Joseph Kabila et sa machine politique, le FCC. Chef d’orchestre dans la déchéance du bureau Mabunda qui a conduit à la destitution de Sylvestre Ilunkamba et plus tard à la démission du bureau Thambwe Mwamba au Sénat, Kabund est présenté aujourd’hui comme celui qui a matérialisé sur le terrain l’union sacrée. Il en a profité pour se venger de sa destitution en mai 2020 au poste de premier vice-président après une sortie médiatique contre la tenue d’un congrès pour autoriser l’état d’urgence sanitaire décrété par le chef de l’Etat. Preuve que le rapport de force a depuis changé, les mêmes députés qui l’ont descendu de son piédestal, l’ont réélu à ce même poste dans l’actuel bureau Mboso.

Celui qui était déjà le chef de la délégation de CACH lors des discussions avec le FCC en 2019, a encore pesé dans le processus de désignation des membres de la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par Sama Lukonde. Beaucoup l’ont même accusé de former, autour de quelques députés, une équipe gouvernementale parallèle à imposer à Sama Lukonde. Une chose est pourtant vraie : Kabund a parrainé la nomination de plusieurs ministres de ce gouvernement, surtout ceux venus de l’UDPS.

 Le président intérimaire de l’UDPS est devenu dans un laps de temps un véritable faiseur de rois sur la scène politique, mettant souvent sur le carreau ses détracteurs à l’intérieur comme à l’extérieur du parti présidentiel. Aujourd’hui, seul Félix Tshisekedi pourrait remettre en question l’influence acquise par JeanMarc Kabund dont la carrière politique pourrait se résumer à un conte de fées.

 Socrate Nsimba

Politique

Présidentielle 2023 : l’opposition va-t-elle tenir face au pouvoir ?

A près de 6 mois de la tenue des élections en République démocratique du Congo, l’opposition recherche encore ses marques. Après la coalition de quatre opposants pour mener des actions communes, la question majeure reste à savoir si elle peut faire le poids face au régime.

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La République démocratique du Congo doit élire son président le 20 décembre 2023. L’actuel président Félix Tshisekedi est candidat à sa propre succession. Du côté de l’opposition, quatre candidats sont déclarés. Comment s’organise l’opposition en amont du scrutin ? Quatre opposants ont décidé, le 14 avril dernier, de s’unir « pour mener des actions communes en vue d’obtenir l’organisation dans les délais constitutionnels d’élections transparentes, impartiales, inclusives et apaisées. » Il s’agit de l’ex-candidat à la présidentielle de 2018 Martin Fayulu (EciDé, ou Engagement pour la citoyenneté et le développement), l’ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi (Ensemble pour la République), l’ancien Premier ministre Augustin Matata (LGD, ou Leadership et gouvernance pour le développement) et le député national Delly Sesanga (Envol de la RDC). 

Cette opposition a mobilisé la rue, le 20 mai, à Kinshasa, pour montrer qu’elle est aussi vigilante, qu’elle va aussi occuper le terrain dans cette période préélectorale. Les quatre leaders pensent qu’ils ne sont pas d’accord avec ce qui est en train de se passer. « Ils essayent de montrer qu’ils ne vont pas accepter n’importe quelle posture électorale », a récemment expliqué Bob Kabamba, professeur des Sciences politiques à l’Université de liège qui suit de près la politique dans les Grands lacs.

Mais ce quatuor de l’opposition risque d’avoir du plomb dans l’aile et ne pas tenir tête au régime comme souhaité. Les derniers événements sur l’arrestation du bras droit de Moïse Katumbi (Salomon Kalonda) laissent entrevoir un éventuel anéantissement de ce candidat président de la République.        

Déjà après les perquisitions menées, jeudi 8 juin, par les renseignements militaires dans les résidences de Katumbi et Salomon Kalonda, son parti accuse Félix Tshisekedi « d’harcèlement politique » contre son président national, dans un communiqué le même jour. « Jusqu’au moment où nous faisons cette communication, personne n’a pu nous dire de quelle infraction Moïse Katumbi est présumé l’auteur », a déclaré Dieudonné Bolengetenge, secrétaire général du parti Ensemble pour la République. 

Ce dossier d’atteinte à la sureté de l’Etat dont est accusé ce proche de Katumbi et par ricochet Moïse lui-même risque de fragiliser la coalition de circonstance formée par ces quatre leaders de l’opposition. Reste à savoir comment le reste des personnalités de l’opposition vont se comporter, notamment Joseph Kabila qui mène une opposition silencieuse à Félix Tshisekedi. L’ancien Raïs aurait, selon le média Africa Intelligence, critiqué la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la Cour constitutionnelle, incapables à ses yeux d’organiser un scrutin crédible au mois de décembre 2023. Lui qui considère Félix Tshisekedi comme un « dictateur à vaincre » aurait saisi quelques capitales africaines pour évoquer la situation en RD. Congo.   

Une autre personnalité, un outsider qui peut bouger les lignes, c’est le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege. Mais l’homme a pris un peu de recul vis-à-vis des politiques depuis sa déclaration commune faite avec Martin Fayulu et Augustin Matata Ponyo sur la mauvaise gouvernance du pays. 

Du côté du régime par contre, Félix Tshisekedi, candidat déclaré à sa succession de longue date, envisage de briguer un deuxième mandat à la tête du pays. Le 29 avril, ses partisans se sont rassemblés au stade des Martyrs de Kinshasa pour la présentation de la coalition électorale du président sortant. Celle-ci, nommée « Union sacrée de la nation », rassemble la majorité mise en place par Tshisekedi en 2020, lorsqu’il a renversé la majorité constituée autour de son prédécesseur, Joseph Kabila, après deux ans de co-gestion du pouvoir par les deux hommes.

Heshima   

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Politique

Dossier Salomon Kalonda : le spectre se rapproche de Katumbi

Le conseiller politique de Moise Katumbi a été arrêté par l’état-major des renseignements militaires, ex-DEMIAP, depuis le 30 mai 2023. L’homme est accusé, entre autre, d’atteinte à la sureté de l’Etat. Seulement, son dossier se rapproche un peu plus de son mentor.

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Les maisons de Moise Katumbi à Kinshasa ainsi que de son conseiller politique, Salomon Idi Kalonda, à Lubumbashi, ont été perquisitionnées le jeudi 8 juin en l’absence de leurs propriétaires. Cette opération a été menée par des éléments de l’état-major des renseignements militaires. « Ils sont sortis les mains vides. Ils n’ont rien trouvé, ils ont fouillé de fond en comble… L’honnêteté nous pousse à dire qu’ils n’ont rien trouvé… », a déclaré à Top Congo FM l’un des communicateurs d’Ensemble pour la République, Francis Kalombo.                 

Pour la résidence de Moïse Katumbi située au quartier GB, à Kinshasa, les forces de l’ordre ont pris comme témoin une voisine de l’ancien gouverneur du Katanga afin de mener cette perquisition. Pour un activiste des droits de l’homme, cette opération est « amplement irrégulière » en l’absence du propriétaire du lieu ou de son mandataire spécial.          

« Les perquisitions que les agents de renseignements militaires conduisent actuellement dans les résidences de Moise Katumbi (à Kinshasa) et Salomon Idi Kalonda (à Lubumbashi) en absence de ces derniers et leurs mandataires spéciaux, sont amplement irrégulières », estime Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ).  

Arrêté sur le tarmac de l’aéroport international de N’djili, le 30 mai à Kinshasa, Salomon KalondaDella est toujours détenu par les services de renseignements militaires. D’après le lieutenant-colonel Kangoli Ngoli Patrick, conseiller juridique de l’état-major des renseignements militaires, le conseiller politique de Moïse Katumbi était porteur d’une arme à feu lors d’une manifestation de l’opposition. Il est également accusé d’être en relation avec le M23 et le commandement militaire rwandais. Dans un message sur Twitter, le 7 juin, Augustin Matata Ponyo a revendiqué l’arme attribuée « faussement » à Salomon Kalonda. Pour cet ancien Premier ministre passé à l’opposition, le « pistolet Jéricho » appartient à son garde du corps qui l’a perdu lors du sit-in du 25 mai organisé par l’opposition sur le Boulevard du 30 juin.   

Cette revendication n’a pas épargné le camp Katumbidont les résidences du leader et de son bras droit viennent d’être perquisitionnées. Les renseignements militaires visent-ils Moïse Katumbi dont Salomon Kalonda n’est qu’un homme à tout faire ? A l’approche des élections, plusieurs analyses se penchent vers l’hypothèse d’une arrestation « politique ». Car le spectre du dossier de Salomon Kalonda ne fait que monter vers son leader, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle du 20 décembre 2023.     

Si pour ce processus électoral Moïse Katumbi a pu passer le cap de l’enrôlement, le chemin vers la présidentielle de décembre semble encore parsemer d’embuches.

Heshima

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Politique

Que reproche l’opposition à la Loi sur la répartition des sièges adoptée à l’Assemblée nationale ?

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Martin Fayulu, Delly Sesanga, Moïse Katumbi, Matata Ponyo, y compris Joseph Kabila n’accordent toujours pas de crédit au processus électoral en cours. Si la caravane électorale a suffisamment évolué avec la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le péché originel reproché par l’opposition reste d’actualité. Selon Africa Intelligence, ces dernières semaines, Joseph Kabila a dépêché une poignée d’émissaires dans plusieurs présidences africaines pour évoquer l’élection de 2023. L’ex Raïs continue de pointer du doigt la CENI de même que la Cour constitutionnelle, incapables, selon lui, d’organiser le scrutin et de garantir un processus équitable.    

Ce reproche d’ordre général, le reste de l’opposition le fait aussi. Mais au regard de l’évolution du processus électoral, Martin Fayulu et les autres opposants adaptent leurs revendications à l’avancée de ce processus électoral. En l’occurrence, la Loi sur la répartition des sièges votée par plus de trois cents députés ayant pris part à cette séance plénière du 5 juin. Bien avant ce vote, Fayulu avait prévenu les élus. L’ancien candidat à la présidentielle du 30 décembre 2018 a appelé l’Assemblée nationale à s’abstenir de voter ce projet de loi portant répartition des sièges par circonscription électorale pour les élections législatives et provinciales. 

« J’exhorte l’Assemblée nationale de la RDC à s’abstenir de voter la loi sur la répartition des sièges, basée sur un fichier fabriqué par M. Kadima. Les élections doivent se faire sur base d’un fichier fiable. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il ne faut pas jouer avec le feu », avait lancé Martin Fayulu. Ce dernier reproche à cette loi d’être bâtie sur un fichier électoral non fiable. Le président de l’ECiDé pense que ce fichier doit être revu et audité par une institution internationale réputée avant son adoption par les députés nationaux.

Il en est de même pour les autres leaders de l’opposition qui exigent des correctifs pour adapter le processus aux exigences constitutionnelles et légales de transparence, d’impartialité, de liberté et d’inclusivité. Ce projet de loi adopté est actuellement au Sénat pour seconde lecture. Dans le même temps, du côté de la CENI, les choses s’accélèrent. Cette institution d’appui à la démocratie a lancé la formation des agents pour être affectés aux bureaux de réception et de traitement des candidatures. 

Heshima

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